Chambre d'agriculture
Quels essais menés dans le vignoble ?

Christopher Levé
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À Beine, Chablis et Poilly-sur-Serein, des essais viticoles sont menés par la Chambre d'agriculture de l'Yonne. Tour d'horizon de ceux-là. 

Chambre
À Poilly-sur-Serein, des essais de couvert avec du trèfle, de la féverole et du seigle sont faits sur une parcelle du domaine Moreau et Fille (ici Baptiste Moreau avec Mathilde Civet).

Depuis un an, la Chambre d’agriculture de l’Yonne travaille sur le changement climatique et ses conséquences pour le vignoble. Ce projet, nommé « stratagème », est mené en partenariat avec le BIVB. « Cela concerne le sol, la vigne avec le gel par exemple et tout ce qui tourne autour du contexte du changement climatique », commente Mathilde Civet, conseillère en viticulture à la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
À Beine, des essais sont faits sur le vignoble de la Chambre, notamment avec la mise en place de paillage pour observer l’évolution et le type d’influence sur les adventices et le sol. « Une comparaison est faite entre deux types de paillage : la paille de lin et le miscanthus. On compare également cela à une rangée témoin, c’est-à-dire où il n’y a pas de paillage du tout », explique Mathilde Civet.
Pour mener cela à bien, des suivis hydriques sont faits. « On observe aussi la stabilité des sols avec des sachets de thé enterrés (ils permettent de déterminer la minéralisation et le type des sols), on relève la température des sols et on fait une récolte d’essai aux vendanges où on compte le nombre de grappes par ceps. Notre but est d’avoir une vue d’ensemble sur l’activité du sol et que la qualité des raisins ».
Sur le vignoble de la Chambre (de 6,5 ha), des essais sur la maladie du bois où sont testés différents types de taille (entre autres), sont également faits.

Divers essais de paillage

D’autres essais de paillage ont lieu à Chablis. D’abord dans les vignes de Jean-Luc Fourrey, vigneron à Chablis, avec une comparaison entre le miscanthus, les copeaux de bois et le bois raméal fragmenté (BRF). Contrairement à la parcelle de Beine, ces essais sont faits sur la parcelle entière et pas seulement sur quelques rangs. « On a également posé une sonde pour mesurer l’ensoleillement afin d’avoir des données hydriques sur la parcelle », poursuit la conseillère de la Chambre. « Il y a aussi une sonde capacitive qui permet de mesurer l’humidité relative du sol ».
Des mesures de contraintes hydriques et des mesures de stade phénologique, ainsi que des analyses de moût aux vendanges sont enfin faites.
Un peu plus loin, toujours à Chablis, d’autres essais sont menés par la Chambre, au domaine des Malandres. « Ici, c’est un essai sur le paillage en plein, c’est-à-dire que toute la parcelle est paillée (contrairement aux autres essais dits « paillage sous le rang »). L’objectif de cela est de voir si la contrainte hydrique diminue avec un temps caniculaire. On cherche aussi à savoir si cela n’impacte pas la nutrition de la vigne car la paille se dégrade très lentement ». Le but est également de bloquer la pousse des adventices. Mais visiblement, dans le temps, l’herbe réussie à pousser. Cependant, seuls certains types d’adventice y arrivent comme le liseron.
À Poilly-sur-Serein, dans une parcelle du domaine Moreau et Fille, on trouve un essai de couvert avec du trèfle, de la féverole et du seigle. Le couvert est ensuite roulé (au mois de mai) pour en faire un paillage. « L’objectif est d’avoir une couverture au sol toute l’année avec une partie en enherbement et une partie en paillage, afin de gérer les adventices », indique Mathilde Civet.
Tous ces essais entrant dans le projet « stratagème » ont vocation à perdurer et se développer dans le temps. Toutes les données recueillies sont communiquées sur le réseau « landfiles » interne aux Chambres d’agriculture.

BAC de Chichée
Un bassin d'orage au pied d'une parcelle de vigne à Chichée.

Zoom sur le BAC de Chichée

Conseillère en viticulture à la Chambre, Mathilde Civet est en charge de l’animation du BAC (bassin d’alimentation de captage) de Chichée. « Cela a pour but d’aider les viticulteurs à améliorer les pratiques. Pour cela, on met en place des actions érosions, des actions plantation de haies, des actions aides de lavage et remplissage. Il y a également une préconisation sur les traitements à faire fait par Guillaume Morvan, et un suivi de parcelle sur la partie phyto et herbicide », détaille-t-elle.
Dans le cadre du BAC de Chichée, des randonnées pédologiques ont été organisées où ont été observés des bassins d’orage. « L’eau qui ruisselle ravine. Alors, on pousse les viticulteurs à enherber les tournières pour éviter ce phénomène. Il faut savoir que l’herbe diminue de 60 à 70 % le ruissellement de l’eau et permet son infiltration dans le sol », assure-t-elle.