Grandes cultures
Moutarde ou colza ?

AG
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L'augmentation du prix de la moutarde à 2000 euros/t ne laisse pas indifférent. Un agriculteur d'Is-sur-Tille se penche sur la question et pourrait tenter « l'aventure » pour la toute première fois.

Moutarde ou colza ?
Thomas Gormotte hésite entre le retour du colza et une première expérience en moutarde.

Les moissons d'été sont terminées au Gaec du Paquier blanc, à Is-sur-Tille. L'heure est au bilan et à la réflexion pour les prochaines rotations. Thomas Gormotte, l'un des quatre associés du Gaec, a accepté d'arrêter quelques minutes son tracteur pour partager sa position : « Un changement est déjà quasi acté chez nous : la surface en lentilles va doubler et passer de 14 à 28 ha, car c'est l'une des rares cultures qui a bien marché cette année avec un rendement 19q/ha sur nos terres superficielles. Nous cultivons de la lentille depuis cinq ans, elle n'a déçu qu'une fois, c'était en 2021. C'est une bien belle alternative au colza, sachant que nous avons arrêté ce dernier il y a trois ans. La lentille ne nécessite aucun apport d'azote, juste un peu de phosphore, de potasse et un, voire deux fongicides. Un insecticide peut être appliqué en cas de besoin, ça n'a pas été le cas cette année. Avec des contrats allant de 440 à 700 euros la tonne, cette production est intéressante pour nous ».

En pourparlers

L'exploitant agricole de 34 ans réfléchit à un second changement sur sa ferme, avec le retour du colza ou bien une première tentative en moutarde : « Nos rotations sont relativement courtes et nous ne pourrons pas continuer comme ça bien longtemps. Céréales sur céréales : cela ne durera qu'un temps. C'est la raison pour laquelle nous nous posons des questions pour la prochaine campagne. Colza ou moutarde ? Nous en parlons actuellement avec mes associés. Pour le colza, il va falloir prendre une décision très rapidement. Le temps n'est pas propice : s'il ne tombe pas 50 mm, l'affaire sera vite classée. Avec la moutarde, nous avons un peu plus de délai car nous pouvons semer jusqu'au 15 septembre. Cette culture demande moins d'azote, entre 160 et 180 unités. Cet aspect n'est pas négligeable dans un tel contexte de hausse des charges, même si nous disposons de fumier grâce à nos vaches laitières. Le prix est forcément très attractif avec les 2000 euros/t annoncés. En réalisant un rapide calcul, il faudrait faire au moins 8q/ha pour rentrer dans nos charges. Si nous nous lançons, j'espère tout de même viser entre 10 et 15 q/ha à la moisson ».

 

Le compte n'y est pas

Thomas Gormotte juge « médiocre » le résultat de ses moissons 2022. Son orge d'hiver termine à 56 q/ha avec des calibrages très aléatoires allant de 25 à 90. Entre Hirondella et Visuel, c'est clairement cette seconde variété qui a le plus décroché cette année. Le blé affiche une belle qualité et des PS supérieurs à 78, mais le rendement final plafonne à seulement 46 q/ha. Même chose pour l'orge de printemps, qualitative avec un calibrage de 95, mais plombée d'un score décevant de 44 q/ha. « Nous avions commencé de moissonner dès le 16 juin, cela n’annonçait rien de bon. Cela s'est malheureusement confirmé par la suite », mentionne le jeune Côte-d'orien, qui se satisfera avec ses lentilles mais aussi avec ses 7q/ha enregistrés dans son trèfle incarnat porte-graines.