Fête du charolais
Allez hop, on y va

AG
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Un jeune éleveur évoque sa future participation au concours d'animaux de boucherie de Saulieu. Avec de l'envie, une certaine impatience mais aussi beaucoup de lucidité.

 

Allez hop, on y va
William Desloire fera le déplacement avec deux génisses. Cette cularde de 18 mois, elle, ne devrait être présentée que lors de l'édition 2024.

Dans deux semaines, on y sera. La Fête du Charolais revient sous son format habituel avec des animaux présents durant trois jours à l'espace Jean-Bertin de Saulieu, les 19, 20 et 21 août. William Desloire, éleveur à Couches (71) et Maligny (21) fait partie des tout premiers inscrits. À seulement 24 ans, ce jeune homme fêtera déjà sa cinquième participation consécutive : « Les concours sont une une grande tradition dans ma famille, avec Pierre, mon père et Anne-Marie, ma belle-mère. Nous avons chacun notre propre exploitation, mais nous travaillons en entraide et nous nous rendons généralement aux mêmes concours. Nous allons à Saulieu tous les ans, comme à Charolles et Autun, les deux autres rendez-vous auxquels nous participons. Ces derniers sont très espacés dans l'année, c'est très pratique, cela nous permet de décaler si besoin la participation de tel ou tel animal, selon sa finition ».

L'exception des culardes

Au-delà de l'ambiance et des bons moments passés entre éleveurs, William Desloire affiche l'espoir de « bien vendre » les deux génisses qu'il présentera : « un tel concours, ne l'oublions pas, est avant tout un moyen de valoriser ses animaux gras. Nous n'y allons pas que pour le côté festif, l'argent reste le nerf de la guerre... En général, la valorisation par rapport aux ventes en ferme est bel et bien là, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle mon père participe depuis 40 ans à ce concours ». La donne est malheureusement légèrement différente cette année : « en effet, toutes les catégories d'animaux ont augmenté ces derniers mois, sauf les culardes ! Les engraisseurs sont directement concernés... C'est un problème pour nous, bien évidemment. La production bovine a tendance à se standardiser, un peu à l'image des poulets. C'est dommage. Nous sommes de moins en moins récompensés pour la qualité de nos bovins. Cela pourrait se faire ressentir encore une fois dans deux semaines, mais nous y allons malgré tout avec l'espoir d'aller chercher une plus-value lors de cette édition ».

Hausse des charges

Les engraisseurs, naisseurs qui plus est, sont d'autant plus inquiets devant l'augmentation des coûts de production : « il y a un an, nous disions encore qu'il fallait compter 1 000 euros pour préparer une cularde. À partir de l'an prochain, ce montant passera à 1 300 euros avec l'augmentation d'environ 30% de l'aliment. Cette année, heureusement, nous ne sommes pas très impactés car nous travaillons en contrats et nous réservons l'aliment un an à l'avance. Mais je me demande bien où nous pourrons aller récupérer ces 300 euros... ». Dans un tel contexte peu favorable aux culardes, William Desloire apprécie d'autant plus l'idée des organisateurs d'ouvrir pour la première fois le concours à l'ensemble des races allaitantes : « c'est clairement une bonne idée. Pour ma part, en plus d'une charolaise, j'emmènerai une Aubrac, la seconde race présente dans mon cheptel de 65 vaches. Il faut tout faire pour maintenir un nombre de bêtes satisfaisant et faire perdurer ce très joli concours ».