Année olympique
Le sport, un moyen de se « vider la tête »

Christopher Levé
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À l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques, nous réalisons une série de portraits de personnes que ce grand rendez-vous mobilise ou passionne. Ils sont agriculteurs ou travaillent pour le milieu agricole mais toutes et tous sont sportifs, ou passionnés par le sport. Aujourd'hui, rencontre avec Walter Huré, agriculteur à Ligny-le-Châtel et président de 110 Bourgogne, qui troque régulièrement ses bottes contre ses baskets, lui fait du trail, de l'escalade et du ski. 

Course
Walter Huré fait du trail depuis 2015 (photo Walter Huré).

Si l’on connaît bien Walter Huré comme agriculteur et viticulteur à Ligny-le-Châtel et comme président de 110 Bourgogne, on le connaît moins en tant que sportif. Et pourtant. « Je cours une à deux fois par semaine. Je fais du trail, j’aime bien courir sur les chemins de vignes, les chemins de forêts. J’en fais beaucoup pour moi et de temps en temps en compétition même si je n’ai pas de licence dans un club athlétique », commence-t-il. « J’ai commencé la course au printemps 2015. Quand j’étais plus jeune, j’ai fait du rugby, à Chablis, pendant une dizaine d’années. À l’époque, j’ai arrêté le sport de façon régulière pour m’investir dans ma vie de famille. Puis j’ai eu l’envie de me remettre à la pratique du sport ».
Mais Walter Huré ne s’arrête pas uniquement à la course. « Je fais aussi tous les sports, ou presque, qui sont liés à la montagne. J’aime beaucoup la montagne, j’essaie d’y aller de temps en temps. Je fais de l’escalade, du ski classique depuis tout petit, mais aussi du ski de randonnée depuis quelques années. Je fais du ski plusieurs fois par hiver. Je suis aussi dans le club alpin d’Auxerre, où je fais de l’escalade, en moyenne une fois par semaine, en mur et en extérieur, quand le temps s’y prête, sur les falaises environnantes, comme aux rochers du Saussois », détaille-t-il.

L’appel de la montagne

Walter Huré est donc très actif au niveau sportif. Il confie que l’été, « il y a obligatoirement une partie de mes vacances que je vais passer dans les Alpes », sourit-il, « où je fais pas mal de randonnées, un peu d’escalade, des choses vertigineuses », dit-il en riant. « Dès que je peux aller à la montagne, j’y vais, même pour un week-end, surtout à l’automne. Même s’il faut arriver à trouver le bon créneau qui allie disponibilité et bonne météo, ce qui n’est pas toujours simple ».
Justement, lorsqu’on est agriculteur, viticulteur, président de 110 Bourgogne, comment arrive-t-on à s’organiser ? « On se décide souvent un peu au dernier moment. Dès qu’il ne fait pas trop mauvais au niveau du temps, j’essaie d’aller courir ou faire de l’escalade. Pour l’escalade, cela demande quand même un minimum d’organisation car il faut au moins être deux. Pour la course, c’est plus simple : il suffit d’avoir une paire de baskets, un short, un t-shirt et c’est parti ».
Passionné de sport, il n’en oublie pas son métier… « La course me permet des fois aussi de faire le tour de mes champs », rit-il. « Je pars de chez moi et je passe devant une partie de mes parcelles. Cela fait double emploi ».
À travers la course, le but de Walter Huré est de se « vider la tête, par rapport aux problèmes ambiants, aux préoccupations de la coopérative et du métier d’agriculteur. Je trouve que le sport est un bon complément au métier d’agriculteur, cela permet de sortir du quotidien qui est, surtout cette année, un peu déprimant. Cela permet aussi de relativiser sur certaines choses, de réfléchir, de prendre un peu de recul et de hauteur, et surtout de sortir de ce cadre « boulot ». On peut très vite s’enterrer dans le travail, ne pas sortir la tête de l’eau et de plus avoir de recul sur ce que l’on fait, ce qui n’est pas bon ».
Un moyen de s’aérer l’esprit, « même si parfois, on souffre un peu physiquement. On va dire que le sport me faire du mal et du bien en même temps », rit-il encore.

Un tissu social

Dans son club d’escalade, Walter Huré y trouve aussi un autre avantage précieux. « L’escalade me permet de voir d’autres gens, de retrouver quelques copains, de rester au contact de personnes qui ne sont pas issues du monde agricole, c’est important pour sortir de son quotidien, pour discuter d’autre chose que de son métier, même si parfois c’est aussi l’occasion d’expliquer à ces gens comment on travaille, en quoi consiste ce métier. Je m’intéresse également à ceux des autres, je découvre les difficultés de leurs métiers car il n’y a pas que le métier d’agriculteur qui est compliqué, beaucoup d’autres sont difficiles aussi. Il y a de vrais échanges, c’est intéressant et cela favorise la vie sociale ».
En tant que sportif, comment voit-il l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques en France ? « Pour être honnête, je préfère les JO d’hiver que les JO d’été, car il y a les sports de montagne, ça me parle beaucoup plus. Sur les JO d’été, j’attends surtout le rugby à 7 avec notre fameux Antoine Dupont. Mais j’aime cet esprit olympique, c’est un très bel événement international qui met en valeur le pays qui l’accueil. C’est un outil de rayonnement du pays qui reçoit, c’est important. Et c’est un événement qui réunit les gens, au même titre qu’une coupe du monde de foot ou de rugby, ou d’un Tour de France et d’un Euro qui a lieu en ce moment ».
Avec de nombreux événements sportifs de grande ampleur, 2024 est pour le moins une belle année sportive. Alors, comme Walter Huré le dit lui-même, « si cela ne donne pas envie aux gens de faire du sport, je n’y comprends plus rien », conclut-il avec humour.