Analyse
Le paysage de l'accompagnement à l'installation évolue

Sarah Obrecht
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Dans le cadre de l’assemblée générale de l’union de coopératives Feder à Beaune, le 20 juin, Cécile Gazo, doctorante en sociologie à l’Institut national polytechnique-Ecole supérieure agronomique de Toulouse, est intervenue sur le thème de la diversité croissante des acteurs de l’accompagnement de l’installation en agriculture.

Le paysage de l'accompagnement à l'installation évolue
Cécile Gazo est l'auteure d'une thèse de sociologie qui fait le constat d'une profonde mutation dans le paysage des acteurs de l'accompagnement de l'installation en agriculture.

« Qui pour gouverner l’installation en agriculture ? » : tel est le titre de la thèse réalisée par Cécile Gazo doctorante en sociologie au sein de l’Institut national polytechnique-Ecole supérieure agronomique de Toulouse (INP-Ensat). La jeune femme intervenait sur ce thème le 20 juin, à Beaune, dans le cadre de l’assemblée générale de l’union de coopératives Feder. Ses travaux ont été réalisés à partir d’études qualitatives sur trois régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne et Occitanie, en partenariat avec des Jeunes Agriculteurs. Elle explique que depuis les années 50, on note une baisse du nombre d’exploitations agricoles en France métropolitaine. Actuellement, on constate en France environ 13 000 installations par an dont seulement 5 000 qui profitent de la Dotation jeune agriculteur (DJA). Les recensements sont compliqués à cause de la disparité des profils de celles et ceux qui s’installent. Entre 2010 et 2023, on a pu observer la multiplication et la régionalisation des politiques de soutien à l’agriculture. Après la mise en place d’instruments complémentaires à destination de l’agriculture, durant ces années, il y a eu une importante nécessité de procéder à une refonte de tous les instruments d’accompagnement de l’installation agricole.

Besoin de mise en cohérence

Par ailleurs, les profils des urbains qui souhaitent devenir agriculteurs évoluent : ils veulent parvenir à articuler leur vie professionnelle et leur vie personnelle, vivre en affirmant leurs convictions politiques et idéologiques, trouver un autre rapport au travail, créer des liens sociaux et devenir entrepreneurs via l’agriculture. Les politiques agricoles sont amenées à changer, pour une refonte et une mise en cohérence de la DJA avec des dispositifs régionaux. Depuis plusieurs années, on a une vision différente du renouvellement des générations en agriculture : on souhaite moderniser tout en assurant le maintien des agriculteurs. La perception de l’enjeu du renouvellement des générations par l’État, les collectivités territoriales, les coopératives… est différente, avec un sentiment d’urgence de plus en plus fort, qui engendre la mise en place de diverses politiques publiques. On observe aussi une nouvelle dimension de l’installation, avec la conscience d’un besoin de compétences, de connaissances, de financements et de débouchés. Les acteurs de l’accompagnement à l’installation se diversifient et ne se limitent aux acteurs traditionnels, de type Chambre d’agriculture : on trouve désormais sur ce secteur des start-up, des organisations professionnelles agricoles, des associations paysannes, les pouvoirs publics, les centres de gestion, des collectivités etc.

Un paysage qui s’atomise

Cette évolution génère un besoin de coordination des actions publiques, parapubliques et privées, mais aussi des questionnements sur les aides à apporter aux aspirants-agriculteurs qui ne sont pas formés. Face à un paysage de l’accompagnement à l’installation qui s’atomise, l’intervention de Cécile Gazo avait le grand mérite d’insister sur le fait que la question du renouvellement des générations en agriculture ne se limite pas au maintien d’un secteur professionnel : cela concerne aussi l’aménagement et le développement économique des territoires.