Jura
Des jeunes au contact des métiers agricoles

Isabelle Renaut
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Soelis et la Mission locale de Dole ont organisé un après-midi découverte du monde agricole pour un groupe d’une dizaine de jeunes. Au programme, double visite chez des professionnels : un maraîcher à Amange et une exploitation laitière à Mutigney.

Des jeunes au contact des métiers agricoles
À Amange, Pierrick, le maraîcher, a entamé une reconversion professionnelle en bio.

Lundi 17 juin au matin, un groupe de 9 jeunes de 18 à 25 ans suivis par la Mission locale de Dole (France Travail) s’est rendu sur deux fermes du Jura. Des jeunes en arrêt de scolarité ou avec un projet professionnel mais volontaires pour découvrir les métiers de l’agriculture. Ils étaient accompagnés de Tony André, chargé de relations entreprises à la Mission locale, de Jérôme Marcasse, conseiller emploi à Soelis (organisme spécialisé dans l’emploi rural) d’Émeline Bellenay, responsable planning Jura nord Soelis, ainsi que de Pauline Perroud, chargée de développement du Territoire Jura Nord et de 4 bénévoles (marraines et parrains) liées à Soelis, qui accompagnent les jeunes dans leur démarche de salariat à leur demande. Objectif de ces visites : découvrir des agriculteurs, leur parcours professionnel, les besoins en main-d’œuvre sur une exploitation… « Nous disons aux jeunes qui s’interrogent sur l’agriculture : plutôt que de rester sur des clichés, venez voir sur le terrain », indique Jérôme Marcasse.

De la menuiserie au maraîchage

La première visite s’est déroulée sur la ferme de Pierrick, 39 ans, maraîcher à Amange, au nord-est de Dole. Issu du milieu du bâtiment et plus spécifiquement de la menuiserie, ce maraîcher a fait un virage professionnel à 180 degrés. « Depuis 5-6 ans je me sentais face à un mur, je me suis remis en question. » Papa de deux enfants et pacsé avec sa conjointe, il a décidé de se lancer seul dans son installation en agriculture biologique. C’est actuellement sa 2e année d’installation. Il estime qu’il faudrait encore 5 ans « pour apprendre, pour que la clientèle se fasse, pour que la commercialisation se mette en place et pour repérer quels types de légumes fonctionnent le mieux… ». Il souhaite faire « des légumes qui lui plaisent et qu’il aime manger ». « Mon but est de sensibiliser au bien manger et à la diversité des légumes », explique-t-il. Il a mis en place un contrat moral avec 15 de ses clients voisins afin qu’ils s’engagent à venir chaque mardi soir récupérer leur panier de légumes. Il commercialise ses légumes sur le marché de Dole et est présent au barbecue paysan de Dole organisé chaque jeudi depuis le 27 juin. Émeline Bellenay constate que « de plus en plus de maraîchers deviennent adhérents à Soelis et ont des besoins en main-d’œuvre ; ce métier attire plus de jeunes suite au Covid, ils ont un attrait pour la nature ».

Élevage laitier, métier en tension

Le secteur laitier représente un grand nombre de recrutements et fait également partie des métiers en tension. C’est pourquoi Soelis et la Mission locale ont choisi de sensibiliser les jeunes à l’élevage en visitant une exploitation laitière à Mutigney, tout près d’Amange. Marie Druot est installée en Gaec, avec son mari Éric, sur une exploitation en polyculture élevage de 50 vaches laitières. Leur lait est livré à l’entreprise Mulin. Depuis 5 ans, la culture de maïs ensilage a été remplacée par du pâturage, « pour des raisons économiques et pour le bien-être animal », explique Marie Druot. Avant de travailler sur la ferme, l’agricultrice a fait une école d’ingénieur agricole dans le génie environnement et travaillé à la DDT puis comme animatrice d’un syndicat JA. « Mais toujours avec l’idée de repartir dans l’élevage laitier un jour ». Le Gaec Druot emploie un salarié avec le groupement d’employeur Soelis et accueille un apprenti depuis septembre. « Ce jeune possède déjà un bac routier et il se forme en bac pro CGEA à la Maison familiale d’Amange. Nous sommes passés par le Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ) pour gérer toute la paperasse. C’est un soulagement. Gagner en sérénité me permet de me concentrer sur le métier, cela n’a pas de prix ! », remarque Marie Druot. Le GEIQ Jura Qualif de Soelis permet aux candidats de bénéficier d’une formation en alternance rémunérée, par le biais d’un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage. Parmi les jeunes venus rencontrer les agriculteurs, certains ont déjà des objectifs d’installation ou l’envie de travailler en agriculture. Parmi eux, Benjamin connaît déjà Soelis. Il a été chef d’équipe castration. Il réfléchit aujourd’hui à un projet de maraîchage. Après deux missions chez des maraîchers adhérents de Soelis, le voilà conforté dans son idée et il prévoit de s’inscrire en BPREA à Montmorot à la rentrée. Clémentine, de son côté, a déjà suivi une formation agricole, un bac pro CGEA à la Maison familiale d’Amange. Elle envisage de développer un projet de petites productions du type élevage de volaille, œufs, apiculture et escargots. Pour cette autre jeune femme, arrivée du Bangladesh depuis 8 mois, le premier défi est la langue, qu’elle comprend déjà bien. « Pour moi c’est une découverte des métiers, j’aime aussi la nature ». Toujours dans l’objectif de sensibiliser les jeunes, mais cette fois dès le collège, des ateliers de découverte des métiers agricoles ont également été réalisés dans des classes de 4è-3è à Saint-Claude et Lons-le-Saunier en lien avec France Travail.