Cultures d'orges
Incendie d'Étincel

AG
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Saison estivale oblige, les feux sont malheureusement de retour et anéantissent une récolte en quelques minutes. Illustration du côté de Pouilly-en-Auxois, en Côte-d'Or.

Incendie d'Étincel
Thomas Belorgey a perdu 12 de ses 15 ha d'orge le 23 juin.

Les grandes fumées noires n'annoncent jamais rien de bon. Thomas Belorgey l'a vérifié le 23 juin en fin d'après-midi : « Mon frère a reçu un coup de fil d'un ami : un feu était en train de se propager dans un secteur où nous avons des cultures. J'étais à dix kilomètres et j'ai effectivement aperçu de la fumée en regardant le ciel. À partir de ce moment là, ça a été la course... ». À peine arrivé sur place, le jeune agriculteur de Meilly-sur-Rouvres comprend très vite qu'il s'agit d'une parcelle de l'exploitation, et plus précisément son unique champ d'orge : « je n'ai pas eu besoin d'appeler les pompiers puisqu'ils étaient déjà là, c'est quelque part une chance. Aujourd'hui encore, je ne sais pas qui les a prévenus. En tout cas, merci à cette personne ». En plus des secours, les agriculteurs des environs se sont montrés tout aussi réactifs en s'équipant d'une tonne à eau ou d'un déchaumeur : « ils ont été très rapides, qu'ils soient tout autant remerciés... Nous avons évolué avec six tracteurs autour du champ pour limiter la casse, sachant que plusieurs champs se touchaient. Les flammes devaient faire deux ou trois mètres de haut, ça allait très vite, je ne me souviens pas de tous les détails à cause du stress et de l'énervement à l'instant t ».

Graines et paille perdues

Le feu a été contenu une « grosse heure » après l'alerte. Les dégâts sont importants : environ 12 des 15 ha de ce champ d'orge en variété Étincel sont partis en fumée. « Ce n'est pas facile d'estimer à vue d'oeil mais environ trois hectares sont sauvés », observe Thomas Belorgey, en ajoutant que la moisson du champ concerné était programmée le lendemain... « C'est forcément rageant, d'autant que potentiel était très prometteur. Au moment où je vous parle, nous ne connaissons pas du tout la cause de cet incendie. C'est le grand mystère. Mon frère, notre mère et moi ne savons pas du tout comment cela va se passer au niveau des indemnisations ». En zone d'élevage, le grain est « une chose », la paille en est « une autre », comme le rappelle l'exploitant agricole : « cette perte de culture est doublement problématique car il falloir falloir retrouver des bottes de paille pour nos animaux. Et à quel prix ? Il y aura sans doute beaucoup de paille sur le marché mais compte tenu du prix actuel des engrais, elle devrait rester à un prix élevé ». Un autre problème va prochainement se poser pour Thomas, Romain et Élisabeth Belorgey : « les nombreux grains qui ont brûlé et qui se retrouvent aujourd'hui à terre germeront tôt ou tard. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir faire pour remettre ce champ propre pour repartir sur une nouvelle culture, en l'occurence du colza »

 

 

 

Graines à terre : que faire ?
photo encadré
L'avis d'un technicien

Graines à terre : que faire ?

Louis Pouillaude, conseiller agronomie à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, livre son point de vue sur le devenir et la gestion du champ de la famille Belorgey : « Dans le meilleur des cas, il tombe une grosse pluie dans les semaines qui arrivent et toutes les graines germent. L'agriculteur peut alors intervenir mécaniquement ou chimiquement avant ses semis de colza. Ce n'est bien sûr pas le plus probable avec le sec qui s'annonce en cette période estivale... Si cette orge lève en même temps que le colza, l'exploitant pourra utiliser une herse étrille, mais celle-ci aura une efficacité plus ou moins importante selon les conditions climatiques du moment. Une autre option, cette fois-ci chimique, lui sera proposée avec la molécule Propyzamide, le plus souvent connue sous le nom commercial de Kerb Flo. Cette anti-graminées est très sélective et devrait donner de bons résultats. Il faudra l'appliquer en novembre, par des températures relativement basses. Un autre point important : réaliser un travail du sol en amont du colza aura tout son intérêt pour l'agriculteur,cela permettra d'enfouir un maximum de graines d'orges ».