Chambre d'agriculture
L'eau, le loup... Ce qu'il faut retenir de la session

Christopher Levé
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La session de la Chambre d’agriculture de l’Yonne a eu lieu le vendredi 2 juin, à Auxerre. Parmi les nombreux sujets abordés, deux ont longuement alimenté les débats : ceux de l’eau et du loup. Des sujets sur lesquels le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, présent pour cette session, s’est exprimé.

Session
Sébastien Windsor (président du réseau Chambres d'agriculture France) et Pascal Jan (préfet de l'Yonne) étaient présents pour cette session.

Le constat est clair : « l’état actuel de la ressource en eau dans l’Yonne reste précaire », lance Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, lors de la session qui s’est tenue le vendredi 2 juin, à Auxerre. « Suite à une sécheresse estivale 2022 intense, qui s’est prolongée sur l’automne et un mois de février largement déficitaire (moins de 10 mm, soit – 85 % de précipitations par rapport à la normale), les nappes d’eau étaient en baisse (depuis 2020) et les cours d’eau présentaient des débits faibles fin février ».
Si le mois de mars a connu une pluviométrie excédentaire (+ 60 % de précipitations par rapport à la normale), le mois d’avril, lui, a été conforme à la moyenne. « Aujourd’hui, l’état des nappes reste bas et continue de baisser. Les précipitations actuelles alimentent les cours d’eau et la végétation majoritairement. Malgré des débits faibles en février, imposant la prise de l’arrêté « sécheresse » et la mise en vigilance du département, la quasi-totalité ont vu leur débit remonter ».
Cependant, cet état des cours d’eau et des nappes, ainsi que les prévisions en hausse des températures pour les trois mois à venir amène à un risque « sécheresse » dans l’Yonne fort à très fort (notamment dans le Gâtinais).

L’eau, une priorité dans l’Yonne

Le 22 mai dernier, une conférence sur l’eau a été organisée à l’initiative de Pascal Jan, préfet de l’Yonne. Une thématique « complexe mais cruciale pour l’agriculture depuis de nombreuses années, mais encore davantage dans le contexte du changement climatique », estime Arnaud Delestre.
Ce sujet de l’eau, Pascal Jan en avait fait sa priorité lors de son arrivée dans l’Yonne. « La question de l’eau, si on ne la gère pas et si on ne la pense pas globalement, on pourra faire tous les efforts que l’on veut, lorsqu’il n’y aura plus d’eau, il n’y aura plus personne dans les territoires. La réalité est là », indique-t-il lors de la session.
Pour le préfet, « il y a un véritable enjeu pédagogique » derrière cela, en lien avec le sujet du réchauffement climatique, « parce qu’une agriculture sans eau, cela paraît impossible. La profession agricole a un intérêt majeur à faire comprendre à d’autres cela. Les agriculteurs sont les premiers mobilisés sur le sujet et travaillent tous les jours dessus. Il faut donc valoriser ce qu’ils font ».

Le loup revient à la charge

Autre sujet : celui la présence du loup dans le département et les dernières récentes attaques ont fait réagir les élus agricoles. « Six attaques dont trois avec « loup non écarté » ont été recensées depuis début 2023 », informe Arnaud Delestre. « Parmi celles-ci, même si nous sommes toujours en attente des conclusions de l’OFB, nous pouvons nous inquiéter des dernières attaques qui ciblent des bovins, à l’instar de ce que l’on observe dans le Doubs, le Jura et la Saône-et-Loire. En 2022, 20 constats d’attaques ont dénombré 13 ovins tués, 25 blessés dont 10 ont abouti au résultat « loup non écarté » ».
Même si depuis 2020 les résultats avec « loup non écarté » sont en baisse dans l’Yonne, « il faut rester vigilant et en alerte pour accompagner les éleveurs. La prévention et la protection des troupeaux sont de rigueur avec la mise en place de chiens de protection, la communication sur les bons réflexes à adopter en cas d’attaque, l’accompagnement des éleveurs ».
Pour le président de la Chambre d’agriculture icaunaise, « la présence du loup dans nos campagnes impacte fortement et durablement les activités d’élevage. Les conséquences concernent ou concerneront à l’avenir plus largement le milieu rural et les activités dans nos territoires. Il est essentiel de porter l’analyse à un niveau global et de pas faire de la présence du loup un problème concernant uniquement les éleveurs ».
Depuis sa prise de poste en tant que préfet du département, Pascal Jan a fixé une doctrine claire et simple concernant les indemnisations aux éleveurs. « Dès lors qu’il y a un doute sur une attaque (à la suite des expertises faites par l’OFB), l’éleveur est indemnisé. Cependant, j’ai parfaitement conscience que l’indemnisation ne règle pas le problème et ne solutionne pas ce à quoi sont confrontés les éleveurs, notamment l’impact psychologique sur l’éleveur », souligne-t-il.
Deux sujets, deux préoccupations, qui ne manqueront pas d’alimenter les discussions des élus et des agriculteurs dans les mois à venir. Avec des solutions à la clé ?