Installation
« N'écoute pas les autres, vas-y, fonce ! »
Le Côte-d'orien Flavio Py, ancien chauffeur pour la coopérative Terre d'Ovin, a choisi de s'installer éleveur, malgré les conseils de son entourage qui l'en dissuadaient.
« Dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut » : cette phrase, nombre d’entre nous l’avons déjà entendue. Flavio Py n’en a eu que faire et est allé au bout de ses rêves et de ses convictions en achetant sa propre exploitation, malgré un salaire régulier et relativement confortable de chauffeur routier. « Si j’avais écouté ce que l’on me disait, je roulerais encore aujourd’hui. Je n’étais pas si mal que cela, mais je n’étais pas si heureux qu’aujourd’hui… Devenir éleveur, c’est ce que je voulais depuis tout petit », confie le jeune homme de 25 ans. Après un Bac pro CGEA à la Barotte et un BTS Acse à la MFR de Pouilly, Flavio Py a passé ses permis poids lourds avant d’être embauché à la coopérative Terre d’Ovin : « j’ai fait de nombreux et longs déplacements pendant trois ans. Je n’en garde que de bons souvenirs, mais je ne voulais pas en faire mon métier sur le long terme. Vous l’avez deviné, j’attendais de trouver une ferme pour m’installer… Je ne suis pas dépensier et j’arrivais à mettre un peu d’argent de côté pour financer mon futur projet. J’avais également travaillé durant toutes mes vacances scolaires en tant que saisonnier, dans le même objectif… J’avais réussi à acheter de premières brebis avant même mon installation : elles attendaient sagement, dans un bâtiment de mes parents ».
Ah, c’est là !
Courant 2022, le jeune Côte-d’orien apprend qu’Olivier Lallemant compte arrêter son activité d’éleveur à Ménétreux-le-Pitois : « je suis originaire de Venarey-Les Laumes, juste à côté. Le jour où j’ai visité les installations, je l’ai tout de suite bien senti, je me suis dit : ah, c’est là ! ». Flavio Py, à la base, n’était pas certain de s’installer dans un système ovin : « cette idée a mûri au fil du temps. Durant mes études, j’ai beaucoup travaillé dans les bovins, le mouton n’était pas beaucoup mis en avant. Les vaches, j’aime beaucoup, mais surtout avec l’ambiance des concours dans lesquels j’ai beaucoup évolué. Au final, à force de côtoyer des éleveurs dans le cadre de mes transports, j’ai voulu m’installer en ovins et je ne regrette pas ». La Romane a été la race « coup de cœur » de l’éleveur : « elle est prolifique, maternelle, avec de très bonnes valeurs laitières… Tout le monde me disait qu’elle s’apparentait à des chevreuils, mais elle se tient très bien, autant que les autres ». Très bricoleur, Flavio Py a entièrement réaménagé son bâtiment, initialement dédié aux bovins : « beaucoup de choses ici sont faites maison, dans un souci d’économies et pour limiter les investissements. Mon frère est menuisier, mon père est bricoleur lui aussi, et ma belle-famille a une exploitation agricole pas très loin d’ici, donc je suis très bien entouré en cas de besoins. Je tiens d’ailleurs à remercier mon entourage, ma famille et mes amis pour leur soutien ». Officiellement propriétaire du site depuis début 2023, cet hors cadre familial compte déjà la bagatelle de 600 brebis ! Pour les acquérir, Flavio Py a notamment bénéficié d’un prêt sur cinq ans proposé par Terre d’Ovin, en plus de ses apports personnels et de l’accroissement interne de sa troupe.
Objectif 800
Pour pouvoir gérer son exploitation seul, dans les meilleures conditions possibles, Flavio Py répartit les agnelages en trois périodes : avril, août et novembre. Ses agneaux partent en boucherie entre 85 et 120 jours : « certaines agnelles prennent la même direction, j’en garde aussi une bonne partie pour augmenter la troupe et renouveler les brebis de réforme ». Les cours sont désormais à un bon niveau toute l’année, c’est une « nouvelle tendance » : « avant, il y avait des pics à Noël, à Pâques et un peu lors de l’Aïd. Tout se tient désormais, c’est très bien. Mes derniers agneaux ont été vendus il y a deux semaines à 8,40 euros/kg : ces tarifs sont encourageants, c’est pour cela que je compte monter la troupe à 800 brebis ». La seule ombre au tableau est malheureusement la menace du loup : « la mise à l’herbe arrive très vite et comme tous les éleveurs, je flippe beaucoup ! Ce prédateur hante même mes projets… Je me demande si je ne vais pas clôturer mes prés à deux mètres de haut dès maintenant, pour limiter les risques. Dans tous les cas, mes tournées chaque matin seront remplies de stress. J’ai l’impression que notre gouvernement se fiche éperdument de cette problématique pouvant remettre en cause notre production ».