Foncier
Rétrocéder une partie de ses terres pour faciliter une installation

AG
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Savoir rétrocéder une partie de ses terres pour faciliter une installation : telle est la philosophie de plusieurs agriculteurs du canton de Saulieu, qui partagent ici leur expérience.

Rétrocéder une partie de ses terres pour faciliter une installation
Daniel Contassot, Vincent et David Boussard, Sabrina Bucquoy et Michel Boussard, la semaine dernière, sur la commune de Saint-Didier.

« Pour un tas de raisons, il n’est pas toujours facile d’installer un jeune. Alors quand nous avons la possibilité de l’aider, il faut foncer ». Daniel Contassot, exploitant à Champeau-en-Morvan, partage sa vision de l’agriculture après avoir rétrocédé des terres en 2014, lors de l’installation de David Boussard, son stagiaire de l’époque. Une première opération a porté sur 8 ha, une seconde sur 60 ha. « Je pouvais me le permettre sans que ma structure ne soit trop impactée. Je n’étais pas dans une logique d’agrandissement, cela tombait bien. Je n’ai donc pas hésité très longtemps pour aider David à trouver des terres pour qu’il puisse lancer son activité », confie l’homme aujourd’hui âgé de 55 ans.

La monnaie de sa pièce

David Boussard, très reconnaissant de ce soutien, opère aujourd’hui avec le même état d’esprit sur la commune voisine de Saint-Didier. Le jeune homme de 30 ans a rétrocédé 100 ha à son frère Vincent il y a tout juste un an, puis 20 ha en faveur de Sabrina Bucquoy, la compagne de Daniel Contassot, installée le 1er janvier dernier. « Mon exploitation a considérablement évolué depuis 2014, j’avais la possibilité d’aider à mon tour deux nouveaux agriculteurs pour leur installation. C’est chose faite ! Nous sommes ici sur des systèmes extensifs, avec beaucoup de surfaces par rapport au chargement des animaux. Nous pouvons nous le permettre assez facilement ». Michel Boussard, le père de David et Vincent, voit lui aussi d’un très bon œil cette façon de procéder. Le futur retraité salue « une volonté de travailler ensemble et intelligemment ». « Ces différentes réalisations sont à chaque fois des réussites. Nous sommes loin du cliché avec des agriculteurs qui se battent entre eux pour récupérer le même foncier ». Pour Daniel Contassot, « tout doit être mis en œuvre » pour favoriser le renouvellement des générations. « J’ai moi aussi rétrocédé 20 ha à Sabrina. Sans cette démarche, il aurait été très difficile pour elle de s’installer, sachant qu’elle est hors cadre familial. Les agriculteurs doivent travailler main dans la main selon moi. Dans la région, les deux tiers des agriculteurs ont aujourd’hui plus de 50 ans. Il est capital d’installer de nouveaux exploitants. Moins nous serons d’agriculteurs, moins nous pèserons dans les choix politiques. Il faut pérenniser nos métiers ! ».

Un seul problème

Rétrocéder des terres est quelque chose « de très simple » d’après les acteurs : « il y a surtout des mutations MSA à opérer et des papiers à remplir avec les propriétaires des terres si celles-ci sont en location. Il n’y a pas eu le moindre problème dans nos différentes démarches. Il n’y a pas beaucoup de pression foncière ici, cela a certainement beaucoup aidé. Le seul bémol rencontré, et celui-ci nous embête beaucoup, est à mettre à l’actif des aides Pac de Vincent… il ne les a toujours pas perçues. L’administration considère que l’opération en sa faveur est une cessation fictive dans le but d’optimiser les aides ! Ce n’est pas du tout cela… ».