Chasse
Aux armes, citoyens

AG
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Le nombre de sangliers prélevés en Côte-d'Or est en augmentation par rapport à l'an passé. Le président de la commission « dégâts de gibier » de la FDSEA invite les chasseurs à ne pas désarmer.

Aux armes, citoyens
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Ça tire, et visiblement bien, dans les bois de Côte-d’Or. Début décembre, 8 700 sangliers étaient prélevés dans le département, soit 1 500 de plus qu’un an plus tôt. Thierry Besançon, président de la commission « dégâts de gibier » de la FDSEA, livre son ressenti sur ce bilan intermédiaire : « À première vue, nous pourrions nous en féliciter, mais je préfère m’en inquiéter… Même si nous le savions déjà, ce nombre de prélèvements est la preuve que les populations sont encore beaucoup trop importantes dans le département. Certes, ce tableau de chasse à mi-saison est plus élevé que celui de l’an passé, mais il est à un niveau similaire à 2021… La situation n’évolue donc pas ». L’agriculteur à Avelanges, près d’Is-sur-Tille, attend des prélèvements plus nombreux pour retrouver un niveau de population « plus acceptable » : « les chasseurs ont encore une fois les cartes en main… Il faut chasser davantage. Les dégâts sont considérables dans le département, les déclarations sont nombreuses et nous nous dirigeons vers une nouvelle année record dans ce domaine. Même la Fédération des chasseurs s’en inquiète… Il y a urgence, il faut agir ».

Des pistes, des solutions

Thierry Besançon regrette que de trop nombreuses sociétés pratiquent encore le tir sélectif et constituent des réserves sur les territoires de chasse. « Nous ne sortirons pas de cette situation tant qu’il n’y aura pas des changements radicaux. Et la pratique de l’agrainage n’arrange bien sûr rien du tout, elle ne fait qu’augmenter les populations ! ». Le responsable syndical émet d’autres pistes susceptibles d’améliorer la situation : « il faudrait que les bracelets soient attribués sur un secteur donné et non à chaque société. Les premiers qui auraient terminé leur plan de chasse pourraient alors utiliser les bracelets encore disponibles sur ce même secteur. Je pense que nous pourrions avoir de meilleurs résultats ainsi. Il y a ensuite le piégeage, il faudrait enfin avancer dans ce procédé, la situation nous l’oblige… La Fédération des chasseurs y est malheureusement opposée par un prétexte d’éthique, et le préfet ne semble pas nous suivre non plus, par peur que les chasseurs se démotivent… ». Thierry Besançon souhaite également que les sangliers soient davantage chassés lors des récoltes : « nous en voyons 30, 40, 50 voire 60 quand nous sommes dans nos tracteurs… Il faut aller les chercher dans la plaine à ces moments-là. Une autre mesure serait pertinente à mes yeux : attribuer le double de bracelets pour moitié prix ».

Mais ce n’est pas tout

Le président de la commission « dégâts de gibier » de la FDSEA ne manque pas d’idées pour faire baisser les populations : « la mise en place d’un bracelet femelle est une autre piste à envisager, nous sommes plusieurs à le dire, et même certaines fédérations de chasse évoquent cette hypothèse. Un autre point : nous allons droit dans le mur en terme financier et sanitaire, avec de telles populations. Tout le monde est malheureusement concerné ». Thierry Besançon déplore également les nombreux dégâts collatéraux liés aux sangliers : « je pense notamment aux prairies, qui ne reviennent jamais dans leur état initial. Tout ce qui concerne la casse de matériels ou encore le travail supplémentaire des agriculteurs n’est pas indemnisé ». Le responsable syndical va encore plus loin en émettant l’idée d’instaurer une « taxe à l’atteinte à la biodiversité » qui serait appliquée « aux mauvais élèves chasseurs, qui laissent des populations trop importantes de gibier » : « ce budget permettrait de mieux surveiller les zones où la situation est inacceptable, là où il y a bien trop de gibier. L’État aide bien le monde de la chasse pour payer les dégâts… Encore une fois, tout doit être mis en œuvre pour trouver des solutions ».