Axéréal
Une mise au point avant l'avenir

Chloé Monget
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La nouvelle année commence, l'occasion pour Axéreal de faire le point sur la campagne précédente et sur les divers projets en cours.

Une mise au point avant l'avenir
« Pour pallier à l'augmentation des coûts de l'énergie et en vue d'obtenir une certaine autonomie à ce niveau-là, nous travaillons à intégrer des énergies renouvelables sur nos toits ou encore à revoir l'isolation des bâtiments » souligne Patrick Têtard. Crédit photo : Axéréal

2022 s’est achevée il y a quelques jours, le moment est donc tout à propos pour faire un bilan de la campagne précédente pour Axéréal, d’entrouvrir les portes de l’avenir avec des projets axés sur la décarbonation, à la valorisation des produits ou encore au retour à la décision locale.

S’ouvrir aux autres

Pour débuter, Patrick Têtard, vice-président d’Axéréal, revient sur les engagements de la coopérative : « La stratégie du groupe est de revenir le plus possible au local, afin d’approvisionner les entreprises françaises en matière première de qualité. Cela étant, il ne faut pas oublier que l’export est également une variable importante à prendre en compte dans notre bilan, puisqu’elle représente près de la moitié des ventes de blé pour nous. Outre l’apport financier que cela peut générer, cet export permet de faire des échanges avec d’autres pays, surtout dans des périodes incertaines (comme durant la guerre en Ukraine). Les producteurs et coopératives français sont d’ailleurs très sollicités pour remédier aux manques que ces conflits peuvent engendrer et je tiens à rappeler qu’en 2022, la France, avec ses producteurs, a répondu présente à ces demandes. Pour nous, un repli sur soi n’est pas une solution pérenne, puisque nous sommes liés avec d’autres pays pour approvisionner les usines françaises ».

2021

Il poursuit : « La campagne précédente (terminée fin juin 2021) fut encore atypique – même si ces anomalies commencent à devenir une norme dans nos régions. En effet, parmi les événements notables, il y a eu bien évidemment les aléas climatiques, ou encore le covid. Durant cette période, les cours se sont envolés – même si on note qu’ils étaient déjà en légère hausse avant la moisson 2021. À cause des conditions météo, la récolte a duré huit semaines, ce que nous n’avions pas connu depuis longtemps. Cela nous a forcés à adapter notre capacité logistique ou la disponibilité du personnel - que nous remercions pour leur engagement. La moisson du blé a été suivie par une très bonne en maïs et en tournesol. Les volumes commerciaux pour la meunerie ont augmenté de 3 %, toujours avec des hausses de prix. Pour le pôle malt, près de 3 millions de tonnes ont été vendues au 30 juin 2022, avec un chiffre d’affaires en hausse de 32 % par rapport à l’an dernier, s’élevant donc à 1 776 millions d’euros. Encore une fois, cette récolte a été hétérogène, et bien meilleure qu’en 2020. Pour rappel, nous avons récolté près de 4 millions de tonnes de grains soit environ 8 à 10 % de plus qu’en 2020. Nous avons aussi eu une progression de l’EBE, qui passe de 165 millions à plus de 208 millions sur le groupe. Un excellent chiffre d’affaires qui s’explique par la hausse des prix – avec près de la moitié des transactions effectuées hors France ».

Changement climatique

Même si la moisson 2021 fut une des meilleures selon Monsieur Têtard, le changement climatique reste préoccupant : « Parmi les solutions d’adaptation, il y a le travail de la génétique (avec de nouvelles variétés) ou encore les nouveaux moyens de productions. Pour ce dernier pan, Axéréal va relancer une filière protéine végétale avec l’ouverture, d’ici 2024, d’une usine dans le Loiret (45), proche d’Orléans. Innovante, elle utilisera un procédé sans eau, avec une extraction à sec – proposé par la société Intact. Dédiée au pois, au départ, cette usine pourra traiter environ 30 000 tonnes par an. Via celle-ci, c’est toute notre vision de la décarbonation que nous souhaitons mettre en avant, et qui implique forcément un accompagnement des exploitants via la qualification des exploitations (Cultiv’Up notamment) ou encore via les contrats bas GES (gaz à effet de serre) qui permettent d’obtenir des revenus supplémentaires pour les agriculteurs adhérents (pour 2021 environ 1 million d’euros a été réparti sur ces derniers au niveau Loire-Nivernais). Outre cela, nous travaillons sur la ressource en eau, avec un suivi plus précis de nos irriguants. Ceci dit, cette ressource est un bien commun et le raisonnement sur sa consommation doit s’effectuer avec les autres acteurs du territoire (collectivités, habitants, etc.) pour qu’il soit pertinent ».

Valorisation à étendre

Outre ceci, un autre projet est en cours pour 2024. En effet, Axéréal travaille à l’ouverture d’une brasserie artisanale en partenariat avec le Domaine national de Chambord : « Nous allons, sous la marque Chambord, fabriquer – avec de l’orge issue de notre malterie d’Issoudun - et commercialiser de la bière. La brasserie sera implantée proche du parc du domaine sur la commune de Bracieux, afin d’offrir une marque d’une indéniable qualité aux consommateurs. La brasserie aura une capacité de 10 000 hectolitres en s’appuyant sur son expertise dans la filière orge-malt-bière ».

Un groupe proche du terrain

Pour conclure, Patrick Têtard revient sur ses espérances : « Je suis confiant en l’avenir. On peut avoir peur, mais il faut continuer à avancer vers un système le plus résilient possible. Les pouvoirs politiques nous sollicitent beaucoup pour remédier aux crises, et nous sommes là pour les affronter. Je pense que cette réponse infaillible témoigne des forces d’une coopérative qui sont la communauté, la solidarité et l’équité ; car ces valeurs permettent de s’adapter en explorant de nouvelles pistes dans le respect des intérêts de chacun ».

Meilleurs voeux

Pour la nouvelle année, Patrick Têtard présente ses vœux. « Je souhaite mes meilleurs sentiments à tous les adhérents de la Coopérative, et particulièrement au secteur Loire-Nivernais. Je leur souhaite la meilleure santé pour eux ainsi qu’à leurs familles, toutes les réussites professionnelles possibles et une bonne récolte. J’espère que 2023 sera synonyme de stabilité notamment pour le contexte géopolitique difficile qui nous affecte tous. Enfin, j’aspire à ce que les projets en cours pour le groupe aboutissent comme prévu et dans les meilleures conditions possibles ».

Projets étrangers

En 2021, une malterie a été ouverte par Axéréal en Afrique. Comme le rappelle Patrick Têtard, « c’est un projet de développement de l’agriculture mondiale qui existe depuis longtemps. Nous accompagnons les exploitants sur place pour leur permettre de valoriser leurs productions. Mais, pour que cela soit possible, il faut une certaine stabilité politique, ce qui n’est pas évident partout. Nous travaillons beaucoup avec la Croatie pour l’implantation d’autres projets de ce type. Nous croyons au développement international de l’agriculture, même si certains climats ne sont pas propices ».

Alimentation animale

Pour le volet d’activités qui concerne l’alimentation animale, Patrick Têtard, administrateur et vice-président d’Axéréal, développe : « La grippe aviaire a eu des conséquences sur notre activité puisque la demande d’achats n’était pas au rendez-vous. De plus, même si cela représente une faible partie de notre activité, les aliments pour bovins sont une branche qui attire notre attention. En effet, la baisse annoncée des cheptels dans les années à venir nous pousse à la réflexion. Jusqu’à présent, ce phénomène paraissait conjoncturel, mais il est en train de devenir structurel, il va donc falloir trouver des solutions pour l’avenir puisque la consommation des bovins allaitants devient de moins en moins transformée. Je suis persuadé que la mouvance du « manger moins de viande » n’a pas le monopole de la responsabilité du déclin du nombre de cheptels. Je pense que cela tient également à l’attractivité du métier et il va falloir que nous fassions un effort pour attirer davantage de jeunes dans ces professions. Même si l’élevage allaitant n’est pas notre plus gros consommateur, il est important pour nous puisque Axéréal tient à rester un accompagnateur pour les éleveurs ».

PHOTO A METTRE
D'ici 2024, la brasserie artisanale créée en partenariat entre Axéréal et le Domaine national de Chambord devrait voir le jour aux abords du domaine (Bracieux). Crédit photo : Domaine national de Chambord - Léonard de Serres.