Conseil régional
Visite de la présidente de Région BFC en Saône-et-Loire

Cédric Michelin
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La présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté s’est rendue en Saône-et-Loire, dans l’Autunois-Morvan, à l’invitation de la FRSEA, des JA et des FDSEA. Une journée consacrée aux sujets filières et aux politiques propres à la région.

Visite de la présidente de Région BFC en Saône-et-Loire
Lors de sa venue en Saône-et-Loire, Marie-Guite Dufay (à gauche) a pu visiter une exploitation puis une station fermière.

Après sept heures d’échanges et de nombreuses questions, un constat s’imposait à toutes et tous à l’issue de la visite en Saône-et-Loire, le 25 octobre, de la présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), Marie-Guite Dufay : « Il faudrait faire plus de rencontres terrain comme aujourd’hui », tant les sujets avec la Région, compétente en matière agricole, sont nombreux. Les échanges avaient débuté dès le matin sur l’exploitation de Laetitia et Benoit Lamarre, à côté de Reclesne dans le Morvan. La présidente de Région était accompagnée des conseillers chargés de l’agriculture, Christian Morel (vice-président) et Fabrice Voillot, autre éleveur saône-et-loirien, de Charbonnat. Également membres de la commission, les élus Gilles Demersseman et Claire Maillard, présidente du groupe des Écologistes, complétaient la délégation régionale.

Les défis sont là

Devant la presse, Christophe Chambon, le président de la FRSEA BFC, mettait en avant le travail de la Région pour l’agriculture, l’objectif étant de positiver et donner envie à des jeunes de s’installer. « Tout n’est pas foutu », entendait-on dire en regardant les vertes vallées. Mais les défis sont là. L’occasion donc d’annoncer le lancement d’études prospectives car à l’heure du renouvellement des générations, du changement climatique, de la pression sociétale, « il nous faut prendre le temps et les moyens de convoquer les scientifiques, de nous poser pour réfléchir à l’exercice de nos métiers demain, de notre agriculture », débutait Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture. Le travail a déjà débuté en filière allaitante, après deux jours de visite dans la Loire, complétait Christian Bajard, coordinateur du Berceau des races à viande. Sans oublier, « le végétal – la viticulture est un fleuron de Saône-et-Loire – et les cultures, y compris protéines végétales », complétait-il en tant que président de la FDSEA71. Marie-Guite Dufay les remerciait ainsi que Laetitia et Benoit Lamarre, qui montraient là, « une exploitation agricole qui marche et qui a pris ses dispositions pour ». La présidente de Région se disait fidèle à son programme « avec deux grandes préoccupations : le devenir de la filière automobile et la filière allaitante qui constituent l’ADN de notre région ». Toutes deux sont confrontées à des évolutions majeures, « et sont complémentaires, glissait Christophe Chambon, la première émet des gaz à effet de serre, la seconde capte du carbone ».

La Région doit accompagner

Pour autant, les premières problématiques sont vite arrivées dans les débats. Après quatre années de fortes sécheresses, hormis 2021, l’eau est plus que jamais une ressource précieuse. En Saône-et-Loire, le Département – représenté par Frédéric Brochot - finance à 80 % des récupérateurs d’eau de pluie ou tonnes pour aller abreuver les animaux. La Région n’attendra pas la « nouvelle génération » Feader, opérationnelle à l’été prochain, et a mis dans son règlement d’intervenir dès cet hiver, à hauteur de 30 % des coûts. Alors qu’en ce 25 octobre, la douceur de l’automne permettait de belles repousses, Christian Morel invitait ses collègues éleveurs à stocker tout ce qui est possible pour passer les mois de juillet-août. Éleveur et élu à la FRB, Michel Joly le martèle : « on ne vit que d’herbes. Mais s’il n’y a plus d’élevage, nombre de communes vont fermer ». L’éleveur nivernais Emmanuel Bernard, vice-président de la FNB, sait que la réforme de la Pac « ne va pas favoriser les bovins viandes », mais il espère que la prochaine politique de gestion des risques sera plus efficace que le régime des calamités. « Sinon, la décapitalisation en lait - un tiers des viandes – et en allaitant continuera ». Et de rentrer dans le détail des systèmes, notamment des « naisseurs-engraisseurs, comme chez nous, qui sont les plus touchés par la décapitalisation », réclamant donc un accompagnement de la Région. « L’engraissement à 400 places n’est pas une production industrielle comme veut nous taxer l’Europe », dans les deux sens du terme. Au contraire, plaidait-il, « nos zones de polyculture-élevage permettent de réduire les dépendances alimentaires et les importations d’engrais ». La contractualisation obligatoire avec Égalim 1 et 2 peut aussi garantir un EBE mais, tout comme en 2009, Christophe Chambon remarquait qu’avec « des prix à la hausse, les éleveurs ne franchissent pas le pas ». Malheureusement, plus d’une décennie après 2009, les producteurs sont toujours la variable d’ajustement des centrales d’achat et des transformateurs et risquent de le rester…

L’enjeu du renouvellement

Si le président des JA BFC, Florent Point se réservait l’après-midi pour les questions sur la DJA (Dotation jeune agriculteur) et le besoin de remplacer les CDOA, maintenant que la Région a repris la compétence (lire dans notre prochaine édition du 11 novembre), c’est Christian Decerle qui faisait un vibrant plaidoyer sur l’enjeu majeur qu’est le renouvellement des agriculteurs. « Le dernier recensement a encore dénombré la perte d’un quart des agriculteurs, 7 000 en BFC. On le voit venir de façon insidieuse et s’imposer avec brutalité : trop tard », appelait-il à réagir, interpellant l’État, la Région, les Départements et parlementaires. Ces derniers seraient bien inspirés d’arrêter « de s’intéresser à tous ceux qui ont un avis abrupt sur l’agriculture alors que ce sont les agriculteurs les mieux placés pour imaginer leurs futurs, même s’il y a besoin de nourrir ces réflexions avec l’extérieur. Respectez les 400 000 agriculteurs restants ».