Morvan nivernais
Situation tendue autour d'un fossé dans le Morvan nivernais

Berty Robert
-

Le 27 octobre, à Saint-Brisson, dans la Nièvre, une visite de la DDT concernant un fossé qu’un agriculteur avait curé a tourné à l’aigre.

Les contrôles vis-à-vis du monde agricole, s’ils sont nécessaires, manquent parfois de lisibilité, et c’est bien la raison pour laquelle ils sont souvent très mal vécus par la profession. Un exemple récent le démontre encore : il s’est produit le 27 octobre à Saint-Brisson, dans la Nièvre et s’est transformé en confrontation plutôt aigre entre deux agentes de la Direction départementale des territoires (DDT) et un groupe d’agriculteurs représentants la FDSEA 58, venu assister un jeune installé concerné par le contrôle. À la suite de son installation, il y a quatre ans, ce jeune exploitant a repris un pré en location, sur lequel il a effectué des travaux, notamment de clôtures, afin de remettre cette parcelle en bon état. Il se trouve qu’elle est aussi traversée par une rivière et un fossé qui draine la partie humide afin de conduire l’eau dans la rivière. « Ce fossé, expliquent les agriculteurs, n’était pas entretenu et quasiment obturé. Le jeune installé a donc entrepris de le curer afin que ses animaux puissent pâturer dans de bonnes conditions ». Peu de temps après, c’est par un courrier de la Direction départementale des territoires (DDT) qu’il a appris qu’il allait recevoir une visite d’agents de ce service, afin de lui expliquer l’infraction qu’il avait commise. C’est ainsi que le 27 octobre, deux représentantes de la DDT sont arrivées sur les lieux. « Nous leur avons demandé la raison de leur visite, expliquent les agriculteurs, et l’une des deux personnes nous a répondu qu’elle ne voulait pas nous parler, qu’elle ne souhaitait parler qu’à l’exploitant concerné, et nous a demandé de quitter les lieux. Nous avons refusé en précisant que nous étions là pour assister cet exploitant et connaître l’infraction qu’il avait pu commettre. Elles ne voulaient pas nous dire de quelle infraction il s’agissait ».

Pas des travaux pour le plaisir

Le ton est alors monté jusqu’à une situation de blocage. De part et d’autre, des appels téléphoniques ont été passés, qui ont abouti à l’arrivée des gendarmes. La présence des forces de l’ordre a permis de débloquer cette situation malgré tout révélatrice de la manière dont la profession agricole vit ce type de contrôle. « Le jeune, précisent les agriculteurs, n’a pas effectué ces travaux pour le plaisir, mais pour assainir une parcelle qui, sans cela, serait inutilisable pour ses animaux. L’attitude arrogante et irrespectueuse des agentes de la DDT qui ont voulu nous expulser de la parcelle est inadmissible, mais plus grave encore sont les propos de notre DDT qui nous a qualifié de délinquants et de racailles ». Les agriculteurs ne décolèrent pas : « Monsieur le directeur, nous délinquants et racailles, travaillant 70 à 80 heures par semaine, pour nourrir les gens et entretenir le paysage, sommes indignés du comportement de vos agents et de vos propos. » Ce genre de situation contribue au mal-être des agriculteurs qu’on perçoit sur le terrain. « Autant sur les plans environnemental, social ou sanitaire que sur la qualité de ses produits, concluent ces agriculteurs, notre agriculture est l’une des plus vertueuses au monde. Il est urgent d’en prendre conscience avant que la persécution écolo-administrative ne décime les derniers agriculteurs français ».