Alimentation
Renforcer le lien entre producteurs et consommateurs

Berty Robert
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Le dernier Conseil départemental de l'alimentation de Côte-d'Or a mis en évidence la nécessité d'avancer selon plusieurs axes en même temps pour bâtir une politique globale renforçant la place des productions locales.

Renforcer le lien entre producteurs et consommateurs
François Sauvadet, président du Conseil départemental de la Côte-d'Or, est convaincu de la nécessité d'avancer sur la promotion des productions locales selon plusieurs axes en même temps (production, logistique, solidarité alimentaire...)

Logistique, structuration d'offres et de marchés territoriaux, émergence de nouveaux débouchés pour les agriculteurs, insertion et accompagnement social… La 4è édition du Conseil départemental de l'alimentation, organisé le 23 septembre à Dijon, par le Conseil départemental, permettait de mesurer à quel point l'action de se nourrir a des implications multiples. Le Département faisait un point d'étape afin d'évaluer les résultats des politiques alimentaires locales mises en œuvre. « Je suis un fervent partisan de la culture de l'évaluation », rappelait d'ailleurs le président du Conseil départemental, François Sauvadet. La collectivité a pris conscience, il y a déjà quelques années, de la nécessité de développer une approche globale sur ces questions d'alimentation de proximité et de qualité, en pensant « production », « logistique » et implication d'acteurs multiples, notamment dans le domaine associatif. Sur la logistique, éternel talon d'Achille de nombreux producteurs agricoles locaux, par les coûts qu'elle représente et le temps qu'elle réclame, les choses avancent (voir encadré). « Nous devons parvenir à organiser une offre, ajoutait François Sauvadet. On progresse mais il faut encore avancer sur ce sujet. Il y a un modèle à inventer ».

Dans le cadre du projet alimentaire territorial

Côté production également, les choses évoluent : le Département est propriétaire depuis 2017 d'une parcelle de 20 ha au sud de la métropole dijonnaise, afin de développer un pôle de maraîchage bio. En collaboration avec la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, des tests de production y sont menés (brocolis, patates douces…) et ce dispositif va être complété, en 2025, par la création d'une légumerie départementale implantée à Auxonne, en partenariat avec Croix Rouge Insertion. Tout cela s'inscrit dans le Projet alimentaire territorial (PAT) du Département qui comprend également d'autres actions détaillées par Séverine Gautier, de la Chambre d'agriculture : développement de la plateforme Agrilocal permettant à des producteurs agricoles de candidater pour des marchés de fourniture aux cantines des collèges, organisation de formations par le Département sur la manière d'intégrer Égalim et l'achat local dans les marchés publics et même, pour la fin de cette année, organisation d'un forum territorialisé sur l'approvisionnement local. Déjà en avril dernier s'était tenue à Auxonne la première Rencontre territoriale sur l'approvisionnement local. Le Département met également à disposition des collectivités des ressources en matière d'ingénierie : ce fut le cas pour la Communauté de communes Terres d'Auxois (diagnostic du système alimentaire, étude de faisabilité pour une cuisine centrale, déploiement d'un plan éducatif alimentaire intercommunal, mise en place de Petits casiers à Semur-en-Auxois…)

L'axe de la solidarité alimentaire

Toujours dans une logique d'approche la plus large possible, le Conseil départemental insiste aussi sur sa volonté d'aider les structures de l'aide alimentaire (Banque alimentaire, Resto du Cœur…) dans le renforcement de leur offre en produits locaux. Cela passe aussi par l'association Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires (Solaal) Bourgogne-Franche-Comté, créée il y a un an et qui assure une interface entre les producteurs agricoles désireux de faire des dons de produits et les acteurs de la solidarité alimentaire. L'ensemble de ces actions est soutenu par la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, dont le président, Vincent Lavier, rappelait l'importance : « Tout cela contribue à redonner du sens à l'acte de production, et ce n'est pas rien alors que l'on constate le niveau de déconnexion, dans l'esprit de beaucoup de gens, entre le fait de s'alimenter et le monde agricole. Le PAT peut contribuer à faire entrer dans l'esprit des gens que le lien entre produits alimentaires et productions agricoles doit être renforcé ». Et ce, d'autant plus dans le contexte actuel, marqué par des récoltes décevantes et qui ne sera pas sans conséquences sur la rémunération des producteurs.

La Charette : le lien entre producteurs, acheteurs et logisticiens

Anne-Claire Ollivier, chargée de mission logistiques au sein du Conseil départemental de Côte-d'Or, est revenue sur le déploiement du dispositif La Charrette (voir Terres de Bourgogne N° 1791). Créé en 2017, c'est un véritable réseau social de la logistique alimentaire locale. La Côte-d'Or est le premier département de France à contractualiser avec cet acteur. Au lancement du déploiement, durant l'été, le Département avait décidé de financer les 100 premières adhésions. Début juillet, ces inscriptions étaient pourvues (des producteurs, des acheteurs et des logisticiens). De premières relations commerciales entre ces trois types d'acteurs se sont mises en place. Face à cette dynamique, le Département a décidé de financer 200 nouvelles adhésions. « Nous avons à ce jour 65 producteurs, 15 transporteurs, 5 logisticiens, une vingtaine de distributeurs, précise Anne-Claire Ollivier. L'idée, pour cette seconde phase de soutien aux adhésions, c'est d'amplifier la présence de logisticiens et de débouchés (commerces, restauration), tout en continuant à attirer des producteurs et des transformateurs, et essaimer au-delà de la Côte-d'Or ».