Bio
Une entreprise de Côte-d'Or travaille sur une technologie en faveur d'une meilleure caractérisation du bio

Berty Robert
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L’entreprise de Côte-d’Or Atol Conseils et Développements est membre d’un collectif qui travaille depuis deux ans à la conception d’un projet nommé TOFoo. Une innovation destinée à renforcer la confiance des consommateurs vis-à-vis de la filière bio.

Une entreprise de Côte-d'Or travaille sur une technologie en faveur d'une meilleure caractérisation du bio
Si TOFoo concrétise les espoirs placés en lui, ce projet ouvrirait de nouvelles perspectives dans la caractérisation des produits issus de l'agriculture bio.

Le bio est-il vraiment toujours aussi bio qu’il en a l’air ? C’est pour tenter de répondre à cette question que l’entreprise Atol CD, dont le siège est à Gevrey-Chambertin, en Côte-d’Or, a décidé de se joindre à un collectif réunissant plusieurs structures. Le but est de concevoir un outil à destination des consommateurs de produits bio, afin de leur permettre de s’assurer que ce qu’ils achètent s’inscrit véritablement dans une démarche d’agriculture bio sincère et non dévoyée. Atol CD est une entreprise du secteur numérique dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes puisqu’elle opère régulièrement sur le secteur agricole. En l’occurrence, avec le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, elle s’est jointe à un consortium de neuf partenaires (1), dans le but de mener à terme le projet TOFoo, pour « True organic food » qu’on pourrait traduire par : une nourriture vraiment bio.

Dans le cadre de France 2030

À l’origine de ce projet, on trouve Eurofins Alimentaire France, un laboratoire pionnier dans le contrôle de l’authenticité des aliments. TOFoo est un projet de recherche soutenu par Bpifrance (la banque publique d’investissement) dans le cadre du Programme France 2030. Il bénéficie également du soutien d’un Conseil regroupant une vingtaine d’acteurs de la filière bio pour guider les parties prenantes du projet en assurant que les travaux de recherche et développement répondent aux besoins concrets des acteurs de cette filière. « TOFoo, explique Yannick Louvet, directeur des opérations chez Atol CD, c’est un ensemble d’applications. On s’intéresse à l’étude de toutes les données que l’on peut tirer des productions, afin de pouvoir caractériser une production comme biologique ou non, à l’aide d’une simple mesure. Aujourd’hui, une production est bio si on peut vérifier qu’elle a respecté un cahier des charges. Des organismes existent qui permettent de certifier le respect de ce cahier des charges. L’idée de TOFoo est un peu différente : il s’agit d’être plus efficace et plus agile sur la mesure du caractère biologique de la production sans « éplucher » le cahier des pratiques et l’historique du produit. On veut prendre un extrait physique du produit et sur cette base, effectuer une mesure qui nous permettra de dire avec certitude si c’est bien biologique ou non, indépendamment de toutes les vérifications des pratiques, au-delà des seules analyses ciblées de résidus de pesticides, d’OGM ou de détection d’antibiotiques ».

Encore beaucoup de travail

Le projet TOFoo a été lancé en 2020. Le but des initiateurs était de sécuriser le label bio dans un contexte où des dévoiements sont toujours possibles. Le rôle d’Atol CD au sein du consortium est de concevoir la solution numérique qui pourrait se rattacher à TOFoo, pour les chercheurs. Il faudra aussi concevoir la plateforme permettant de prouver l’authenticité bio des produits. À terme, il s’agira de proposer sur le marché une plateforme de services. Un processus de long terme sur lequel, actuellement, on est un peu au milieu du guet. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant de parvenir à une solution technologique fiable dans cette volonté de caractérisation du bio, pour de nombreuses productions. Par exemple, dans l’état actuel des recherches, on sait que la carotte se prête difficilement à cette mesure, en raison de ses caractères physico-chimiques. Ce légume est donc pour l’instant écarté du champ d’action du projet. En revanche, les premiers tests ont démontré un très bon fonctionnement sur le lait UHT et les tomates. Au-delà de la dimension bio, il faut aussi prendre en compte les conduites culturales ou les régions de productions : autant de facteurs qui peuvent influer sur les résultats. Dans le meilleur des cas, TOFoo n’aboutira pas avant trois ans, mais ces travaux de recherche ouvrent une voie intéressante. De nouveaux résultats, portant sur d’autres produits, sont attendus d’ici la fin de l’année.

 

Note : (1) Laboratoire d’analyses (Eurofins Alimentaire France), entreprise d’instruments d’analyses (Thermo Fisher Scientific), entreprise du numérique (Atol C & D), entreprise agroalimentaire (Bonduelle), institutions académiques (les laboratoires GEPEA et le CEISAM de Nantes Université, l’Institut Polytechnique UniLaSalle associé à l’Université Laval - Québec et l’ITAB, (Institut Technique de l’Agriculture Biologique).