Le 26 juillet, Terres Inovia, en partenariat avec le GIEE Magellan ainsi que la Cuma BFC, organisait une demi-journée technique dédiée au travail profond du sol à Lucenay-lès-Aix.
Comment se faire une idée exacte de ce que tel ou tel matériel permet de faire en sol profond ? Pour répondre à cette interrogation, et pour donner des clefs de travail aux exploitants, Terres Inovia, en partenariat avec le GIEE Magellan et la Cuma BFC, proposait une demi-journée technique le 26 juillet à Lucenay-lès-Aix. Ainsi, c’est sur une parcelle de Christophe Pelletier, membre du GIEE Magellan, que les explications ont été prodiguées par Michaël Geloen, ingénieur régional développement Bourgogne Franche-Comté Terres Inovia, et Clélia Brune, technicienne expérimentation Terres Inovia.
En situation
Afin d’appuyer leurs propos, une démonstration de matériel (fissurateurs et sol et décompacteurs) était prévue avec des outils Actisol, Horsch, Lely, Agram, Agrisem, Grenier et Evers. Clélia Brune et Michaël Geloen précisent : « c’est la première journée que nous organisons ici pour comparer ce genre d’outils. La visée est de présenter ceux permettant une restauration de la porosité du sol sans bouleverser les horizons ». Pour Jérôme Séguinier, président du GIEE Magellan, cette rencontre est une manière d’élargir encore un peu plus leurs connaissances : « Même si tous les membres de notre groupe n’ont pas ce type de matériel (leurs terres ne se prêtant pas à leur utilisation), c’est une belle occasion de comparer, avec des analyses pédologiques précises, leurs effets ; idéal pour ceux ne souhaitant en acquérir, par exemple ». Christophe Pelletier rebondit : « 80 % de la décision vient des tests en situation ». Sylvette Bernard, animatrice de la Fédération Cuma BFC, a rappelé que des aides étaient disponibles – avec dépôt de dossier avant le 30 octobre 2023 : « Dans le cadre de l’accompagnement des transitions agroécologiques des productions végétales (PSN), l’achat de matériel est subventionnable jusqu’à 30 000 euros. Parmi les équipements concernés on note : ceux réduisant les intrants, ceux de lutte contre l’érosion, ceux d’aide à la prise de décision et de précision ou encore ceux en faveur du développement des protéines végétales… ».
Une vision précise
Christophe Pelletier, pas encore équipé en matière de fissurateur, partage ses motivations pour accueillir la rencontre : « La compaction du sol est une problématique pour beaucoup d’exploitants notamment pour les cultures où les machines sont lourdes. De plus, si les sols ne sont pas assez ressuyer, passer dans ces parcelles engendre des séquelles. À force, une semelle se forme sur le sol, empêchant en profondeur la croissance du système racinaire des plantes pour aller chercher l’eau en sous-sol. Pour les prairies, il y a des problèmes de dessèchement avec les sécheresses à répétition. Le fissurage ou la décompaction peuvent permettre de faire descendre plus facilement l’eau dans le sol avec un drainage de surface efficace tout en offrant une réserve en eau en été pour les plantes. Je suis persuadé que plus nous améliorons la structure du sol, plus il y aura une amélioration sur la santé des cultures et autres végétaux (que l’on soit en bio, conventionnel ou autres), tout cela sans bouger les horizons de la terre » avant d’ajouter : « sur la parcelle où se déroulent les essais aujourd’hui, j’ai récolté environ 55 quintaux d’orge d’hiver semé d’automne cette année. Mais, je pense que je peux monter à 60 quintaux avec une bonne conduite de conservation des sols » avant de rappeler que ses sols sont « limoneux sableux battants, ce qui n’est pas forcément le top du top » et précise : « auparavant, la parcelle était conduite en TCS depuis dix ans. En résumé, le but de mon système est d’obtenir une régularité de production et une stabilité économique ».
Comprendre pour avancer
Durant la démonstration, il a été détaillé les différences entre chaque type d’outils, ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients. Clélia Brune et Michaël Geloen pointent que « le positionnement de rouleaux offre une réduction notable des mottes à l’image du Demeter, ou encore que certains appareils autorisent une reprise simple car ils laissent après leur passage une couche superficielle fine comme avec le Terrano pour n’en citer qu’un » et d’ajouter : « Dans tous les cas, les conditions d’utilisation sont un point clef dans la réussite. Nous conseillons fortement de procéder à un test bêche avant toute intervention afin de voir avec exactitude le taux d’humidité. Il faut parfois être patient et laisser quelques jours de battement avant d’utiliser un outil, et ce particulièrement à l’automne sur les cultures de maïs par exemple ». Pour aller encore plus loin, un suivi technique sera effectué sur une plateforme de 3 répétitions chez Christophe Pelletier. Clélia Brune et Michaël Geloen détaillent : « Cet essai est fait avant implantation de colza avec une comparaison entre : les dents Michel, le Cultiplow (Agrisem), le Terrano (Horsch), et le Demeter (Actisol). Nous avons opté pour ces derniers car ils sont les plus répandus dans les fermes nivernaises ». La rencontre s’est clôturée par une présentation du système CentipedeRTK (voir : https://docs.centipede.fr/) permettant d’obtenir des signaux GPS en temps réel utiles pour le guidage de précision. Ce procédé, soutenu financièrement par l’Inrae, est gratuit et accessible à tous dans la zone de couverture (la Nièvre possède deux antennes). Enfin, Terres inovia, le GIEE Magellan ainsi que la Cuma BFC ont tenu à remercier l’implication des concessionnaires pour cet événement, ainsi que celui des constructeurs, des visiteurs et des exploitants ayant mis à disposition « terres et matériel ». Afin de montrer l’évolution en matière de matériel, un outil de la Compagnie Algérienne de tracteurs (Maison Carrée) datant des années 1950 a aussi été testé en démonstration dynamique. Retrouvez la vidéo de l’après-midi sur https://www.agribourgogne.fr/
