Économie

Les Points Passerelle du Crédit Agricole : un soutien de 15 ans

Les Points Passerelle, structures soutenues par le Crédit Agricole, ont pour but d’accompagner les personnes ayant des difficultés financières, sur un plan humain, personnel et économique. « N’importe qui peut être confronté à des difficultés financières suite à des aléas de la vie, comme un deuil ou une perte d’emploi. Notre rôle est d’accompagner quand les difficultés dépassent le cadre bancaire classique » expliquait Ghyslaine Verstraete, la présidente du Point Passerelle Champagne-Bourgogne, en introduction de l’évènement organisé à Colombey-les-deux-Églises, en Haute-Marne, pour les 15 ans du dispositif. Ce dernier s’adresse à tous les particuliers de l’Aube, la Côte-d’Or, l’Yonne et la Haute-Marne, clients ou non du Crédit Agricole. Car la banque mutualiste est le mécène de l’association. Au niveau national, le premier Point Passerelle a été mis en place en 1997 par le Crédit Agricole Nord-Est, « dans un esprit d’entraide et de solidarité avec ses clients » souligne Marie-Laure Lazzaroni, directrice du Point Passerelle Champagne-Bourgogne. « À l’époque la région se désindustrialisait et certains clients de la banque qui se retrouvaient en difficulté financière étaient laissés sur le bord du chemin. L’idée est venue de leur tendre la main, avec une volonté d’agir et de résister ».

D’abord un diagnostic

Le premier Point Passerelle Champagne-Bourgogne a ouvert à Dijon en 2008, suivis par Troyes en 2010, Auxerre en 2012 et Chaumont en 2014. Les 7 salariés peuvent compter sur l’appui de 30 bénévoles : administrateurs et anciens collaborateurs du Crédit Agricole. Les conseillers travaillent en étroite collaboration avec des organismes sociaux, privés et publics : CCAS, offices HLM, Habitat et Humanisme, Écoles de la 2e chance, Missions locales… L’accompagnement débute par un diagnostic de la situation de la personne reçue et un plan de rétablissement financier est ensuite défini. « Comme nous sommes des conseillers bancaires, nous avons une facilité à demander certains éléments qu’une assistante sociale ne se permet pas de demander. Notre expertise permet aussi de dégrossir des situations et d’éventuellement réorienter les personnes vers d’autres organismes. Car nous nous occupons de la globalité financière, mais nous n’avons pas les compétences sociales de nos partenaires » explique Emeric Deladière, conseiller au Point Passerelle de Troyes. « Ce n’est pas juste une situation financière que l’on doit résoudre, nous tenons compte de la personne dans sa globalité : sa situation familiale et professionnelle, son environnement… » indique Marie-Laure Lazzaroni, qui résume l’accompagnement par « de l’écoute, de l’empathie, de la bienveillance, de l’expertise, de la pédagogie, l’absence de jugement et du soutien le temps nécessaire ».

Des profils et des causes diverses

79 % des personnes accompagnées par les Points Passerelle sont des employés, des ouvriers ou des demandeurs d’emploi. Les causes de leurs difficultés sont une perte d’emploi (21 %), une maladie, une invalidité ou le décès d’un proche (20 %), une séparation (16 %) ou des difficultés de gestion budgétaire (18 %). « Souvent les personnes connaissent mal, voire pas du tout leurs droits et ils ne disposent pas des notions budgétaires de base. C’est ce qui nous a incités en 2015 à mettre en place des ateliers budgétaires auprès des jeunes » poursuit la directrice du dispositif. Un jeu nommé Kahoot sert de support d’animation à ces ateliers en donnant des éléments de base de gestion budgétaire. « Utiliser un jeu numérique parle mieux aux jeunes » explique Sophie Grandjean, coordinatrice pédagogique et déléguée pour la Haute-Marne de l’École de la 2e chance. Brigitte Claudon, bénévole au Point Passerelle de Chaumont, apprécie l’interactivité de Kahoot. « Son aspect visuel et ludique provoque un certain dynamisme et une compétitivité auprès des jeunes. Le jeu facilite les échanges, parfois sur un sujet qui n’était pas prévu et ça permet de les sensibiliser sur différents thèmes et de les mettre face à des situations auxquelles ils seront confrontés à l’avenir ». Pour Remy Renaud, bénévole au Point Passerelle de Dijon, ces sessions sont un très bon moyen de sensibilisation. « On explique comment organiser et hiérarchiser ses dépenses par rapport à son budget. Comment gérer ses courses, éviter les arnaques en ligne. On aborde les moyens de paiement, l’épargne, le crédit, les assurances, le logement… ». « En tant qu’entité économique, notre responsabilité sociétale est très forte, il faut faire attention à ce que toutes les personnes en difficulté puissent trouver des solutions » indique Jean-Yves Remillet, président du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne. Il met en avant « la grande particularité d’être une banque coopérative et mutualiste : elle est née par son territoire pour son territoire ». En 15 ans, les Points Passerelle Champagne-Bourgogne ont formé plus de 6 000 jeunes et accompagné 8 300 personnes, dont 70 % ont retrouvé une situation stable. Au niveau national, on dénombre 80 Points Passerelle répartis sur 33 caisses régionales, regroupant 134 conseillers et 700 bénévoles. Près de 11 500 personnes ont été accompagnées l’année dernière et 12 000 jeunes ont été sensibilisés.