Présidentielle 2022
Présidentielle 2022 : les candidats face aux questions agricoles

Nicole Ouvrard (Réussir Agra)
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En passant au peigne fin le programme des candidats à la présidentielle, on constate des thématiques communes, comme la souveraineté alimentaire, ou une meilleure rémunération des agriculteurs. En revanche, les propositions les plus clivantes sont celles sur le modèle pour la Ferme France.

Alors que les Français ont redécouvert la notion de pénurie alimentaire lors du premier confinement lié à la crise Covid, on peut déplorer qu’ils aient la mémoire courte car les sujets de l’agriculture et l’alimentation ne font pas partie des thématiques de cette campagne présidentielle. Que contiennent les programmes politiques des candidats autour de l’agriculture et de l’alimentation ? C’est ce qu’a voulu mettre en évidence le groupe Réussir Agra dans le cadre des Controverses de l’Agriculture et de l’Alimentation le 15 février, en invitant neuf candidats ou leur représentant. Cet évènement était organisé en partenariat avec le Salon de l’Agriculture, le Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof) et le Syndicat national de la presse agricole et rurale (SNPAR).

Restaurer une souveraineté alimentaire

L’épisode Covid a influencé les candidats car il est beaucoup question de souveraineté alimentaire. Sur les neuf programmes analysés, plusieurs parlent d’augmenter la part des produits locaux dans la restauration collective, sorte de prolongement de la loi Égalim. C’est Marine Le Pen (RN) qui va le plus loin en proposant 80 % de produits alimentaires français dans les cantines. Cet objectif est parfois associé à une politique d’aide alimentaire. L’idée du chèque alimentaire fait son chemin, y compris pour Emmanuel Macron (LREM). Fabien Roussel (PCF) propose un Fonds alimentaire national de 10 Mrds€ pour généraliser le repas à 1 € dans les cantines scolaires. Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) propose une « Sécurité sociale de l’alimentation » : un chèque de 100 à 150 euros par mois et par foyer les plus modestes, à dépenser dans des circuits de distribution labellisés pour développer les filières locales.

Quel modèle pour la Ferme France ?

Il est un point sur lequel les programmes politiques divergent fortement : celui du modèle pour la Ferme France. Yannick Jadot (EELV) veut aller vers la fin des pesticides à échéance 2035 et la fin des élevages en cage. Jean-Luc Mélenchon parle d’une « agriculture paysanne et écologique » et d’une sortie de l’élevage industriel. Anne Hidalgo (PS) évoque 30 % de SAU en bio à l’horizon 2030 et les tiers restants engagés dans des processus agroécologiques.

Le marqueur des pesticides

Si la majorité des autres candidats reconnaît la nécessité de réduire l’usage des pesticides, leur volonté affichée est de ne pas le faire tant qu’il n’existe pas de solutions alternatives. Nombreux sont ceux qui veulent mettre fin à la surtransposition des normes, afin d’éviter que ne rentrent sur le territoire national des produits agricoles n’ayant pas les mêmes exigences environnementales ou de bien-être animal que celles imposées en France. Un discours souvent entendu, jamais mis en œuvre jusqu’alors. Pour transformer l’agriculture, LREM et LR veulent, quant à eux, s’appuyer sur les nouvelles technologies, y compris les NBT (New breeding technologies, nouvelles techniques de sélection végétale) dans le domaine de la génétique. Quant à Éric Zemmour, il soutient la robotique, mais pour se passer de la main-d’œuvre étrangère !