Tour de plaine bio
Partage des connaissances

Chloé Monget
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Le 23 février, la Chambre d’agriculture de la Nièvre organisait une demi-journée d’échanges sur les exploitations de Vincent Cintract et de Nicolas Johanet sur la commune de Donzy ; l’occasion de revenir sur ses pratiques et les changements de la réglementation Bio.

Partage des connaissances
Vincent Cintract dispose de 160 ha en Bio dans la Nièvre et de 690 ha en bio dans l'Yonne.

« Je suis passé en bio afin de retrouver une indépendance face à la chimie. Aujourd’hui, mes seuls intrants sont l’achat de fumiers et de composts pour fertiliser mes sols. La production de céréales Bio nécessite plus de travail notamment dans la recherche constante de nouvelles techniques pour le désherbage, ce qui est passionnant tout en étant gratifiant. Il me semble normal de partager mon expérience avec mes confrères et qu’ils partagent la leur avec moi, afin que nous maîtrisions mieux la production des cultures bio » pointe Vincent Cintract accueillant sur son exploitation à Donzy la demi-journée organisée par la Chambre d’Agriculture de la Nièvre. Il était d’ailleurs accompagné par Bertrand Arrault son salarié et bras droit.

Matériel

De nombreux sujets ont été abordés par Philippe Jaillard (conseiller d’Entreprise et conseiller Bio élevage et grandes cultures) et François Bonal, (conseiller productions végétales, référent grandes cultures en agriculture biologique, missions d’accompagnement sur les bassins-versants). Parmi ceux-ci, du côté désherbage, une des problématiques en culture bio, a été évoqué l’utilisation de la herse étrille : « ne peut être utilisée qu’au stade maxi de 4 feuilles pour les adventices, car passé celui-ci, il est plus difficile de désherber efficacement. La roto-étrille, quant à elle, peut s’employer à des stades plus tardifs des plantules d’adventices. Dans tous les cas, il faut s’assurer dès le semis de la densité suffisante et de la profondeur pour pouvoir intervenir avec du désherbage mécanique ». Autre point évoqué, le triage de la récolte lors de la moissonneuse : « afin de rendre sa marchandise la plus propre possible pour pouvoir espérer une meilleure valorisation » souligne Philippe Jaillard.

Des conseils utiles

Côté semence, il stipule : « je ne conseillerai jamais assez à ceux se procurant leurs semences en dehors de leur exploitation d’en trouver chez des personnes qui ont des similitudes de sol avec leurs propres parcelles. Il faut faire attention également à la densité de semis car on peut avoir une limite dans la réserve hydrique du sol et donc que la production en souffre, à cause d’un trop fort peuplement qui occasionne des petits grains ». Il pointe aussi que l’utilisation des fertilisants naturels qui doit se faire dans certains cas avec prudence. « Si le sol est très nourrissant, cela va permettre aux adventices, comme le vulpin ou le ray-grass de proliférer et donc demandera des traitements mécaniques plus réguliers ».

Prendre une décision

L’après-midi, c’est conclu par la visite de parcelles des deux agriculteurs. Ceci a permis d’apprécier les implantations de parcelles de : blé d’hiver, d’avoine d’hiver, petit épeautre ainsi qu’une parcelle de mélanges céréales-protéagineux (blé + féverole). « L’état de salissement ou de propreté a pu être visualisé : prémices permettant de prendre les bonnes décisions dans les prochaines semaines concernant le désherbage mécanique des cultures. Le tout en attendant de bonnes conditions climatiques pour assurer un ressuyage des sols corrects pour réaliser les travaux de désherbage et d’ouverture de sols pour la future culture de printemps et d'été » conclu Philippe Jaillard.

 

Ajustements

La nouvelle réglementation Bio entrée en vigueur le 1er janvier 2022 a été évoquée et plus précisément sur l’utilisation de semences, des adjuvants, ainsi que certaines règles en matière d’élevage sur le bien-être animal, le logement, l’alimentation et les nouvelles dérogations pour certaines actions à demander à l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) - www.inao.gouv.fr

 

Entraide

Pour cette rencontre, une dizaine d'exploitants avaient fait le déplacement, à l'image de Guy Lahaussois, exploitant sur la commune de Ciez : « Il y a une certaine solidarité entre les exploitants bios qui permet de trouver des solutions ensemble. Nous mettons en commun nos connaissances ainsi que notre matériel pour nous perfectionner ».