Élevage laitier

En logettes à six mois

Inspiration allemande ! Vincent Gardey, 29 ans, s’est déplacé plusieurs fois outre-Rhin pour imaginer et concevoir un dispositif innovant : des logettes pour ses jeunes animaux. « L’idée est d’adapter au plus vite les génisses au modèle d’élevage qu’elles auront plus tard chez nous. Dès 6 mois, nous les mettons dans des petites logettes avec matelas, sur sol bétonné et avec une aire raclée », indique le jeune éleveur, qui poursuit : « elles se couchent, se relèvent dans des tubes, marchent sur un sol plus dur et plus humide, pour qu’elles aient moins de problèmes par la suite. Lors de mes visites en Allemagne, je l’ai bien vu, leurs jeunes animaux sont plus forts dans les pattes que les nôtres. Avant cette installation datant de l’an passé sur notre exploitation, nous laissions les génisses en aire paillée jusqu’à l’âge de 27 mois. Quand elles passaient dans le bâtiment pour vaches, lui aussi en logettes, elles cherchaient leurs repères pendant plusieurs jours. Pour environ 10 % d’entre elles, le refus de se coucher était catégorique et cela posait forcément problème… Et même pour les autres : il y avait toujours un stress dû à ce changement d’environnement et d’habitudes. Cela n’est pas favorable à la production laitière, surtout en plein démarrage de la lactation. C’est à ce moment-là que les besoins en énergie sont les plus importants. Or, la Simmental doit déjà se remettre de son vêlage… Ce stress n’est vraiment pas le bienvenu ». Vincent Gardey, qui n’a pas encore assez de recul pour évaluer les bienfaits de son installation, vise une meilleure longévité de ses animaux, une meilleure production et davantage de souplesse dans le « management » de ses bovins. Ces logettes permettent également une économie de paille considérable pour le Gaec Gardey, qui n’était pas encore autonome sur ce poste. « Désormais, nous n’utilisons plus la moindre quantité de paille sur nos génisses dès 6 mois. Rien que sur cet aspect, et sans prendre en compte les futurs impacts sur la santé et la production, le retour sur investissement de l’installation se fera en moins de trois ans, en se basant sur un prix de la paille à 50 euros/t », indique l’éleveur de 150 vaches Simmental, associé à son père Pascal. Lors des journées bâtiments auxquelles le Gaec Gardey a participé cette fin de semaine, les visiteurs ont également pu découvrir un toit de 2000m2 isolé en panneaux sandwich : « nous étions en fibrociment jusqu’à présent. L’idée est de s’adapter au mieux changement climatique. Nous avons été épargnés l’an passé mais les deux étés 2019 et 2020 ont été très rudes pour les vaches, avec de fortes températures. Nos ventilateurs et brumisateurs ne suffisaient plus. Nous perdions 2 litres de lait par vache et par jour. L’objectif est encore une fois de gagner en performances. Là, le retour sur investissement est plus difficile à chiffrer : s’il se fait sur sept ans, il faudra avoir gagné 0,2 litre par vache et par jour sur l’année, ou un litre en période estivale. Ce n’est pas facile de l’évaluer car le lait que nous perdons l’été est aussi couplé à une remontée moins rapide de la production à l’automne ».