Sécurité routière
Bien conduire n'est pas une option

Christopher Levé
-

En décembre, beaucoup ont sans doute remarqué les voitures accidentées installées dans la galerie marchande de la Fontaine des Clairions, à Auxerre, ainsi qu'au Leclerc de Sens. Ceci était une campagne de sensibilisation à la sécurité routière, mise en place par la préfecture du département, pour prévenir des dangers de la route, quelques jours avant les festivités de la fin d'année. 

Préfecture
Si le nombre de tués sur les routes icaunaises a baissé en 2023, celui-ci reste toutefois encore élevé (30, au 10 décembre 2023).

« Cette opération, dans une galerie commerciale, où il y a beaucoup de personnes qui passent du matin au soir, a pour objectif de sensibiliser le grand public, à la veille des fêtes de fin d’année, sur le fait que conduire peut être un danger notamment lorsque c’est lié à des comportements addictifs comme l’alcool ou la vitesse », lance Pascal Jan, préfet de l’Yonne.
Entre la mi et la fin décembre, des véhicules accidentés ont été placés dans la galerie marchande de la Fontaine des Clairions à Auxerre ainsi qu’au Leclerc de Sens pour attirer l’attention des Icaunais dans leur quotidien et les sensibiliser aux dangers de la route et aux bonnes pratiques à adopter. Car si 2023 a été « une année charnière », comme la qualifie le préfet, avec « une décrue relativement significative en termes d’accidents et de blessés (- 24 % pour les accidents, - 14 % pour les tués et - 26 % pour les blessés, pour un total, au 10 décembre, de 155 accidents, 30 tués et 186 blessés, ndlr), un tiers des personnes tuées sur les routes icaunaises l’ont été courant novembre. « Pour cette raison, j’ai réagi assez fortement. Ce sont des accidents principalement liés à la vitesse et à l’alcool, mais aussi aux stupéfiants. D’ailleurs, à ce sujet, en octobre dernier j’ai modifié un arrêté afin que les gens qui conduisent sous stupéfiants voient leur voiture immobilisée au minimum 7 jours. Dans ces cas, ces véhicules sont avant tout des armes et n’ont rien à faire sur la voie publique », assure Pascal Jan.

Des morts, oui, mais aussi des handicapés à vie

En 2019, une campagne de sensibilisation à la sécurité routière de ce type avait déjà eu lieu dans l’Yonne, où des voitures avaient été installées sur certains ronds-points du département. « C’est quelque chose qui interpelle les personnes. Entre voir une voiture accidentée à la télévision ou la voir réellement, cela peut déjà opérer quelques changements de comportements grâce à une plus grande prise de conscience de la réalité », continue le préfet de l’Yonne. « Là, il n’y a pas seulement une voiture accidentée, il y a aussi un stand dédié à la sécurité routière, avec des personnes présentes qui sont là pour répondre aux questions des citoyens. Et un certain nombre de documentations sont disponibles pour sensibiliser les automobilistes et les motards aux dangers de la route, pour eux-mêmes comme pour les autres. On l’oublie souvent, mais on n’est pas seul sur la route. En 2023, beaucoup de chocs frontaux sont à déplorer ».
Faire cette campagne de prévention avant les fêtes de fin d’année était bien sûr loin d’être anodin. « On craint toujours qu’il y ait des excès lors des fêtes de fin d’année. Ce sont des réunions entre amis ou en famille, durant lesquelles les gens consomment souvent plus l’alcool que lors des autres jours de l’année. Ce sont des périodes à risque ». Les contrôles ont d’ailleurs été renforcés pour cette période, « pour faire en sorte que les gens passent de bonnes fêtes et rentrent chez eux sain et sauf ».
Le préfet souligne aussi que les accidents de la route ne se résument pas seulement aux morts, « c’est aussi le nombre d’invalidités permanentes de milliers de personnes, chaque année, qui impactent des vies de famille. Chacun peut se rendre compte de cela autour de soi, de ce qu’est la vie d’un handicapé ».

Rappeler le caractère de « priorité à droite »

2024 commence tout juste, avec déjà de prochaines actions à venir ? « On est en train d’y réfléchir en fonction de l’analyse de l’accidentologie dans l’Yonne », répond Pascal Jan. « Par exemple, on a vu que sur le mois de novembre, outre la vitesse et l’alcool, qu’il y avait un grand nombre d’accidents graves qui étaient dus à des refus de priorité à droite. C’est un sujet sur lequel on va mener des réflexions, avec les élus des communes. Ensuite, il faut savoir que l’Yonne est un département très traversé sur les nationales et les autoroutes, par les automobilistes et les motards. Alors, dès le mois de janvier, je demande systématiquement, pour chaque accidenté, si les personnes résident ou non dans l’Yonne », indique-t-il. « Cela a une importance. On s’aperçoit que parmi les derniers gros accidents mortels qui ont eu lieu dans l’Yonne, les personnes impliquées résidaient dans l’Aube, la Nièvre, le Loiret et la Seine-et-Marne. Ce sont donc des personnes qui n’avaient peut-être pas suffisamment connaissance du réseau routier icaunais. Il faudra voir avec le département comment on peut agir à ce sujet, peut-être en mettant en place des panneaux/affiches d’information lorsqu’on entre dans le département ».
Le préfet du département annonce enfin avoir demandé en 2023 les antécédents judiciaires pour conduite en état d’ivresse ou sous stupéfiants des accidentés mortels. Chose qu’il reproduira cette année. « La réalité est très claire : sur 30 tués dans l’Yonne en 2023, 10 avaient des antécédents judiciaires. Ces éléments interrogent. Avec ma directrice de cabinet, nous sommes en train de mettre en place un plan contre les addictions, notamment en ruralité ». Cela, toujours dans la même optique : « faire en sorte qu’il n’y ait pas d’accident sur les routes », conclut Pascal Jan.

Préfecture
Pascal Jan, préfet de l'Yonne, et sa directrice de cabinet, Clémence Choutet, se sont rendus devant le stand de la sécurité routière situé dans la galeries marchande de la Fontaine des Clairions, à Auxerre, le mardi 19 décembre.