Installation
Installer des maraîchers en les accompagnant

Christophe Ledoux
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Proposer des installations clé en main à des maraîchers autour de centres urbains, telle est l’ambition des SCIC de La Ceinture verte. Une coopérative d’intérêt collectif existe déjà en Drôme et dans le Pays du Béarn et une autre est en cours de création sur le territoire de Limoges Métropole.

Installer des maraîchers en les accompagnant
Devant les tunnels de La Ceinture verte à Granges-les-Beaumont, dans la Drôme : Coralie Sicard (stagiaire en fin d’étude d’ingénieur agronome), Manuel Linot (directeur de SCIC La Ceinture verte Drôme) et Thierry Leduc (maraîcher installé en mars 2021). (Crédit L’Agriculture Drômoise)

Faciliter l’installation en maraîchage bio autour des agglomérations, tel est l’objectif de la SAS La Ceinture verte groupe, qui se décline sur les territoires sous forme de Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Son principe : fournir des terrains équipés et un appui technique à travers un réseau d’accompagnement à la production et à la vente en contrepartie d’une cotisation mensuelle. Un premier projet a été lancé en 2019 autour de l’agglomération de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Fort de cette expérience réussie, SAS La Ceinture verte a décidé d’essaimer en d’autres régions, en commençant dans la Drôme. Une SCIC baptisée « La Ceinture verte Drôme » a été créée par Valence Romans Agglo, la Chambre d’agriculture de la Drôme et la SAS La Ceinture verte groupe. Chacun des cofondateurs a investi 80 000 euros. « C’est ce qu’il nous fallait pour faire démarrer le projet », explique Stéphanie Oliveira, membre du bureau de la Chambre d’agriculture et présidente de La Ceinture verte Drôme. 

Cotisation mensuelle

Cette somme a servi à acquérir un terrain de huit hectares à Granges-les-Beaumont, près de Romans-sur-Isère, afin d’y installer quatre maraîchers. A chacun, La Ceinture verte Drôme fournit deux hectares de terre, un accès à l’irrigation, 1 500 m2 de tunnels et 100 m2 de bâtiment d’exploitation. En contrepartie, ils paient une cotisation mensuelle de 550€. Le matériel et les consommables ainsi que les plants sont à la charge des exploitants. La mise à disposition du foncier se fait sous la forme d’un commodat avec La Ceinture verte Drôme prévoyant un droit au maintien sur le site pendant au moins 18 ans. Les maraîchers ont le choix de leur statut et de l’organisation de leur production. Ils sont indépendants tout en étant intégrés dans un collectif en tant que membres de la SCIC. En amont, plusieurs études agronomiques ainsi que des analyses de sol ont permis de s’assurer de la compatibilité de cette surface avec une activité maraîchère. Deux exploitants sont installés. La Ceinture verte s’adresse à des maraîchers déjà formés, avec au moins une saison complète d’expérience et souhaitant s’installer en bio. Une trajectoire de 25 000€ de chiffre d’affaires la première année et 60 000 € à terme sont des repères de réussite atteignables. « Au bout de quatre ans, l’objectif est d’arriver à un chiffre d’affaires minimum de 40 000 euros afin de dégager un Smic, précise Stéphanie Oliveira. On est là pour installer durablement sur un système viable. » La structure s’est dotée d’un directeur. « Dès que le terrain nous a été attribué, on n’a pas attendu le début des travaux pour rechercher des porteurs de projets, une tâche qui incombe au directeur de la SCIC, souligne Stéphanie Oliveira. Son rôle consiste aussi à coordonner les travaux sur les îlots, apporter son aide aux maraîchers en cas de difficulté, les aider à chercher du matériel, à développer la vente. » Sa mission est également d’assurer le développement de Ceinture verte Drôme sur d’autres îlots dans le département. « Au-delà de l’accessibilité au foncier et des investissements nécessaires pour s’installer, on se rendait compte que les maraîchers avaient besoin d’un appui technique dans la durée, ajoute Stéphanie Oliveira. D’où l’idée d’un tutorat avec des maraîchers drômois expérimentés et l’accompagnement apporté par la Chambre d’agriculture. De plus, dans chaque îlot, les maraîchers sont encouragés à se concerter pour acheter du matériel en collectif (afin de diviser les coûts), à se regrouper pour offrir des capacités de vente solide. » 

Nécessité d'une volonté politique

Pierre Pezziardi, président de La Ceinture verte groupe, ne cache pas son ambition de développer partout en France une centaine de SCIC et plusieurs milliers de fermes de proximité. « La relocalisation en circuits courts d’une partie de la production agricole n’est pas un challenge uniquement à Valence ou dans la Drôme », déclare-t-il avant d’ajouter : « Un tel objectif n’est atteignable que s’il existe, comme dans la Drôme, un consensus politique entre les collectivités et la Chambre d’agriculture sur la nécessité d’une telle démarche. » Le président de Valence Romans Agglo, Nicolas Daragon, porte, lui aussi, une ambition forte en annonçant sa volonté de développer « une centaine d’hectares, soit cinquante exploitations à taille humaine sur l’agglomération. Notre objectif est d’augmenter l’autonomie alimentaire de notre territoire et transformer des terrains "économiques” en foncier agricole. » 

Note de bas de page : www.laceintureverte.fr