Reproducteurs charolais
Du bon et du moins bon

AG
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La Fédération charolaise de Côte-d'Or s'est réunie en assemblée le 17 mai à Cussy-la-Colonne. Le bilan d'activités de l'année écoulée, le contexte agricole et la vente directe étaient au programme.

Du bon et du moins bon
Laurent Choubley présidait sa première assemblée.

Quoi de beau à la Fédération charolaise ? Cette association qui vise à promouvoir le charolais en Côte-d'Or se satisfait tout d'abord de ses dernières opérations commerciales, par la voix de son président Laurent Choubley : « Nos derniers rendez-vous ont bien marché, avec un certain nombre de visites et d'achats de reproducteurs à l'automne chez nos adhérents, preuve que la qualité de notre génétique n'est plus à démontrer. La seule déception vient peut-être de nos dernières journées commerciales de printemps. La date retenue n'est peut-être pas optimale, nous arrivons un peu après tout le monde... Peut-être nous faut-il avancer cette opération au mois de janvier, cela fait partie de nos réflexions ». Un autre projet est en train de mûrir au sein de la Fédération, celui d'organiser une grande exposition à Saulieu : « rien n'est encore calé, mais l'idée serait de réunir de nombreux reproducteurs à l'automne à l'espace Jean-Bertin, sans toutefois tenir le moindre concours. Nous allons sonder les éleveurs de Côte-d'Or et même ceux des départements limitrophes pour voir si ce projet peut avoir de l'intérêt à leurs yeux, l'objectif étant de recréer une dynamique collective dans notre race ».

Ça flambe

Les discussions sur le contexte agricole sont allés bon train lors de ce rendez-vous du 17 mai. Les cours de la viande sont en nette hausse depuis le début d'année et, même si ces derniers semblent désormais stagner, cette embellie fait clairement le plus grand bien aux producteurs. « Malheureusement, les charges flambent elles aussi. Les prix des matières premières vont rester très élevés, aucune baisse n'est prévue à l'horizon », tempère Laurent Choubley, qui redoute une « grosse gifle » dès l'automne pour les éleveurs les moins autonomes. Dans ce contexte de hausse des cours de la viande, Laurent Choubley reconnaît que l'intérêt de la génétique est d'autant plus grand : « il y a encore plus à gagner et à économiser, c'est certain. Avec des cours à 5 euros/kg voire plus, le prix d'un bovin de 500 kg n'est pas le même qu'un autre à 400 kg. Il y a aussi tout ce qui touche aux qualités maternelles, de nombreuses charges peuvent toujours être diminuées par la génétique. Celle-ci a, quoiqu'il arrive, toujours de l'intérêt, quelque soit le contexte ». Le président de la Fédération observe une stagnation des cours de la viande concernant les animaux de masse musculaire importante. En parallèle, la demande est plus importante pour la viande de moindre gamme (taureaux, vaches laitières) qui rentre en grande partie pour la fabrication de viande hachée, très prisée aujourd'hui. Dans cette catégorie d'animaux, les cours se sont enflammés ».

Quid de la vente directe

Une visite de l'exploitation du Gaec Terrand, à Cussy-la-Colonne, était proposée après cette réunion en salle. Les conséquences de la hausse de la viande et des charges sur la vente directe ont été discutées dans cette ferme qui opte pour ce mode de commercialisation depuis de nombreuses années. « À l'évidence, les éleveurs qui vendent en direct ne peuvent pas toujours répercuter la hausse de leurs charges dans leurs colis de viande, cela devient problématique pour eux. Nous l'avons bien vu lors de cette présentation, la vente directe devient moins attractive en ce moment, avec les cours actuels du marché et ce haut niveau de charges », réagit Laurent Choubley. Une présentation de Mathieu Javelle, conseiller à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, a confirmé ces difficultés : « avec la vente directe, les éleveurs allaient généralement chercher une plus-value d'un peu plus d'un euro/kg. Dans le contexte actuel, nous sommes bien en-dessous. Des producteurs qui vendaient leur viande entre 12 et 13 euros/kg ont pu augmenter leurs tarifs pour compenser en partie la hausse des charges, mais pour ceux qui étaient déjà aux environs de 15 euros/kg, les possibilités sont forcément limitées. Leur plus-value moyenne par rapport au prix du marché varie souvent entre 70 et 80 centimes/kg aujourd'hui ».

 

Note d'optimisme

Le contexte est très particulier en ce moment avec un nombre d'éleveurs qui diminue et continuera de diminuer. Dans certaines régions, des agriculteurs vont privilégier la culture de céréales avec leurs cours attractifs. Les départs en retraite se multiplient avec une moyenne d'âge des chefs d'exploitation qui ne cesse d'augmenter. Certaines reprises d'exploitations restent pour leur part difficiles. « Tout cela n'est que constat, je ne désire pas noircir le tableau, je reste d'une nature optimiste », conclut Laurent Choubley, « l'agriculture vivra quoiqu'il arrive, d'autant qu'une agriculture très raisonnée se met en place, les jeunes en sont conscients, faisons leur confiance pour mener à bien de nouveaux objectifs prometteurs. La Fédération charolaise, dans ce contexte, détient un rôle prépondérant pour la vie de sa race et saura, j'en suis sûr, s'adapter en restant unie et à l'écoute de tous les éleveurs ».