Méteils
Des cultures à tout faire

AG
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La Chambre d'agriculture a organisé un rendez-vous dédié aux méteils, près d'Arnay-le-Duc.

Des cultures à tout faire
Romain et Daniel Jarlot cultivent des méteils à Saint-Prix-lès-Arnay.

« Méteils » : il y a cinq ans, peu d'agriculteurs employaient ce mot. Aujourd'hui, peu de monde n'en parle pas. Ces  associations d'une ou plusieurs graminées, avec une ou plusieurs légumineuses, ont clairement la cote. Matthieu Javelle, conseiller fourrages à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, explique leur intérêt grandissant par la recherche d'autonomie et la quête de nouvelles têtes de rotation : « les méteils sont en mesure d'apporter un certain nombre de réponses. Il ne mobilise la parcelle que quelques mois ce qui permet potentiellement de faire une seconde récolte, c'est un avantage certain ».

« Un couteau suisse »

Une demi-journée technique était dernièrement dédiée à ces mélanges d'espèces, avec un rendez-vous organisé au Gaec du petit Nanteux de Saint-Prix-lès-Arnay. « Un méteil est un peu comme un couteau suisse : il est possible de faire beaucoup de choses avec, mais si l'on ne prend pas le bon outil, on ne parvient pas à ses fins », illustre Matthieu Javelle, qui évoque un large panel de valeurs alimentaires : « celles-ci peuvent aller du simple au double selon l'itinéraire choisi. L'agriculteur peut privilégier la quantité pour combler un manque de fourrages, les valeurs alimentaires ne seront pas forcément très élevées dans ce cas précis. À l'opposé, il est possible de viser des méteils riches en protéines pour servir de base à l'engraissement des animaux. Nous sommes dans deux mélanges, deux objectifs totalement différents. Au milieu, nous trouvons des mélanges un peu plus équilibrés qui vont concilier rendements et qualité ». Le technicien rappelle plusieurs règles à bien respecter : « plusieurs étapes sont essentielles dans la réflexion. Il faut tout d'abord savoir pour quelles catégories d'animaux l'agriculteur va cultiver un méteil. L'exploitant va ensuite déterminer les espèces et les variétés à implanter. La période de récolte et la culture qui suivra devront aussi être connues ».

Une piste avec la Pac

Les coûts de productions ont également alimenté les discussions : « nous sommes dans les mêmes ordres de prix que les prairies temporaires, de 90 euros la tonne de matière sèche pour des mélanges riches en céréales avec un objectif de rendement, jusqu'à 140 euros pour des mélanges riches en légumineuses récoltées précocement », chiffre Matthieu Javelle. En ce qui concerne le devenir de la parcelle récoltée, l'agriculteur peut opter pour une culture de vente ou une culture fourragère : « le méteil offre la possibilité de se lancer dans une deuxième culture la même année, avec les risques que cela comporte. Les prix de la plupart des cultures de vente étant élevés ces derniers temps, le jeu en vaut peut-être la chandelle. Pour les cultures fourragères, le risque financier est certainement plus important face aux charges de mécanisation, sans oublier le contexte climatique incertain. C’est pourquoi nous allons essayer d’associer une prairie riche en légumineuses sous couvert de méteils qui peut rester une ou plusieurs années. L’objectif étant également d’aller chercher l’aide légumineuse fourragère afin d’amortir le risque financier ».

 

 

 

Témoignages De bonnes impressions

Daniel et Romain Jarlot, agriculteurs à Saint-Prix-lès-Arnay, cultivent des méteils depuis trois ans. Ces deux éleveurs de 180 vaches charolaises avaient tenté pour la première fois l'expérience en période de sécheresse, « histoire » de sécuriser leurs stocks fourragers : « Nous nous étions lancés avec un mélange de triticale, d'avoine, de pois et de trèfle incarnat, semé à l'automne en même temps que le blé. Quatre-vingt-dix unités d'azote avaient été apportées, le tout avait été récolté début mai lors de l'épiaison du triticale ». Un rendement « plutôt correct » avaient motivé les deux Côte-d'oriens à continuer. Plusieurs changements ont toutefois été apportés depuis : « nous ne semons plus du maïs derrière, par peur que cette culture décroche ou ne soit pas semée à temps. Cette année, nous avons semé du sorgho derrière le méteil. Autre modification désormais : nous utilisons un mélange acheté à TMCE, le prix des semences est peut-être plus élevé mais nous pensons avoir une meilleure qualité ». Daniel et Romain Jarlot se disent globalement satisfaits de leurs méteils, mais restent à chaque fois attentifs aux résultats des analyses fourragères. Les deux agriculteurs envisagent de poursuivre l'aventure avec l'idée de semer du ray-grass en même temps que leurs méteils.