Agroécologie
Une première réussie pour la Croisée des Champs

Berty Robert
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L’évènement, organisé le 25 avril à Bretenière, près de Dijon, était inédit. Il a offert une large variété de points de vue sur la transition agroécologique et les voies multiples de sa mise en œuvre.

Une première réussie pour la Croisée des Champs
Cette première Croisée des Champs se voulait un point de rendez-vous entre différentes approches de la transition agroécologique. (Crédit photos Mathilde Rivière)

Des start-up, des conférences, beaucoup d’échanges, des visites de parcelles expérimentales, des débats, des rencontres entre professionnels… La 1re Croisée des Champs, organisée par le pôle régional d’innovation en agroécologie Agronov, le 25 avril à Bretenière, près de Dijon, n’aura pas trahi son ambition de départ : aborder la transition agroécologique sous un maximum d’angles. Dès l’introduction de la journée, le ton était donné : comment les différents acteurs concernés (agriculteurs, Chambres d’agricultures, organisations professionnelles, chercheurs, entreprises) pouvaient participer à la bonne mise en œuvre d’une transition qui est déjà à l’œuvre, mais qu’il faut pouvoir maîtriser, afin de préserver le secteur économique que représente l’agriculture ? Changement climatique, restrictions d’usage de produits phytos, baisse de rendement de certaines cultures obligent à s’interroger sur la refondation de notre modèle agricole et c’est à cela que s’attelait cet événement.

Troisième révolution agricole

L’intervention, remarquable et appréciée, d’Alain Savary, ancien dirigeant de coopératives puis d’Axema, la structure interprofessionnelle liée à l’agroéquipement, aujourd’hui à la tête du cabinet de conseil Iridos, portait sur la manière de s’appuyer sur les deux premières révolutions agricoles (celle du XVIIIe siècle et celle ayant suivi la Seconde guerre mondial) pour s’assurer de la viabilité de la troisième : la révolution agroécologique. Une intervention qui permettait de comprendre que l’avenir ne peut pas se construire ex nihilo, mais en prenant en compte les acquis du passé, et en ayant conscience des excès ou erreurs qui ont pu être commis. À son intervention succédait celle de Philippe Parmentier, directeur général de Déméterre, la filiale agroéquipement de la coopérative Terre Comtoise. Il est revenu sur les multiples défis qui se posent à ce secteur, dans le cadre de la transition agroécologique : « Nous devons accompagner la production de matières premières en qualité et en quantité, afin de nourrir une population croissante, mais en préservant l’environnement et avec un nombre d’exploitations agricoles en baisse. Nous sommes des acteurs pleinement impliqués dans cette transition, et pas uniquement des vendeurs de matériel… » Il s’agit donc pour le secteur de fournir des technologies adaptées et performantes et, en parallèle, de faciliter l’éclosion d’innovations. Pour illustrer cela, le directeur général de Déméterre avait amené avec lui un pulvérisateur « intelligent » conçu par Écorobotix et attelé à un tracteur. Ce pulvérisateur est capable d’appliquer, de manière très précise et ciblée, la juste dose permettant d’éliminer des adventices.

Les agriculteurs n’ont pas attendu

La matinée s’est conclue sur une table ronde réunissant la recherche (Inrae), l’institut technique Terres Inovia, le président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, Vincent Lavier, le directeur général de Dijon Céréales, Christophe Richardot, Cyril Bon, représentant du secteur de l’enseignement au sein de la Draaf, Adrien Trouvadis, diplômé de l’Institut Agro Dijon, et, en tant que grand témoins, à nouveau, Alain Savary. En l’espèce, il s’agissait de comprendre la place que chacun des acteurs de la filière agricole doit prendre dans la transition agroécologique et comment ils peuvent la mettre en œuvre, à court, moyen et long terme. Vincent Lavier a pu insister sur le fait que les agriculteurs n’ont pas attendu la prise de conscience de la société dans sa globalité sur le changement climatique pour commencer à travailler concrètement sur de nouvelles conduites culturales, voire, des cultures inédites dans notre région. Pour confirmer cela, Christophe Richardot évoquait notamment la prise en compte, très sérieuse de la coopérative qu’il dirige dans la mise en place de cultures d’abricots en Côte-d’Or. Semis directs sous couverts, agriculture de conservation des sols, diversification croissante des assolements, agroforesterie ou préservation de la ressource hydrique font déjà aujourd’hui partie du quotidien de nombreux agriculteurs de la région, souvent regroupés en collectifs, de types Groupes d’étude et de développements agricoles (Geda). Adrien Trouvadis, qui travaille dans l’accompagnement de filières agricoles en développement, notamment en Afrique, soulignait combien des agricultures déjà sévèrement confrontées au changement climatique, peuvent être porteuses d’enseignements pour nos propres agricultures. La dimension expérimentale apparaît aussi essentielle dans cette transition agroécologique, avec les travaux menés par Terres Inovia destiné à trouver des solutions rapidement applicables, notamment pour préserver les cultures de colza, par exemple, ou avec l’Inrae, pour des solutions à plus long terme. La Croisée des Champs aura aussi permis à son public de visiter les parcelles expérimentales voisines de l’Inrae. Reposant sur une organisation solide, l’évènement appelle en tout cas des suites.