Assemblée générale de la FDSEA 58
Guerre et paix

Chloé Monget
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La FDSEA 58 organisait son assemblée générale le 27 avril dernier, au Marault avec au programme : présentation des comptes, compte-rendu des actions de l’année écoulée ou encore perspectives d’avenir, le tout teinté par le contexte géopolitique difficile.

Guerre et paix
L'Assemblée générale de la FDSEA 58 fut riche en dialogue et en variété de thèmes abordés.

« Nous nous sommes rassemblés pour combattre, et sur certains sujets nous avons eu gain de cause. Mais, nous devons continuer car rien n’est jamais fini » souligne Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58 lors de l’assemblée générale du 27 avril dernier.

Bilan

Ainsi, le compte rendu d’activité de 2021 a notamment mis en avant l’application de la loi Égalim 2 et la contractualisation avec la visite de collèges et de supermarchés par la section bovine. Un point a aussi été fait sur le travail – en lien avec la DDT et la Chambre d’agriculture - concernant les zones vulnérables, qui a permis de cibler les communes plus précisément. La réglementation sur les boisements a également été évoquée comme thème prenant pour 2021, avec diverses réunions organisées sur le sujet. Côté emploi, la FDSEA a souligné être en lien avec la Région afin de revoir les conditions du travail à la tâche. La section des Anciens a, de son côté, rappelé l’issue de son combat, datant de plus de 15 ans, pour la revalorisation des retraites des chefs d’exploitation et des conjoints collaborateurs. Enfin, l’engagement des JA de Château-Chinon, de Moulins-Engilbert ainsi que de tous les bénévoles a été salué pour leur action de communication positive lors du Tour de France. Emmanuel Bernard a insisté : « Nous sommes revenus à une activité dense, montrant ainsi la diversité des sujets que nous traitons. Nous conservons dans tous les cas une vision à court et long terme pour mener à bien les dossiers, et ce toujours avec passion et énergie ».

Les raisons de l’inquiétude

Malgré ces dernières, la table ronde organisée pour l’occasion, avec pour invités Thierry Pouch (responsable du service études références et prospectives à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture) et Yannick Fialip (membre du bureau et président de la commission économique de la FNSEA, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire et éleveur), a mis en lumière un avenir incertain, face à la situation géopolitique et à une pression toujours plus forte des Pouvoirs publics – et plus précisément Européens - sur les exploitants agricoles : faire du rendement en limitant les outils pour y parvenir.

Une situation complexe

« Les prix des matières ont dépassé ceux de 2008-2012 et rappellent ceux connus à la fin de la seconde guerre mondiale. Cette hausse est due au conflit en Ukraine » pointe Thierry Pouch avant d’ajouter : « Si ce problème mondial peut nous paraître loin, les conséquences se font déjà sentir sur les charges des systèmes agricoles locaux et ce dans presque toutes les filières. De plus, il y a un procédé d’arbitrage qui s’opère, notamment avec les produits bios qui sont aujourd’hui boudés ; le consommateur va au moins cher pour pallier la hausse des prix du chauffage ou encore du carburant. Forcément cela a aussi des répercussions sur les exploitants. S’ajoutent à cela les recommandations du Green Deal européen pour manger moins de viande, afin de réduire les importations et donc l’empreinte carbone… Tout cela remet également au goût du jour l’indépendance alimentaire, mais pose la question : par qui ? La France ? L’Europe ? ».

L’opportunité à saisir

Thierry Pouch poursuit : « Il faut aujourd’hui intégrer ses éléments géopolitiques dans la conduite des exploitations et se saisir de l’opportunité qui est donnée de réorganiser la société, en trouvant de nouvelles parts de marché. Les exploitants français ont répondu présents pour nourrir la population durant la pandémie ; ils sont donc capables d’aller plus loin s’ils ont des moyens à disposition et le soutien des consommateurs ainsi que des institutions ». Yannick Fialip continue : « Il faut retrouver un poids économique dans nos filières avec des leviers à mettre en place ». Parmi eux, il détaille : « nous devons remettre de la valeur dans nos productions en mettant un avant une qualité issue d’un savoir-faire particulier. Nous pourrions aussi imaginer un chèque alimentation durable pour les ménages les plus démunis pour leur permettre d’acheter des produits français. Nous devons également trouver une certaine résilience pour mieux gérer nos exploitations, ce qui nous permettrait de redonner du sens à notre métier. Nous devons également expliquer nos pratiques, car les attentes sociétales ne sont pas en accord avec les moyens dont nous disposons pour avoir une véritable compétitivité de production. Nous devons reprendre la main et nous affirmer pour continuer ». Emmanuel Bernard conclu : « Nous ne devons plus baisser la tête. Nous devons porter nos combats pour les mener à bien, et c’est aussi à nos élus de le faire avec nous. Nous pouvons réussir, mais collectivement ».

D'autres sujets

Durant les échanges, d’autres thèmes ont été abordés, comme l’emploi, avec la complexité de trouver des salariés ou les problèmes de reprises des exploitations. Emmanuel Bernard pointe d’ailleurs : « Nous devons présenter tous les métiers qui sont en liens avec l’agriculture afin d’attirer les jeunes dans nos filières. Nous avons des professions passionnantes, à nous de les mettre en avant ». L’attractivité du territoire a aussi été mise en cause dans la désertification des exploitations : « Si la Nièvre ne propose rien, les gens ne restent pas. Nous devons pouvoir leur montrer qu’il fait bon vivre ici, par de la communication » insiste Romaric Gobillot, président de la section bovine. Un appel aux bonnes volontés a enfin été fait pour que « chacun s’investisse dans l’outil qu’est l’abattoir de Corbigny, afin qu’il puisse rouvrir ses portes » explique Emmanuel Bernard. Enfin, il a annoncé sans détour : « nous n’accepterons pas que les dossiers d’installations ou de PCAE soient tranchés à Dijon ou Besançon comme le Conseil régional prévoit de le faire ».