Varenne de l'eau
Le ministère de l'Agriculture met en place une stratégie face au manque d'eau

Christophe Soulard
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Face au risque récurrent de manque d’eau, le ministère de l’Agriculture met en place une mission permettant d’accompagner les filières dans leurs nécessaires adaptations.

Le ministère de l'Agriculture met en place une stratégie face au manque d'eau
La situation de certaines régions en matière d'eau disponible est déjà préoccupante, selon le ministère de l'Agriculture. (Crédit ministère de l'Agriculture)

Au cabinet du ministre, on reconnaît que la situation de l’eau en France reste tendue malgré les dernières pluies tombées en janvier. « Nous sommes à six mois de la saison estivale. Des zones sont déjà en tension […] certains bassins accusent un déficit pluviométrique de 25 %. Nous sommes dans un contexte moins bon que l’hiver 2021-2022 », indique-t-on dans l’entourage du ministre. Cet élément justifie la mise en place d’une mission « production résiliente ». C’est cette annonce que le ministre a faite aux principales organisations professionnelles agricoles (dont la FNSEA et Chambre d’agriculture France) le 27 janvier. Cette mission souhaite accompagner les filières à se projeter à moyen et long terme dans l’adaptation au changement climatique. En effet, des régions comme la Bretagne et les Hauts-de-France commencent à planter de la vigne et même à produire du vin, tandis que certains agriculteurs bordelais plantent des oliviers. « Une hausse de 2 °C des températures fait remonter naturellement les cultures de 1 000 km vers le nord », assure-t-on au ministère. « Il faut donc accompagner les filières qui rencontrent des difficultés à se projeter mais aussi permettre le développement de nouvelles », soutient un conseiller.

Augmenter les moyens

D’ores et déjà, les treize plans régionaux d’adaptation au changement climatique sont prêts. « La matrice des instituts techniques a noté une centaine de leviers d’adaptations qui sont publiés sur le site de l’Association de coordination technique agricole (www.acta.asso.fr). Les plans d’adaptation par filière devraient quant à eux être présentés à l’occasion du prochain Salon international de l’agriculture. Mais certaines d’entre elles peinent à boucler le leur ». Cette mission « production résiliente » devrait leur permettre de franchir ce cap. « L’objectif est que cette mission les aide à faire un saut prospectif pour se projeter à 2050 », explique-t-on rue de Varenne. Des opérations de conseils pour l’adaptation vont être déployées dans les cours de ferme. Au total, le ministère envisage de former 10 000 exploitations par an pendant trois ans (2023-2026) sur les volets adaptation (aménagement foncier, nouvelles cultures…) et atténuation (réduction gaz à effet de serre, stockage carbone notamment). Il entend aussi presque doubler le nombre de conseillers formés aux outils de diagnostic : 1 600 contre 900 aujourd’hui. Une enveloppe globale de six millions d’euros devrait être prochainement débloquée pour ces deux actions. La prochaine loi d’orientation agricole pourrait généraliser un diagnostic « stress test climatique » lors de l’installation, pour permettre au futur agriculteur d’avoir une idée de l’impact du climat sur sa production et de lui faire prendre de meilleurs choix.