Énergie
France gaz croit dans la production de gaz agricole

Christophe Soulard
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L’association France Gaz se positionne clairement en faveur d’un développement de la production par le biais de l’agriculture.

France gaz croit dans la production de gaz agricole
Chez France Gaz on croit beaucoup au potentiel de production de gaz représenté par la méthanisation. (Crédit Animaflora)

France Gaz qui a tenu récemment une conférence de presse à Paris, a fait part de son ambition de doubler « l’objectif de consommation de gaz renouvelable inscrit dans les politiques publiques, à 20 % de la consommation totale de gaz d’ici 2030 », a fait savoir son président Jean-Marc Leroy. L’association qui a été créée en 1874 entend pour ce faire, « accélérer la production de biométhane » et le nombre d’unités correspondantes. À ce jour, la principale source de gaz renouvelable se trouve dans la production agricole. « Le gaz de demain ne sera plus importé et fossile, mais local et vert », a-t-il plaidé expliquant que la France avait le plus « fort potentiel de méthanisation de l’Union européenne ». Aujourd’hui, la capacité de production de biométhane atteint 10 Térawattheure (TWh). « Ce qui est déjà significatif même si c’est encore peu comparé aux 450 TWh de consommation annuelle de gaz », a-t-il ajouté.

Des sources complémentaires

Pour atteindre cet objectif, l’association va, avec son réseau d’adhérents, mettre environ 250 nouvelles installations en service. Cependant, Jean-Marc Leroy a tenu à préciser qu’il ne voulait « pas de cultures dédiées » pour alimenter les méthaniseurs et qu’il existe d’autres sources complémentaires tout aussi valorisables comme les déchets ménagers. Les dirigeants de France Gaz ne doutent pas que la souveraineté énergétique passera par le gaz renouvelable. Même si la notoriété de cette source d’énergie reste faible, ils savent compter sur le soutien de la population comme le montre un sondage qu’ils ont fait réaliser par l’Ifop. Seuls 15 % des sondés déclarent connaître le gaz vert et savoir précisément de quoi il s’agit. Ils sont aussi 35 % à en avoir entendu parler sans précisément déterminer la manière dont il est produit. En revanche, le gaz renouvelable, notamment issu de la méthanisation reste totalement inconnu du grand public. Néanmoins, après explications, ils sont 86 % à estimer que c’est une « solution innovante », 82 % à penser que le gaz vert est « une énergie d’avenir, disponible partout et pour tous ». Ils sont tout autant à considérer que c’est une solution pour la planète (82 %) et une « source importante d’emploi » (81 %).

Accepter les installations

Il restera cependant à convaincre les agriculteurs d’investir dans des structures dont le coût, selon la taille, peut varier de 300 000 euros à plusieurs millions « sachant que le matériel a subi l’inflation post-covid et guerre en Ukraine », a précisé Thierry Chapuis, délégué général de France Gaz. Le prix de rachat du gaz renouvelable tourne en ce début d’année 2023 autour de 90/100 euros le Mégawattheure. Mais qu’en sera-t-il demain si cette énergie venait à se banaliser ? À ce titre, la filière attend la parution d’un décret fixant les objectifs de volumes d’achat à l’horizon 2026-2028 dans le cadre des Certificats de biogaz (CPB). Ces CPB sont une nouvelle obligation instaurée par la loi Climat et Résilience à la demande des gaziers eux-mêmes. Enfin, pour atteindre l’objectif du doublement de la consommation de gaz renouvelable, il faudra aussi compter sur l’acceptabilité sociale des méthaniseurs. Même si 85 % des sondés se déclarent favorables au développement d’installations de production dans leur région, la notion de région reste très vague et le syndrome Nimby (Not in my backyard/ pas de ça chez moi) est toujours très prégnant.

La plus grande usine de biogaz française mise en service

Le groupe TotalEnergies a annoncé, mi-janvier, la mise en service de la plus grande usine de biogaz de France. Implantée à Mourenx, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), cette usine de biométhanisation est alimentée par des rebuts de la transformation du maïs. Sa puissance devrait atteindre 69 GWh en 2023 soit l’équivalent de la consommation annuelle de 14 000 habitants. Pas moins de 95 000 tonnes de déchets agricoles devraient être valorisées dans cette usine d’ici la fin de l’année. D’autres substrats comme des lisiers de bovins et de porcins devraient à terme alimenter les méthaniseurs. D’ici 2030, le groupe présidé par Patrick Pouyanné devrait mettre en service 40 à 50 projets de ce type en France. Pour rappel, TotalEnergies et la FNSEA ont signé le 4 mars 2022 sur le Salon international de l’agriculture un partenariat pour accompagner la transition énergétique du monde agricole : biométhane, biocarburants, éolien, agrivoltaïsme, puits de carbone, méthanisation…