Reconversion
L'installation d'une nouvelle vie

Chloé Monget
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Élodie Rose, 29 ans, et Vanessa Riffier, 34 ans, sont sœurs. Toutes les deux anciennes aides-soignantes, elles ont décidé de passer le pas de l’installation. Retour sur leur parcours.

L'installation d'une nouvelle vie
Vanessa Riffier (veste marron) et Élodie Rose (veste noire) ont rejoint le Gaec Les Chazeaux (Saint-Benin-des-Bois) au 1er avril 2023.

« Nous avons décidé de nous installer pour de multiples raisons » expliquent les deux sœurs, Élodie Rose, 29 ans, et Vanessa Riffier, 34 ans. Installées depuis le 1er avril 2023 au sein du Gaec Les Chazeaux (Saint-Benin-des-Bois), elles ont quitté le milieu médical pour rejoindre leurs conjoints dans leurs missions agricoles. Pour que cela soit économiquement viable, le Gaec a repris en location une ferme voisine qui se libérait. « C’est cette opportunité qui nous a fait signer, mais nous voulions changer de métier ou, en tout cas, de lieu d’exercice ».

Ras-le-bol

Anciennes aides-soignantes, elles évoquent de grosses difficultés arrivées à leur paroxysme durant la crise sanitaire : « la situation n’était déjà pas reluisante, mais nous avons pris cette crise de plein fouet ». Avec des contraintes s’ajoutant les unes aux autres et une vie de famille en pâtissant, la situation ne pouvait plus durer selon elles. « J’ai travaillé près de 12 ans dans le même endroit avant de changer », évoque Vanessa. « Et pour ce dernier poste, je n’ai jamais vraiment trouvé ma place. Au quotidien, cette mise de côté fut dure à supporter. Je pensais déjà à changer d’établissement, tout en restant dans le médical. Finalement, en discutant avec Élodie, et nos compagnons, nous avons fini par tomber d’accord sur le fait que l’installation était la meilleure issue ». De son côté, Élodie parle d’une « envie de changement total de profession. Aide-soignante devenait trop compliqué à gérer émotionnellement. On avait beau tout faire pour trouver des solutions à certaines problématiques, la situation ne s’améliorait pas ». Les deux sœurs résument leur état d’esprit à « un ras-le-bol complet et pesant ».

Plus près du cœur

Outre leur vie professionnelle, c’est leur vie personnelle qui était alors impactée : « on ne voyait que rarement nos conjoints, puisque nous travaillions parfois le soir, parfois les week-ends… On s’arrangeait pour au moins avoir quelques soirées ensemble, mais force est de constater que nous manquions des rituels familiaux comme les devoirs ou encore le bain des enfants. Ça devenait lourd pour tout le monde » détaillent-elles avant d’ajouter : « quand nous, ou les papas, étions pris, ce sont les grands-parents qui prenaient le relais. Mais s’occuper de 4 petits-enfants durant les week-ends, pour ceux encore en activité, ou lorsque l’on a plus de 70 ans, cela est aussi difficile. Il était grand temps que cela change ». Ainsi, après avoir été conseillées par le comptable familial, les deux sœurs s’installent en avril. Depuis, leurs vies ont drastiquement changé. « Désormais, nous sommes rythmées sur le planning des enfants. On les redécouvre, c’est inestimable. En plus, on peut partager des nouveaux moments avec nos conjoints, là aussi, ça n’a pas de prix. Pour ces raisons, nous sommes persuadées d’avoir fait le bon choix ».

Tâches ciblées

En parallèle, leur vie professionnelle a pris un tournant drastique car « nous ne connaissons pas grand-chose, voire rien du tout, de l’agriculture » sourient-elles. Malgré tout, elles se sont positionnées sur des tâches particulières, par appétences personnelles. Pour Vanessa, c’est l’administratif qui est au cœur de ses missions : « j’ai une formation de secrétaire médicale et ma belle-mère (qui gérait l’exploitation auparavant) m’a aidé pour prendre les rênes sur ce dossier. Je fais également le lien pour tous les rendez-vous que l’on peut avoir dans une exploitation (concessionnaires, mécaniciens, vétérinaires, etc.). Je passe beaucoup de temps au téléphone mais pour le moment cela me plaît. En sus, j’ai commencé à m’intéresser à la culture, car cela me parle nettement plus que la partie élevage, même si j’apprends à apprivoiser les bêtes ». Élodie quant à elle a trouvé une nouvelle passion auprès des animaux : « après des années à travailler en intérieur, j’ai redécouvert le monde extérieur avec tout ce qui va avec : la lumière, les températures, le vent, la pluie… et les animaux ainsi que la culture autoproduite sur la ferme qui les alimente ! J’ai un grand plaisir à côtoyer les bêtes tous les jours ». Les deux sœurs s’accordent à dire : « on réapprend un métier de zéro. Ce n’est pas simple mais clairement c’est passionnant ». Elles concluent : « cette aventure est bénéfique pour nous, et pour tous ceux qui nous entourent. C’est assez fou de réaliser que finalement le choix de deux personnes à un impact sur la vie d’une dizaine d’autres ! Autrefois, nous prenions soin des autres en nous mettant de côté. Maintenant, on fait pareil, mais en prenant également soin de nous… ».