Dans le Jura
Qualité eau de rivière dans le Jura

Sébastien Closa
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Depuis le XVIe siècle, le marais de Panesière, dans le haut-Jura, est exploité par l’homme, transformé en étangs piscicoles puis asséché et converti en plantation d’épicéas. La Fédération des chasseurs du Jura a entrepris d’importants travaux pour réhabiliter le cours d’eau et son marais. Opération réussie : l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse vient de décerner au ruisseau la distinction « Rivière en bon état ».

Qualité eau de rivière dans le Jura
Depuis plus de 450 ans, le lieu est exploité par l’homme. Après deux années de travaux, les marais ont retrouvé leur aspect originel.

L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (AE RMC) et la Fédération des chasseurs du Jura (FDC 39) ont présenté récemment aux élus locaux les travaux réalisés pour redonner au marais de Panesière, près des communes de Châtelneuf, Chaux-des-Crotenay et Le Frasnois, son aspect originel. Restauration qui a permis au lieu d’obtenir le label « Rivière en bon état », qui récompense la qualité écologique, l’hydromorphologie, l’équilibre quantitatif et la gouvernance locale d’un cours d’eau. À la fin des années 1990, la FDC 39 a mené une animation foncière qui a abouti, en 2007, à l’acquisition de 18 hectares par la commune de Châtelneuf et la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage, créée et financée par les chasseurs pour l’achat d’espaces naturels afin de les protéger. Cinq hectares de parcelles communales du Frasnois et de Châtelneuf ont été inclus au projet afin d’obtenir un périmètre écologique cohérent géré par la FDC39. En 2010, les épicéas ont été abattus. Les travaux pour réhabiliter le cours d’eau et ses marais ont débuté en 2016. Onze hectares de végétations ont été broyés et l’ancien lit rectiligne sur 1,7 km ainsi que 2 km de fossés de drainage ont été comblés. Avec sa taille réduite, le ruisseau n’avait plus d’effet drainant et a permis la remontée du niveau de la nappe phréatique de 30 cm, soit autant de volume de stockage d’eau gagné.

Deux ans de travaux

Volontairement sous-dimensionné pour lui permettre de retrouver son caractère naturel, son cours s’ajuste au gré des crues. Ces travaux ont duré deux ans. Ils ont coûté 266 000 €, financés à 50 % par l’agence de l’eau. Conseils départemental et régional ont chacun apporté 15 % et la fédération de pêche du Jura 8 %. Les 12 % restants ont été pris en charge par l’indivision entre la Fondation des chasseurs et les communes, en partie grâce à la vente du bois d’épicéa récolté. Depuis, le secteur a gagné en attractivité pour la faune et la flore. Les habitats humides occupent désormais 66 % du marais. Le retour de l’eau dans les premiers centimètres du sol a permis le développement de plantes hygrophiles comme les œillets superbes et le nombre d’espèces d’insectes aquatiques s’est accru. Des plécoptères, témoins de la bonne qualité du milieu, et des bécassines des marais y ont fait leur apparition. L’endroit, très fréquenté par les randonneurs et les vététistes, qui permet d’accéder aux 4 lacs et au pic de l’Aigle, l’un des plus beaux sites du Jura, a retrouvé son écrin naturel. Mais déjà, agence de l’eau et chasseurs du Jura planchent sur un autre projet : la restauration des marais de Chambly à proximité des cascades du Hérisson.