Sécheresse
Quelles évolutions ces dernières années ?

Christopher Levé
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Depuis quelques années, les épisodes de sécheresse deviennent récurrents dans de département comme sur l’ensemble du territoire français. Ces sécheresses sont-elles néanmoins de plus en plus intenses ? C’est la question à laquelle Édith Foucher, responsable du département territoires, environnement, terroirs, à la Chambre d’agriculture de l’Yonne, a répondu.

Sécheresse
Dans l'Yonne, la sécheresse de 2022 est assez similaire à celle de 2020. Une situation qui pourrait se répéter de plus en plus lors des prochaines années.

Les années se suivent, mais se ressemblent-elles en ce qui concerne les épisodes de sécheresse dans l’Yonne ? « Lorsque l’on compare deux cartes, celle du 19 août 2020 et celle du 10 août 2022 (voire ci-contre), on constate que globalement, on a quelque chose de très similaire dans le département », répond Édith Foucher, responsable du département territoires, environnement, terroirs, à la Chambre d’agriculture de l’Yonne. « Cette année, il y a une sécheresse générale au niveau national, ce qui n’était pas le cas en 2020. Mais dans l’Yonne, la situation n’est pas pire cette année qu’elle l’était en 2020 où on était largement autant impacté (le comparatif n’est pas fait avec 2021 qui fut une année « pluvieuse », ndlr) », assure Édith Foucher.
En observant les deux cartes, on s’aperçoit d’ailleurs qu’il y a moins de secteurs en crise en août 2022 qu’en août 2020 (le Serein et le Cousin ont atteint ce seuil cette année, là où l’Armançon amont, la Cure, le Serein amont et le Cousin étaient concernés il y a deux ans). « La particularité de cette année est que le Serein est vraiment très bas, plus que les années précédentes. Il y a des endroits, dits en assec, où il n’y a plus d’eau dans le Serein », précise Édith Foucher.

Vers des déficits hydriques de plus en plus marqués

Lorsque l’on regarde la situation des dernières années, doit-on être inquiet pour l’avenir ? « Il faut qu’on le soit », insiste Édith Foucher. « Les tendances sur le changement climatique sont connues aujourd’hui. On n’aura pas forcément moins d’eau sur l’année, mais les déficits seront de plus en plus marqués sur les périodes estivales. Sur ce que l’on constate des dernières années, on sait déjà qu’il y a un risque de fréquence plus récurrente. Le risque d’avoir des étés secs et des périodes très sèches et très chaudes est quelque chose d’avéré ».
Ce qui aura bien évidemment des conséquences sur le terrain. « On s’interroge dans un premier temps sur la réalimentation des nappes phréatiques. Ce qu’on observe sur les dernières années, c’est une baisse globale des niveaux. Mais, là, il n’y a pas assez de recul pour définir si cela est un aléa ou si c’est quelque chose qui est en train de s’installer dans le temps », explique la responsable de la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
Au niveau de l’agriculture, le manque d’eau et la chaleur ont aussi des incidences. « Dans les sols avec peu de réserves en eau, notamment sur les plateaux, le rendement est pénalisé. Ce manque d’eau ne peut pas être rattrapé par des interventions techniques, sauf pour les agriculteurs qui irriguent. Mais ils sont loin d’être majoritaires. Dans l’Yonne seulement 120 y sont autorisés ».
Ce manque d’eau peut aussi avoir une incidence sur le choix des cultures et des rotations. « Les cultures de printemps d’été vont davantage être pénalisées par des situations d’échaudage (brûlure) au moment de la floraison et de manque d’eau », poursuit Édith Foucher. Un manque d’eau qui impacte également les éleveurs pour la gestion des animaux et la production de fourrage.
Alors, pour la responsable du département territoires, environnement, terroirs, à la Chambre d’agriculture de l’Yonne, « il y a un vrai enjeu du maintien de l’agriculture lié au manque d’eau et à la sécheresse. Il faut se poser la question de quelle agriculture en 2040. Car l’Yonne est en zone intermédiaire où il n’y a déjà pas de réserves hydriques. Il y a donc une vraie urgence à travailler sur le sujet », conclut-elle.