Système fourrager
À la découverte d'une technologie unique en France

Christopher Levé
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Le mardi 21 février, une journée portes ouvertes a eu lieu chez Pierre-Yves Roy, polyculteur éleveur à Cisery. Ce dernier a présenté son séchoir thermovoltaïque multimatières à batterie virtuelle, une installation de Base Innovation unique en France.

Séchage
Une journée portes ouvertes a eu lieu chez Pierre-Yves Roy, polyculteur éleveur à Cisery, le 21 février, pour présenter le procédé de séchage thermovoltaïque multimatières à batterie virtuelle.

Pour Pierre-Yves Roy, polyculteur éleveur à Cisery et Base Innovation, « l’objectif de la journée sur mon exploitation était de faire un zoom sur les techniques de valorisation du système fourrager : l’implantation, la récolte, le séchage et la distribution du foin séché à l’énergie thermovoltaïque ».
Pour cela, l’agriculteur et les partenaires présents ont présenté une technique unique en France, qu’il utilise : le séchage thermovoltaïque multimatières à batterie (ou stockage) virtuelle. « La technique de séchage est quelque chose qui a été réfléchi en 2017 et construit en 2019 (la mise en route date de septembre 2021). La manière dont le séchoir est pensé en fait le premier séchoir de France avec la technologie thermovoltaïque en autoconsommation avec le stockage du surplus électricité », indique-t-il.
Ce séchoir thermovoltaïque provient d’une entreprise française, nommée Base Innovation (société créée en 2008, dont le siège est à Marcheprime (Gironde), spécialisée dans le séchage agricole, essentiellement concernant les exploitations laitières AOP, ndlr), avec un brevet Cogen’Air. « La chaleur produite sous les panneaux solaires est récupérée via le flux d’air qui passe dans des caissons et acheminée vers des ventilateurs qui la réinjectent dans des cellules. Les bottes de foin ou les céréales sont déposées sur les grilles. La chaleur passe à travers les planchers de stockage et remonte dans le foin ou les grains pour les sécher », explique Pierre-Yves Roy.

Un stockage virtuel d’énergie

Aussi, les panneaux solaires produisent de l’électricité qui est auto consommée sur place à travers les ventilateurs qui servent pour le séchage. « Lorsque j’ai trop d’électricité et que le séchoir ne tourne pas, cette électricité est stockée sur le réseau. C’est ce qu’on appelle le stockage sur batterie virtuelle. C’est un peu comme si j’avais une sorte de cagnotte solaire », poursuit l’agriculteur. « Cela permet de rendre l’exploitation totalement autonome en énergie électrique et ne pas être touché par les augmentations du prix de l’énergie car cela rend les coûts de fonctionnement très bas ».
Alors, comment cette idée lui est venue ? « Ma clé d’entrée était l’économie de charge sur l’ensemble de l’exploitation. Je voulais les réduire mais aussi améliorer la qualité des foins et favoriser l’autonomie alimentaire pour les animaux, avec l’objectif d’y être en moins de trois ans », détaille-t-il.
Ce système lui permet aussi de sécuriser sa récolte face aux aléas climatiques. « Le séchoir peut me permettre de sauver une récolte de blé. Par exemple, si au moment de récolter le blé la pluie vient à tomber, je peux le sécher ce qui empêchera qu’il perde en qualité ».
Aussi, le séchoir lui ouvre des pistes sur d’autres cultures qu’il ne fait pas encore sur l’exploitation, comme la luzerne. « Cette année, il y a d’ailleurs eu des essais chez moi sur la récolte fragmentée de luzerne. On a pu essayer le séchage de feuilles, ce qui a donné des premiers résultats intéressants ».
En outre, ce procédé rend l’exploitation de Pierre-Yves Roy « plus résilient face au dérèglement climatique et nous ouvre les portes vers l’agriculture durable ».
Cette journée portes ouvertes a intéressé pas mal de monde, puisque plus de 120 personnes sont venues tout au long de l’après-midi. Une belle vitrine pour ce projet innovant et réfléchi.

Séchage
Ces ventilateurs réinjectent la chaleur produite par les panneaux solaires, dans les cellules.