Dans le Jura
La FNPL en tournée régionale
Plus de 30 producteurs de lait de toute la Bourgogne-Franche-Comté ont participé à la tournée régionale de la FNPL, le 17 janvier, à Dammartin-Marpain dans le Jura.
La pluie verglaçante du 17 janvier n’aura pas empêché les producteurs laitiers de toute la Bourgogne-Franche-Comté (BFC) d’assister à la tournée régionale de la FNPL, qui s’est tenue dans le Jura, à Dammartin-Marpain, à égale distance de Dijon et de Besançon. Cet événement a eu lieu en présence de Marie-Andrée Luherne, secrétaire générale adjointe de la FNPL, Benjamin Guillaumé, directeur de la FNPL et Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel. La journée avait été préparée par Eric et Marie Druot, producteurs de lait à Mutigney, village voisin de Dammartin-Marpain. « La vie n’est pas simple lançait Marie-Andrée Luherne, nous nous bagarrons depuis plusieurs années pour prendre en compte les coûts de production. L’inflation bouscule tout. Tout a explosé. Il y a de l’inertie pour sortir les données. Mais c’est la première fois que l’on prend en compte les coûts de production avec une méthode validée par Bruxelles. Nous allons essayer de sortir plus tôt les indices. Mais cela reste une méthode robuste qu’il faut préserver ».
Sentiment de ne pas être entendu
« Sur les prix, précisait Benjamin Guillaumé, les écarts sont considérables entre les entreprises de 410 à 490 €/ 1 000 litres en janvier 2024 pour le lait conventionnel. Il y a un sujet concernant l’application des lois Égalim ». « Au niveau de la filière laitière, s’inquiétait Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de la Haute-Saône, notre pays est le mieux organisé, mais on a parfois le sentiment de ne pas être entendus des industriels et on constate une déprise laitière qui devient inquiétante pour l’avenir de notre filière ». Françoise Loy, productrice laitière de l’Yonne, insistait : « à 411 € en prix de base on perd de l’argent et les jeunes n’auront pas envie de s’installer ». « Avec les OP, on pensait pouvoir peser sur les prix. Pour l’instant, le rapport de force est toujours présent » complétait un autre producteur. Pour Frédéric Perrot, producteur laitier du Jura, l’un des acteurs à prendre en compte, c’est la grande distribution : « la FNPL doit répondre systématiquement aux propos de certains qui se font les défenseurs du pouvoir d’achat auprès des consommateurs et le représentant du ministère des Finances pour juguler l’inflation sur le dos des producteurs ». Pour Marie-Andrée Luherne, si le prix reste une préoccupation principale pour les producteurs de lait, il y a aussi d’autres sujets sur lesquels la FNPL se mobilise : « il y a par exemple, la révision de la directive IED relative aux émissions industrielles et ses conséquences administratives et financières pour les exploitations. Grâce à la mobilisation de la FNPL, de la FNB et de la FNSEA nous sommes parvenus à exclure la filière bovine de cette directive ».
Empilement de réglementations
Toujours sur la question des prix, les producteurs s’interrogent sur l’avenir des OP et des lois Égalim, si les grands faiseurs ne respectent pas les contrats. Benjamin Guillaumé a évoqué les différentes stratégies possibles pour que les contraintes des producteurs soient mieux prises en compte : « l’important c’est que les producteurs restent organisés au sein des sections laitières et la forte participation d’aujourd’hui démontre que ces sujets les mobilisent ». Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel, a poursuivi la matinée en présentant les travaux de ce centre interprofessionnel. C’était l’occasion de rappeler que sans la FNPL, il n’y aurait pas le Cniel. Nathalie Mairet, productrice en Côte-d’Or et présidente de la section lait de la FRSEA BFC s’inquiétait des exigences demandées par les industriels aux producteurs sur les nouvelles règles sanitaires. « Les règles du Cniel doivent être les mêmes pour s’appliquer à tout le monde » précisait Caroline Le Poultier. « Pour inciter les jeunes, il faut réussir à parler de notre métier et ouvrir nos fermes. J’ai choisi ce métier par passion » précisait Antoine Gandillet, jeunes producteurs de lait en Saône-et-Loire et qui complétait : « j’aimerais que mes investissements soient soutenus par le Feader sans changer les règles en cours de route ». La journée a pris fin sur la visite de l’exploitation laitière d’Eric et de Marie Druot. Un Gaec en lait polyculture élevage de 125 ha. Dans un secteur en déprise laitière, la production est livrée à l’entreprise Mulin. « Ma plus grande inquiétude, concluait Eric Druot, c’est l’empilement des réglementations. Quand on est en polyculture élevage, c’est la double peine. Pourtant, notre système devrait être au contraire encouragé » conclut Eric Druot. La filière laitière en Bourgogne-Franche-Comté a la chance d’avoir des entreprises régionales dynamiques avec des producteurs motivés, il est important de rester vigilant pour que les nouvelles contraintes réglementaires ne viennent pas assombrir les perspectives et l’avenir de cette production. Un constat qui résonne avec le contexte actuel.