Tribune syndicale
Au nom des JA de BFC, Florent Point s'exprime sur les problèmes de gestion du Feader

Florent Point, président des JA BFC
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Florent Point, président des jeunes agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté, s’exprime sur les problèmes de gestion des fonds européens destinés à l’agriculture régionale.

Au nom des JA de BFC, Florent Point s'exprime sur les problèmes de gestion du Feader
Florent Point s'exprime sur les difficultés de gestion du Feader, au nom des Jeunes agriculteurs de BFC.

« Il faut que les jeunes soient encore mieux formés, pour qu’ils puissent faire face aux changements climatiques, sociétaux. On est là pour les accompagner et pour faire que la passion du métier demeure. » (Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional, SIA2023). Nous, Jeunes agriculteurs, représentant près de 8000 jeunes exploitants de notre belle région Bourgogne-Franche-Comté (25 % des exploitants), porteurs des attentes et des espoirs des futurs exploitants (15 000 jeunes et apprentis dans l’enseignement agricole), nous portons une ligne politique claire, d’avenir, positive et empreinte d’optimisme pour le renouvellement des générations en agriculture. Nous, Jeunes, portons l’espoir de pouvoir exercer notre métier sereinement, pleinement sécurisés économiquement, pouvant prétendre, comme tous nos concitoyens, à une vie personnelle. Les jeunes, installés et prochainement installés, exercent leur métier avec passion. Car être agriculteur, c’est, ainsi que l’a souvent dit la présidente de Région, exercer le « plus beau métier du monde » : nous nourrissons nos concitoyens, entretenons les paysages, préservons l’environnement, adaptons nos exploitations pour faire face au changement climatique et contribuons à son atténuation. Tout cela fait que nous sommes des acteurs essentiels de nos territoires ruraux. Mais s’installer comme agriculteur, chef d’entreprise, est loin d’être anodin.

Des actions très concrètes

Être agriculteur, c’est être éleveur, entrepreneur, comptable, vétérinaire, technicien, mécanicien, commercial… Pour cela, nous réaffirmons ici :

- l’importance de la formation, et la nécessité impérieuse pour tout nouveau chef d’entreprise d’être sécurisé et accompagné systématiquement au moment de la conception de son projet par des conseillers reconnus.
la nécessité pour tout jeune de pouvoir bénéficier d’un premier bilan deux ans après l’installation afin de prendre de la hauteur, ajuster si besoin son projet d’entreprise
- l’indispensable appui financier pour tout nouvel agriculteur qui s’installe et ce d’autant plus pour les filières en difficulté qui ont besoin d’attirer pour perdurer. Faut-il le rappeler et à nouveau tirer la sonnette d’alarme ? En élevage bovin, pourtant source de biodiversité, d’entretien des prairies et d’aménagement des territoires, seul un jeune s’installe pour trois départs à la retraite !
Ces actions très concrètes, à même de contribuer à ce renouvellement des générations que tous les politiques ne cessent de porter si unanimement dans leurs discours, sont primordiales si nous souhaitons réellement attirer des jeunes, valoriser nos métiers, et retisser du lien entre agriculteurs, futurs agriculteurs, et tous nos citoyens. Elles sont essentielles si nous souhaitons garantir notre souveraineté alimentaire, assurer une alimentation locale de circuits courts et préserver une vie dans les territoires ruraux, alors que la région BFC est la 1re région rurale de France. Elles sont la condition sine qua non si nous voulons préserver nos paysages et nos prairies et éviter qu’elles ne soient transformées en friches. Depuis le 1er janvier 2023, le Conseil régional assure la gestion des fonds du Feader. Il s’agit de fonds européens structurants et stratégiques pour l’agriculture. Ce sont des outils indispensables aux agriculteurs pour être résilients et relever les défis, complexes, qui sont devant eux. Ils ne sont pas de simples subventions mais une composante indispensable à l’équilibre financier des transitions pour des investissements ou pour s’installer en agriculture. La présidente du Conseil régional a jusqu’ici toujours été à nos côtés ; C’est loin d’être le cas de ses équipes administratives et les élus qui l’entourent. Nous avions pourtant réussi, ensemble, profession agricole, Région, État, à augmenter de 30 % l’enveloppe Feader sur la nouvelle programmation PAC.

Des jeunes agriculteurs livrés à eux-mêmes

Mais à quoi bon cette réussite, face à l’incapacité actuelle à octroyer aux agriculteurs les aides auxquelles ils ont pourtant légitimement droit, et en l’absence de réelle politique agricole régionale, de soutien aux Jeunes ? La Région est l’une des seules en France à avoir choisi de centraliser à Dijon et Besançon une politique qui aurait pu rester décentralisée, par la création d’antennes sur les différents territoires, afin de rester au contact et en appui direct de chaque agriculteur. Elle a choisi de couper tout contact avec les agriculteurs et les conseillers formés et mandatés pour les accompagner. Les agriculteurs, jeunes et moins jeunes, se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans aucune réponse face à leurs questionnements, avec une administration régionale lointaine, inopérante, désorganisée, sans aucun pilotage ni aucune transparence. Dix mois après le transfert de responsabilité de l’État à la Région, les problèmes perdurent et les retards se font sentir dans les cours de ferme. Ce sont les agriculteurs qui en subissent les conséquences, que ce soit sur l’installation ou sur les investissements. Nous ne pouvons pas accepter cette totale incapacité de la Région à mettre en place une politique européenne dont l’essence même est d’accompagner les agriculteurs, sachant que nous proposons des solutions depuis des mois. Cela suffit de voir cette idéologie dont est imprégnée la Région, portée par des personnes déconnectées du terrain et bien incapables de gérer nos exploitations. Nous avons le sentiment d’un abandon des agriculteurs, jeunes et moins jeunes, et d’un mépris des corps intermédiaires et des structures élues pourtant démocratiquement et qui sont en charge de les représenter. Comment expliquer que la région BFC soit l’une des seules à vouloir refuser tout appui notamment des Chambres d’agriculture, alors même que la Commission européenne l’y encourage ?

Comment expliquer qu’elle préfère brader l’installation, privilégier le quantitatif au qualitatif ? Tous ces dysfonctionnements conduisent à de nombreux problèmes sur les corps de ferme. Les préjudices subis par les agriculteurs, économiques et moraux, ne peuvent plus être passés sous silence. Pour ces problèmes d’idéologie et d’incompétence administrative, les agriculteurs sont aujourd’hui découragés et remettent en cause leurs évolutions et même leurs installations alors même que nous essayons de maintenir le renouvellement des générations en agriculture. La politique agricole régionale est un sujet qui mérite d’être traité avec sérieux, écoute et respect, ainsi que nous en avions l’habitude jusqu’ici. De notre côté, nous continuons à espérer, encore, une issue favorable, basée sur l’écoute et le respect réciproque et le dialogue. Nous appelons tous les élus de la Région, Députés, Sénateurs, Conseillers départementaux et préfets à nous soutenir en faveur d’une véritable politique agricole régionale ambitieuse.