Engrais
Prix et transport, ces problématiques qui touchent l'azote

Christopher Levé
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Lors de la rencontre entre le préfet de l'Yonne et les membres de l'UPVY, le mercredi 19 octobre dernier, le prix de l'azote qui explose et les problématiques de son transport, sujets qui impactent le monde agricole, ont été abordés. 

Azote
Par voie routière, une pénurie de chauffeurs est à constater (crédit photo : Freepik).

L’azote est un élément indispensable pour la croissance des productions végétales. Ses prix ont augmenté depuis le début de l’année 2021 à cause de la reprise économique post-Covid (avec une demande en engrais momentanément supérieure à l’offre et une forte hausse des prix du transport maritime) et la situation de l’Europe qui isole son marché des engrais par des droits de douane et des barrières antidumping pour protéger son industrie.
Depuis mars 2022 et la guerre en Ukraine, la situation s’est encore aggravée, la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine représentant 43 % des importations d’engrais en Europe. « En août 2022, les prix des engrais atteignaient trois fois ceux de janvier 2021 alors que les prix agricoles avaient augmenté beaucoup plus modérément (+ 48 % pour le blé) », assure l’UPVY (Union des productions végétales de l’Yonne). « Aujourd’hui, la campagne d’approvisionnement en engrais pour les distributeurs et agriculteurs européens et français accuse un net retard en volume, avec des prix stratosphériques, un rationnement des ammonitrates imposé par les producteurs européens et des importations inférieures à la demande pour l’urée et la solution azotée, bridées par les difficultés logistiques portuaires et les droits de douane et antidumping que continue à s’imposer l’Europe ».

Une suspension des droits de douane proposée

Ainsi, pour faire face à cette situation, la Commission Européenne a proposé le 18 juillet une suspension des droits de douane sur les importations d’ammoniac et d’urée. La décision revient maintenant au Conseil Européen.
Aussi, l’azote est confronté à des problématiques logistiques concernant son transport : par voie routière, une pénurie de chauffeurs est à constater ainsi qu’un manque de disponibilité de camions et une hausse du coût de fret de 25 % ; par voie fluviale, la sécheresse de cette année a engendré quatre mois de basses eaux depuis juin 2022, peu de chargements ont donc été possibles et le coût du fret a augmenté de 150 à 200 %.
Quant au transport ferroviaire ? « Il souffre de plusieurs handicaps, malgré son atout certain sur le plan environnemental : un manque de flexibilité et de réactivité de la part de SNFC, un défaut de consultation des acteurs du fret dans la planification des travaux de maintenance et d’entretien, une inflation tarifaire des travaux de régénération des lignes capillaires faute de concertation au plan national », commente l’UPVY.
Pour que la situation soit plus viable pour les agriculteurs, l’association demande que les barrières tarifaires à l’importation d’azote soit suspendues ou supprimées, dans le but d’obtenir un effet sur la baisse des prix et sur l’augmentation des disponibilités, « en commençant par l’adoption immédiate de la proposition du 18 juillet de la Commission Européenne ». Elle demande aussi « le bon fonctionnement du marché européen en facilitant les importations et la logistique des fertilisants ; que les activités économiques soient prises en compte dans les politiques de développement des transports et plus particulièrement concernant le ferroviaire ; et que la politique de fret soit une priorité ».