Silphie
La silphie, un potentiel à découvrir

Alexandre Coronel
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Les multiples possibilités d’utilisation de la silphie, combinés à ses intérêts agronomiques et environnementaux en font une candidate de choix pour diversifier les assolements et améliorer l’autonomie fourragère des élevages.

La silphie, un potentiel à découvrir
L’implantation de cette culture est délicate, et pendant la première année il faudra soigner le désherbage. 

La silphie, plante pérenne originaire des Amériques, offre une polyvalence remarquable en matière d’utilisations. Initialement reconnue pour alimenter les méthaniseurs en Allemagne, elle a gagné en popularité chez les éleveurs français en tant que ressource fourragère de qualité. Marlène Perrein, de Silphie France, souligne que « la silphie traîne encore une image de fourrage de piètre qualité, avec des valeurs alimentaires de 0,7 UF, qui ont été obtenues par l’Inra sur des conduites monocoupes, destinées à la méthanisation. Depuis 10 ans, des éleveurs français l’utilisent en multicoupe comme ressource fourragère, avec des valeurs plus proches d’une UF. » En Haute-Saône, au Gaec de la Vaivre, près de Port-sur-Saône, les exploitants ont implanté 26 hectares de silphie au cours des trois dernières années. Ils ont expérimenté différentes méthodes d’implantation, notamment le semis sous couvert de maïs, permettant d’éviter une première année improductive, car la récolte de la silphie ne commence qu’à partir de la deuxième année après l’implantation.

Racines profondes

Elle possède un potentiel de production intéressant pour l’autonomie fourragère des exploitations. En effet, avec 3 ou 4 coupes par an, une culture bien installée peut atteindre jusqu’à 20 tonnes de matière sèche par an. Son implantation racinaire profonde lui permet d’accéder à des ressources hydriques interdites aux cultures annuelles : un atout en cas de sécheresse printanière ou estivale. Malgré ses avantages, la culture de silphie reste méconnue en France. Pourtant, elle suscite un intérêt croissant dans divers secteurs d’activité tels que la production de biogaz, l’élevage, les particuliers et les collectivités, les zones de non-traitement et de captage, ainsi que l’apiculture. Grâce à sa résistance aux périodes de sécheresse et de canicule, elle peut donc être une alliée précieuse pour les agriculteurs, notamment avec l’augmentation de la fréquence de ce type d’aléas climatiques. Outre son rôle dans l’autonomie fourragère, la silphie présente un autre atout de taille : sa teneur élevée en protéines. Environ 19 à 20 % de protéines peuvent être atteints si la fertilité azotée est suffisante. Une fertilisation supplémentaire après la première coupe permet de relancer la pousse de la plante. Grâce à ses caractéristiques nutritionnelles, la silphie offre une alternative aux tourteaux de soja, réduisant ainsi la dépendance des agriculteurs envers ces importations.

Bonne résistance à la sécheresse

« Avec une teneur élevée en sucres fermentescibles, elle est appétente. Nous préconisons de la conserver sous forme d’ensilage, qui sera distribué à hauteur de 50 % d’une ration mélangée, pour limiter les risques d’acidose », poursuit Marlène Perrein. La silphie se démarque également par son caractère économe et respectueux de l’environnement. En effet, elle ne nécessite qu’une faible consommation en eau et résiste bien aux périodes de sécheresse. Une fois bien implantée, la culture n’a plus que le coût de la récolte : plus de frais d’implantation, ni de travail du sol, ni de traitement de protection en végétation ou de désherbage… Cela en fait donc une option prometteuse pour les exploitations soucieuses de pratiques agricoles durables. Sa densité élevée rebuterait même… les sangliers ! Malgré ses nombreux avantages, le prix de la silphie, à 1 800 euros par hectare, reste un frein à son développement. Cependant, les multiples utilisations de cette plante et ses bénéfices agronomiques et environnementaux en font une culture à fort potentiel pour l’agriculture française. Avec une meilleure connaissance de ses avantages et un accès facilité aux semences, elle pourrait bien trouver sa place dans les exploitations agricoles du pays, contribuant ainsi à une agriculture plus durable et autonome.

Densité de semis : 2,5 à 3 kg/ha

Coût ha : 1600 à 2000 € (protocole complet semences, engrais starter, désherbage, semis)

Conduite : Semis du 20 avril à début juin

Matériel : semoir monograines

Profondeur : 0,5-1 cm

Pas d’incidence sur sol drainé

Date de floraison : mi-juillet à fin septembre

Date de récolte : 15 août à fin septembre

Pérennité : 15 ans et plus

Zéro phyto après l’année d’implantation

Apport engrais starter phosphaté au semis en ultra-localisé

Productivité : 12 à 20 TMS/ha

Production gaz : 300 à 350 L/kg de MS

Soit en moyenne : 4 000 m³ à 4 500 m³ de gaz/ha