Vendanges
La récolte 2022 se rapprochera-t-elle de celle de 2018 ?
Cela fait déjà deux bonnes semaines que les vendanges ont débuté dans le département. Alors que les crémants sont terminés, ils donnent une première vision de ce que devrait être la récolte 2022 : une récolte plus que prometteuse. De quoi se rapprocher de 2018 pour certains vignerons, c'est en tout cas ce que constate Jean-Baptiste Thibaut, viticulteur à Quenne.
C’est à Quenne que nous retrouvons Jean-Baptiste Thibaut, mardi matin. Ce dernier vient juste de terminer la récolte des crémants la veille. Pour la grande majorité des viticulteurs du département, elle se termine également cette semaine. Jean-Baptiste Thibaut l’assure, pour le moment, la vendange « se présente bien ». « En pinot noir, il y a de bons échos, le rendement est là même s’il est encore un peu tôt pour être exact sur le chiffre. Il y avait des inquiétudes vis-à-vis des gelées mais les vignes s’en sont très bien tirées dans l’ensemble ».
Pour être un peu plus précis, « qualitativement, c’est très bien, quantitativement, c’est vraiment pas mal. Il n’y aura peut-être pas les pleins rendements partout puisqu’on a manqué d’eau, certains plus que d’autres. Mais pour le moment, la récolte se présente bien ».
Des pluies aléatoires
Toutefois, les rendements seront hétérogènes. « Avec les différences de pluies mais aussi en fonction des types de vigne et des endroits. Certaines ont fait des blocages physiologiques, d’autres non (où il y a eu plus d’eau). Nous (à Quenne et aux alentours), on a eu de la chance, puisqu’on a eu des pluies d’orage, sans avoir de grêle. Mais il faut savoir que les pluies étaient très aléatoires ».
Début août, 15 mm d’eau sont tombés sur Quenne. Dans le même temps, 30 mm ont été recensés dans d’autres secteurs du Chablisien, alors que d’autres secteurs n’ont rien eu. « Globalement, la vigne n’a pas été mise en souffrance dans le département, à part peut-être quelques jeunes vignes. Malgré des fortes chaleurs, les nuits étaient assez fraîches et les réserves hydriques qui restaient ont permis aux vignes de se développer ».
Il est important de préciser qu’en fonction des pluies reçues ou non, « les rendements peuvent varier de 10 à 30 % », assure Jean-Baptiste Thibaut.
Place aux rouges
Les crémants terminés, Jean-Baptiste Thibaut étaient déjà dans les rouges. « On va les récolter en deux parties. Il y a plusieurs stratégies pour les rouges. Pour ceux qui les veulent plus dans le corps, dans la matière, ils vont attendre une maturité plus importante. D’autres qui veulent être plus dans le fruit vont cueillir un peu plus tôt », explique-t-il. « Là, j’ai choisi de commencer dès le début de semaine pour le Côte d’Auxerre rouge, dans une parcelle exposée plein sud, où les degrés sont à 12-12,5°. Ce sera donc un rouge qui sera un peu fruité ».
Ensuite, place aux blancs en cette fin de semaine pour le domaine Thibaut (d’autres vendangent depuis le week-end dernier). « Là encore, on démarre en fonction de ce qu’on veut avoir comme vin. Plus on veut de degrés et une plus forte maturité et moins il y aura d’acidité. C’est un équilibre à trouver et cela varie en fonction des domaines ».
Le gros de la vendange pour les blancs est prévu la semaine prochaine. « Au 15 septembre, cela sera en grande partie terminé, sauf si la pluie venait à ralentir la récolte ».
L’importance des VCI
À l’heure actuelle, les vignerons peuvent avoir le sourire et être optimiste sur la récolte 2022. « On devrait se rapprocher de 2018 », confie le viticulteur de Quenne. De quoi compenser les dernières années ? Pas vraiment. « Cela limitera la casse mais il y a eu tellement de pertes de rendements en trois ans pour certaines exploitations que ce ne sera pas possible de compenser ».
Les vignerons pourront miser sur les VCI (volumes complémentaires individuels) qui auront une utilité importante pour faire de la réserve dans l’éventualité que les prochaines années ne soient pas aussi belles.
