Le 23 mai, l'EPLEFPA du Morvan accueillait une conférence sur le lombricompostage et la lombriculture ; une pratique connue mais encore sporadique. 

Pas de ver de trop
Arrosage du lombricopost après avoir recouvert l'andain de litière de chevaux. Crédit photo : Legta du Morvan.

Dans le cadre du programme « Enseignons à produire autrement » et du « Printemps des transitions agroécologiques », l’EPLEFPA du Morvan organisait une conférence sur le lombricompostage et la lombriculture avec comme invité Cyril Borron cofondateur, avec Vincent Ducasse (prochainement docteur en agroécologie) de l’entreprise Terrestris (située à Caluire près de Lyon) spécialiste en lombriculture et lombricompostage depuis une quinzaine d’années.

L’intérêt

« Par ce procédé de lombricompostage, nous retraitons de la matière organique avec peu de gaz à effet de serre. Pour l’agriculture, le lombricompost est tout à fait adapté car le produit retient jusqu’à 3 fois son poids en eau et continent une activité biologique jusqu’à 1 000 fois plus importante que le compost traditionnel » détaille Cyril Borron avant d’ajouter : « le lombricompostage est une partie de la solution pour redonner de la vie au sol, car il a une double casquette d’amendement et d’engrais ». Mais ce procédé n’est pas « magique ».

En détail

Il poursuit : « Il faut travailler pour arriver à un lombricompost de qualité. Et, pour ce faire, nous travaillons avec trois espèces de lombriciens : Eisenia fetida et Dendrobaena veneta pour produire du lombricompost et le Lumbricus terrestris pour restaurer/créer des sols. Si les deux premiers ont un rôle de dégradeur de matière organique, le dernier est, pour sa part, un laboureur pouvant aller jusqu’à 1 m sous-terre ». Afin de les faire « travailler », Cyril Borron détaille : « nous pouvons traiter les déchets animaliers, urbains (déchets de tontes, restaurants, etc.) ou encore avec ceux de diverses productions agricoles ».

In situ

Toujours en recherche de nouveaux déchets à tester, l’EPLEFPA du Morvan, sous la houlette de Cyril Borron et Jean-Nicolas Folliet, formateur en Brevet Professionnel Responsable d’Entreprises Agricoles au CFPPA du Morvan, une plateforme de lombricompostage a été installée : « l’objectif de notre plateforme est de tester différentes techniques de production avec des intrants différents (fumier de cheval, fumier de bovin, fumier de mouton et certains biodéchets comme le marc de café récolté dans l’établissement). Nous testerons également plusieurs espèces de vers composteurs pour déterminer l’espèce la mieux adaptée à chaque intrant. Dans un second temps, nous réaliserons des essais pour le traitement des boues des piscicultures du Morvan afin de valoriser ces déchets en lombricompost. C’est le premier essai que nous réalisons pour traiter les boues de pisciculture. Nous avons espoir que cela fonctionne, mais comme nous travaillons avec quelque chose d’empirique, nous ne sommes jamais sûrs de rien » explique Cyril Borron. De son côté Jean-Nicolas Folliet pointe : « Nous allons intégrer le lombricompost dans un projet fil rouge. Nous voudrions à terme proposer des formations sur le sujet aux particuliers, aux professionnels tels que les maraîchers et pourquoi pas les éleveurs ou les collectivités ». Pour le moment, la plateforme de lombricompostage de l’EPLEFPA fait 4 m² d'andain actifs et Cyril Borron espère : « que dans un an nous arrivions à 12 m2 ». En théorie, il y aura environ 3 à 5 kg de vers de terre au m² qui peuvent dégrader jusqu’à la moitié de leur poids par jour, ce qui permettra de valoriser 1 tonne de Biodéchets et produire environ 250 kg de lombricompost par m2 et par an. Jean-Nicolas Folliet et Cyril Borron stipulent : « Il y a peu d’émissions de carbone (gaz), ni d’azote (jus), ce procédé est donc non polluant ».

Partager son ver

Cyril Borron insiste : « Nous n’avons pas fait le quart de la route en matière d’essais sur le lombricompostage, mais nous avons un outil utile et sain, qui peut impacter positivement le modèle agricole et la protection des ressources – notamment d’eau. Pour moi et mon associé, il est indispensable de travailler dans le partage de connaissances que ce soit avec les professionnels ou les particuliers afin que cette pratique se diffuse et se développe. Nous avons tous intérêt à la voir fleurir ».

 

 Le lombricompost, qu'est-ce que c'est ?
Près de 20 kg de vers (soit environ 100 000 vers) ont été disposés sur le plateau de lombricompost du Legta. Crédit photo : Legta du Morvan.

Le lombricompost, qu'est-ce que c'est ?

Résultat d'une digestion de fumiers par les vers composteurs en haute densité, le lombricopost est un produit organique. Il permet notamment de favoriser l'activité microbienne du sol. Il est fabriqué principalement à partir de fumier bovin, équin, mais également de biodéchets. Il se négocie en général autour de 300 euros/t et il faut compter entre trois et quatre tonnes de fumiers pour produire une tonne de lombricompost. Les vers nécessaires à sa fabrication se négocient autour de 50 euros / kg (pour les Eisenia Fetida) et se multiplient en fonction de l'apport organique qui leur est donné.