Billet d'humeur
Les pensées de Jean-Pierre Bouron

Christopher Levé
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Les pensées de Jean-Pierre Bouron
Jean-Pierre Bouron, vice-président de la SDAE de l'Yonne.

« Avec le recul de l’épidémie de la Covid-19, nous espérions pouvoir accéder enfin à un peu de sérénité. C’était sans compter sur le conflit ukrainien qui, avec son cortège de malheurs, de pertes humaines et matérielles, nous a rappelé combien nous sommes à la merci de dirigeants avides de conquêtes et d’expansion de leurs territoires, sans se soucier des souffrances subies par une population qui ne demandait qu’à vivre en paix. Cela nous aura permis d’ouvrir enfin les yeux sur notre dépendance vis-à-vis des pays étrangers, qu’il s’agisse d’énergie, de produits alimentaires ou manufacturés, d’intrants, d’engrais, de médicaments, de technologie. Les promesses de campagne présidentielle, nombreuses et parfois démagogiques, auraient pu nous faire espérer une vie meilleure si nous n’avions pas détecté un gros oubli : le financement de toutes ces mesures.
Bien sûr, nous pouvons compter sur l’imagination des services de Bercy pour trouver le moyen d’obtenir des ressources auprès des classes les plus nombreuses. Nous avons constaté lors de cette élection, un recul du monde provincial et rural qui s’est senti marginalisé par rapport aux urbains. Son éloignement des grands centres en matière de santé, de services de l’état, des commerces a révélé les handicaps qui ont concouru aux votes protestataires d’une grosse partie des habitants des territoires ruraux.
L’augmentation du coût de l’énergie et le retour de l’inflation ont pesé sur le budget des plus modestes. Les retraités agricoles, à qui a été annoncé un montant minimum de 1 055 euros pour une carrière complète, ont été déçus de découvrir qu’il s’agissait d’un montant brut, déduction faite d’autres petites retraites. Sans une indexation rapide sur l’indice du coup de la vie, le pouvoir d’achat des retraites agricoles, et plus particulièrement des veuves et veufs, va être de nouveau en dessous du seuil de pauvreté.
Gouverner un pays tel que le nôtre n’est certes pas un exercice facile mais un grand nombre d’entre nous attend des mesures fortes pour enrayer les déficits récurrents et rétablir la balance commerciale. La qualité du monde paysan c’est d’avoir les pieds sur terre, d’être réaliste et de savoir s’adapter face aux nombreux aléas de la nature. C’est pourquoi nous attendons de l’État et des parlementaires qu’ils en fassent de même. En premier lieu réhabiliter la valeur du travail qui, pour beaucoup, est ressenti comme une contrainte alors que cela contribue à un épanouissement individuel ainsi qu’un apport nécessaire à la société qui est parfois bien généreuse dans la distribution des richesses.
Le nouveau quinquennat avec le renouvellement des députés est l’occasion pour ces derniers de faire remonter aux gouvernants le ressenti de la population et de ne pas se contenter de venir dans leur circonscription le week-end, endimanché, pour couper des rubans lors d’inaugurations et de tenir des propos sur la nécessité de maintenir les petites communes. Auront-ils le courage de proposer un projet de loi qui contraindrait l’État à appliquer les mêmes règles que les communes, à savoir l’obligation d’établir les budgets à l’équilibre ?
À force de renoncement et de report des décisions, nous tombons dans les mêmes travers. Il est impératif de privilégier celles et ceux qui travaillent dans les secteurs en tension : hôpitaux, Ehpad, enseignement, service à la personne, restauration, travaux agricoles… le financement étant assuré par une répartition plus pertinente des aides nombreuses, en écartant les opportunistes qui profitent indûment du système.
Pour que notre pays, où il fait bon vivre, retrouve espoir et cohésion, réhabilitons l’esprit d’entreprise, le goût du travail et de prise de risque en facilitant le montage des dossiers, en réduisant les normes, les contrôles, les tracasseries administratives et les obstacles destinés à contrecarrer tous projets. Il est grand temps de revenir à une société plus solidaire et surtout plus humaine, faite de droits mais aussi de devoirs où chaque individu doit contribuer, dans la mesure de ses capacités, à œuvrer pour inverser la tendance actuelle où l’individualisme a pris le pas sur les relations humaines, le confinement n’ayant pas arrangé les choses.
Pour conclure, notre avenir repose sur les nouvelles générations. À nous de ne pas les décevoir et de leur favoriser l’entrée dans la vie professionnelle en les rémunérant en fonction de leurs capacités et de leurs talents et non en leur racontant que c’était mieux avant.
Bien avant notre époque actuelle, un philosophe chinois avait dit : « Si vous voulez être heureux jusqu’à la fin de vos jours, aidez la prochaine génération » ».