Lentilles
La génétique contre-attaque

AG
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L'Unité expérimentale du domaine d'Époisses de l’Inrae, à Bretenière, et l’UMR Agroécologie à Dijon, évaluent une collection de lentilles pour la résistance aux champignons pathogènes et insectes ravageurs.

La génétique contre-attaque
Nadim Tayeh, spécialiste en génétique des légumineuses à graines, étudie, avec ses collaborateurs, l'impact des aphanomyces et des bruches depuis plus de trois ans.

La lentille fait désormais partie des travaux de recherche portés par Inrae. Le projet national public-privé nommé RésiLens, porté par Inrae à Dijon et impliquant le domaine d'Époisses, évalue 250 ressources génétiques venues des quatre coins du monde. « L'objectif, à terme, est de proposer aux agriculteurs français des lentilles résistantes aux champignons pathogènes et insectes ravageurs, dans leurs différents systèmes », indique Nadim Tayeh, chercheur à Inrae. Aphanomyces et bruches représentent deux des principaux agresseurs que subissent les cultures, en plus des aléas climatiques, comme le développe le spécialiste : « Certains champignons et oomycètes du sol comme Aphanomyces s'attaquent aux racines. La plante, affaiblie par des pourritures racinaires, absorbe moins d'eau, moins de nutriments et finit par jaunir. Sa production est moindre, ce qui est forcément problématique pour l'agriculteur. Il n'existe pas encore de solution à l'heure actuelle, si ce n'est d'éviter de semer des lentilles dans les sols infestés. Il est possible d'analyser au préalable la terre par le biais de tests moléculaires, mais les mesures ne sont pas toujours suffisantes. Nos travaux interviennent dans ce cadre : nous tâchons de développer des variétés de lentilles qui seraient résistantes face à ces champignons. Nous testons actuellement 250 ressources génétiques différentes, notamment en laboratoire. Nous avons des résultats sur plus de 150 d'entre elles, une dizaine tendent actuellement à sortir du lot ». Les attaques de bruches sont également à l'étude, poursuit Nadim Tayeh : « dans le même temps, nous voulons trouver des solutions face à ces insectes ravageurs, également responsables de dégâts dans les cultures. Ces petits coléoptères se nourrissent de pollen et pondent sur les gousses. Les larves se développent dans un premier temps dans ces gousses puis investissent ensuite les graines en développement. Nous utilisons là aussi notre gamme de 250 ressources génétiques pour l'évaluation. Les meilleures plantes pour la résistance aux bruches seront croisées avec les numéros « gagnants » de la thématique racinaire ».

 

Une journée dédiée
Une cinquantaine de personnes réunies autour du projet RésiLens.

Une journée dédiée

Le projet RésiLens a fait l'objet d'une journée de présentation le 9 juin au domaine d'Époisses. Une cinquantaine de personnes venues de toute la France avaient fait le déplacement. « Une restitution de nos différents résultats était proposée, sachant que le projet prendra fin en décembre de cette année », commente le chargé de recherche. Les lentilles ont « toute leur place » dans l'agriculture française, insiste ce dernier : « comme les pois et les féveroles, les lentilles permettent de fixer l'azote atmosphérique dans le sol. Il y a de nombreux bénéfices agronomiques à les insérer dans une rotation, que l'on soit bio ou conventionnel. Le projet RésiLens souhaite contribuer à sécuriser la production de lentilles en France, mais aussi à accompagner la transition vers une agriculture agro-écologique, multi-performante et diversifiée ».