Grandes cultures
Des débuts poussifs

AG
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Les moissons ont débuté en Côte-d'Or autour du 12 juin. Rencontre avec un agriculteur de Montagny-lès-Beaune, qui fauchait une parcelle de pois la semaine dernière.

Des débuts poussifs
Alain Carion, déçu par l'orge et perplexe pour son blé et son colza.

De bons prix et de bons rendements : ce n'est pas encore pour aujourd'hui, du moins pas pour l'orge d'hiver d'Alain Carion. Rencontré le 20 juin, cet agriculteur de 58 ans affichait une certaine déception pour son orge qui sera vraisemblablement déclassée : « Le manque d'eau s'est fait ressentir dès le début du printemps avec, par dessus tout, un mois de mai très sec. L'orge en a souffert. Résultat, il n'y a pas de calibrage : ma meilleure benne ne dépasse pas 66, la plus mauvaise est à 38. Il n'y a pas de PS non plus, celui-ci varie entre 58 à 62. La production n'ira donc pas en brasserie. Le rendement final n'atteindra pas 60 q/ha alors qu'il est possible d'espérer 15 q/ha supplémentaires ici. Nous avons eu quatre orages début juin pour un total de 50 mm : s'ils étaient tombés un mois plus tôt, le résultat aurait été tout autre, c'est dommage ». Alain Carion a aussitôt enchaîné avec son pois d'hiver. Le compteur de sa moissonneuse affichait un rendement instantané allant de 35 à 43 q/ha : « c'est beaucoup mieux que l'orge. Atteindre les 40 q/ha dans ces pois serait satisfaisant, sachant que l'an passé, le résultat final s'était soldé sur un correct 38q/ha ». La troisième culture moissonnée par l'exploitant de Montagny-lès-Beaune allait être le colza, alors que plusieurs de ses collègues avaient déjà « attaqué » avant le 20 juin : « je n'ai pas encore d'échos, si ce n'est que les grains ont l'air très petits cette année. Certains agriculteurs rencontrent même des difficultés à régler leurs machines... Les cultures étaient pourtant prometteuses, mais si le PMG n'est pas au rendez-vous, le rendement sera forcément impacté ».

Interrogatif sur les prix

Alain Carion envisageait de moissonner son blé dès vendredi dernier, mais la pluie a fortement perturbé son agenda : « la récolte ne s'annonce pas exceptionnelle non plus. L'échaudage a semble t-il été important, notamment sur les terres les plus superficielles ». L'orge de printemps, beaucoup plus prometteuse, sera la dernière culture fauchée par Alain Carion, qui livre ici son ressenti général sur ces moissons 2022 : « elles ne s'annoncent pas très bonnes, ni en quantité, ni en qualité. Heureusement que les prix sont devenus très attractifs. Mais encore faut-il que nous soyons payés à ces tarifs annoncés, j'émets de gros doutes... À un moment ou un autre, les consommateurs ne pourront plus payer avec toutes ces augmentations. De notre côté, nous sommes plombés par les charges et l'année prochaine s'annonce très difficile. J'ai déjà pris la décision d'augmenter d'environ 20% mes surfaces en pois, soja et orge de printemps pour limiter ma consommation et mes frais en azote ». Alain Carion ne pense pas semer davantage de blé : « c'est sans doute l'une des cultures les plus rentables mais je ne tiens pas à retomber dans certaines dérives, notamment en désherbage. Comme beaucoup de monde, j'avais simplifié l'assolement ces dernières années mais au final, nous avons sali nos champs avec la répétition des mêmes matières actives. C'est la raison pour laquelle, j'ai notamment remis de l'orge printemps, du maïs, du pois hiver et même un peu de luzerne. Je tiens à continuer dans ce sens ».