Formations laitières
Ne dites plus Enil, mais Enilea

Séverine Vivot
-

Depuis le 1er janvier, les écoles d’industrie laitière de Mamirolle, dans le Doubs et de Poligny, dans le Jura, ont fusionné. Elles ont donné naissance à l’École nationale de l’innovation, des laboratoires, de l’eau et de l’alimentation (Enilea).

Ne dites plus Enil, mais Enilea
Au centre, Jean-Baptiste Cattin, président du conseil d'administration d'Enilea, en compagnie de Samuel Bitsch, le directeur, et de Jean-Michel Bouly, vice-président, issu de l'industrie laitière.

La gestation aura duré cinq ans. Le bébé est né le 1er janvier dernier. Les parents (l’Enil de Mamirolle, dans le Doubs et l’Enil de Poligny, dans le Jura) sont âgés respectivement de 135 et 134 ans. Le nouveau-né remplacera désormais ses parents. Pour guider l’ensemble des apprenants vers la réussite, un conseil d’administration d’une trentaine de personnes se réunira quatre fois par an. Ce conseil d’administration comprend trois collèges : les membres du personnel de l’établissement, les apprenants et leurs parents. Le second collège comprend les institutions (Conseil régional, préfecture, ministère…) et le troisième est celui des organisations professionnelles. Le conseil d’administration est présidé par Jean-Baptiste Cattin, éleveur à Chapelle-d’Huin, dans le Doubs, et élu dans cette fonction le 9 janvier. Le processus de fusion des deux Enil a connu plusieurs étapes : les CA des écoles de Mamirolle et Poligny s’étaient réunis en mars 2023 pour signer l’approbation de la fusion. Mais le long travail institutionnel et préparatoire a débuté en 2018. Le siège de l’Enilea est fixé à Poligny. Dotée d’un budget de 9 millions d’euros, la nouvelle entité, dont la direction a été confiée à Samuel Bitsch, compte 550 apprenants en formation initiale sur les deux sites et 900 personnes de passage en formation continue. Les équipes comprennent une centaine d’enseignants et autant de personnels administratifs.

Une coopération de longue date

« Depuis trente ans, les deux établissements travaillaient ensemble, explique le directeur de l’Enilea, des questions liées à l’équilibre des territoires, au lieu du siège de l’école ou encore à son nom constituaient une équation à résoudre pour finaliser le rapprochement ». Les difficultés de recrutement des entreprises et l’évolution des métiers auront favorisé la fusion. Pour le directeur, la mutualisation des moyens ne signifie pas une réduction de ceux-ci : « au contraire, l’étoffement des formations nécessitera sans doute de nouvelles compétences ». L’Enilea se caractérise en tout cas par une représentation renforcée des organisations professionnelles dans son conseil d’administration. Jean-Baptiste Cattin, qui est aussi vice-président de la Fédération régionale des coopératives laitières (FRCL) du massif jurassien, attend de la fusion plus de pertinence dans les réponses apportées aux attentes des acteurs de la filière. Il y voit aussi un investissement pour l’avenir : « nos ateliers de transformation ont des besoins en main-d’œuvre qualifiée avec de multiples compétences. L’Enilea formera un vivier essentiel pour le renouvellement des générations et la formation de profils que nous attendons, y compris en fruitières ». Depuis plusieurs années, la FRCL s’est emparée de la question de la qualité de l’eau. Investir très en amont de la filière, à l’endroit même où l’on forme les futurs acteurs des ateliers est une stratégie sur laquelle elle a décidé de s’engager.