Gestion 1/2
« Je ne regrette rien »

Chloé Monget
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Cela fait trois ans que Jean-Marc Bertrand, 39 ans, est adhérent au contrôle de performances bovins et aujourd'hui il voit l'évolution. Ce choix découle d'une longue liste de changements opérés dans l'exploitation.

« Je ne regrette rien »
Jean-Marc poursuit l'amélioration de son exploitation pour se simplifier la tâche et prévoit de faire des ajustements dans ce bâtiment : élargissement du couloir afin d'effectuer un paillage mécanique.

Installé en 2007, Jean-Marc Bertrand (exploitant à la Folie à Sainte-Colombe-des-Bois) a procédé à de nombreux changements pour son exploitation. Le dernier en date est l’adhésion du cheptel bovin au contrôle de performances en 2021. « Aujourd’hui, je constate les évolutions drastiques en peu de temps sur mon cheptel bovin » pointe Jean-Marc.

Pour comprendre cette évolution, il faut revenir en arrière… « J’ai repris l’exploitation familiale en 2007, à la sortie de mes études. À l’époque, l’exploitation avait une quarantaine de Charolaises (non inscrites), 220 ha de culture et un salarié. Quand je suis arrivé, j’ai repris 35 ha en plus, et j’ai créé une troupe de Romane (environ 50 têtes). Mon but était de monter à 400 brebis. Dès le départ, et afin de caler les rations, j’ai adhéré, pour le cheptel de brebis, au contrôle de performances. Afin d’améliorer mes revenus à l’hectare, j’ai remis quelques terres à potentiels limités en prairies temporaires (luzerne notamment). En 2014, j’ai repris 20 ha, pour arriver à la tête d’environ 300 ha au total. Durant ces années, le contrôle de performances m’a permis de faire évoluer mon troupeau tant sur le phénotype que sur la génétique. Ainsi, depuis 2017, je suis sélectionneur ; c’est une fierté ». En 2019, tout bascule pour Jean-Marc : « On peut dire que j’ai fait un burn-out. J’en avais marre de travailler nuit et jour, pour ne pas gagner ma vie et pour ne pas voir ma famille. J’allais très mal, mais je ne voulais pas perdre tout ce que j’avais construit jusque-là ».

Remise à plat

Il décide alors de repenser tout son système : « Il fallait tout changer car je ne croyais plus à la culture en zone intermédiaire – je n’y crois toujours pas d’ailleurs. J’ai donc cédé la moitié de ma structure. Le reste de ma surface a été semé majoritairement en herbe. J’ai simplement conservé 40 ha pour ma paille et mes céréales d’autoconsommation. Comme financièrement la structure n’allait pas bien du tout, le salarié a été licencié – cela faisait 26 ans qu’il travaillait là, donc avec l’ancienneté son salaire ne pouvait malheureusement plus être supporté par la ferme ». Une fois ces changements effectués, il en ressent les effets : « je me suis dégagé du temps. Par exemple, avant, les parcelles les plus éloignées se trouvaient à 9 km. À l’époque, je ne comptais pas le temps passé dans la voiture ou le tracteur. Mais, aujourd’hui, avec une parcelle la plus éloignée à 4 km, je vois la différence : je parcours 10 000 km en moins / an ; un gain de temps indéniable. Rien que cela m’a redonné goût à l’agriculture, car je pouvais enfin allier vie de famille et travail ; je ne regrette rien ». Son emploi du temps annuel s’est donc modifié : « Le mois de mai à juin est moins stressant. De même que du mois d’août à octobre puisque je n’ai plus de semis et je n’ai plus à préparer la terre. Ce temps retrouvé m’a permis de remonter la pente et de m’intéresser à de nouveaux pans de mon exploitation et plus particulièrement tout ce qui concernait les bovins ».

Note : Retrouvez la suite de l’histoire de Jean-Marc dans un prochain numéro de Terres de Bourgogne.