Point sanitaire

Entre normalité et attentions

Après un point d’évolution du cheptel fait avec la Chambre d’agriculture de la Nièvre, voici un focus sur la situation sanitaire pour les vêlages de cette année. « Nous n’avons pas de retour particulier des vétérinaires, pour le moment. Les indicateurs pour cette campagne ne sont donc pas défavorables » assure Rodolphe Morizot, directeur du GDS 58, avant d’ajouter : « Cela étant, les mois de janvier/février ne sont pas les périodes les plus propices aux épidémies, et encore moins cette année avec les températures négatives que nous avons eues ». Malgré tout, il insiste sur la prudence à avoir pour la suite de la campagne.

Pas de relâchement

Pour lui, le créneau le plus à risques pour la propagation des germes est à la fin des vêlages : « au moment où les bâtiments sont les plus chargés, où il y a un peu plus de fumier et où les températures remontent avec des écarts importants de chaleur entre le jour et la nuit ». Il poursuit : « Après deux années de sécheresse et des stocks de fourrages qui peuvent être justes pour terminer la saison hivernale, j’insiste sur l’importance des apports nutritionnels notamment en minéraux ainsi que la gestion du parasitisme pour les cheptels. En effet, il est nécessaire de les préparer au mieux pour que leurs systèmes immunitaires soient les plus forts possible au moment des lâchés – instant où les maladies et autres épidémies peuvent avoir de lourdes conséquences sur les animaux un peu faibles. J’ai conscience que ces apports ne sont pas toujours évidents à assurer surtout en fin d’hiver, mais c’est un pan indispensable pour passer des mois plus sereins après la mise à l’herbe au vu des pathologies plus ou moins en dormance pour le moment ». Parmi celles-ci, il évoque la maladie hémorragique épizootique (MHE) et la fièvre catarrhale ovine - sérotype 8 (FCO 8).

MHE et FCO 8

Il rappelle que pour la MHE, la zone de contamination est « proche » et que la FCO 8 « est détectée dans les départements voisins ». Il détaille : « La MHE est une maladie vectorielle dont la propagation ralentit durant les périodes froides. De ce fait, il est normal que sa propagation se soit freinée ces dernières semaines ». Il martèle : « pour la MHE, il n’y a pas de vaccin et je doute fort que le travail effectué pour en trouver un aboutisse rapidement. Il faut donc partir du principe que pour la campagne 2024 et 2025 nous n’en aurons pas. Pour la FCO 8, le recours à la vaccination est encore envisageable pour les éleveurs qui auront retenu cette option. Face à cela, le seul autre levier pour préserver les élevages est d’avoir des animaux en excellentes conditions au moment des lâchés ». Il conclut : « le seul avantage que nous avons par rapport aux éleveurs du Sud-Ouest qui ont été touchés de plein fouet par la MHE en 2023, est qu’aujourd’hui un protocole d’export existe ; permettant de ne pas stopper complètement les échanges commerciaux. Cela étant, ce protocole requiert énormément de temps et des investissements (notamment pour les dépistages). L’avenir n’est pas forcément rassurant, donc autant mettre toutes les chances de notre côté pour éviter la propagation des germes ».