Déconstruire les stéréotypes pour l'insertion

C'est en dernière année de BTS ACSE qu'Albane Guyault décide de se lancer dans un projet de sensibilisation envers ces camarades et futurs agriculteurs. « Je voulais proposer quelque chose de différent, et vu que je suis quand même assez féministe, j'ai donc voulu intégrer cette dimension-là dans le milieu agricole », explique la jeune femme. Soutenue par sa professeure, Aurélie Girard, Albane Guyault propose donc une après-midi intitulée « Femme et Agriculture : Déconstruire les stéréotypes pour l'insertion » où la pièce de théâtre « Les Simones » réalisée par la compagnie « Va Savoir Pourquoi ? » viendra questionner les élèves sur les inégalités que les femmes peuvent subir au quotidien. « On a parlé des inégalités, des agressions que les femmes pouvaient subir, ainsi que la manière dont la société formatait le corps de la femme. C'était sur le trait de l'humour », détaille-t-elle. Sensibiliser les jeunes par l'humour, mais pas que… « Pendant le spectacle, il se rendait compte de ce que pouvaient vivre les filles, mais les comédiennes ont également rajouté un petit quiz pour chiffrer ces inégalités. C'est aberrant la différent. Beaucoup ne le savaient pas », ajoute Albane Guyault.
Après un spectacle divertissant et percutant, c'est Anne Leca, présidente de VoxDemeter, l'association féministe dans le monde agricole qui a pris la parole pour aborder la question des inégalités salariales. « Elle en a profité pour redonner des chiffres mais cette fois-ci sur la représentation des femmes dans le monde agricole, une très petite représentation. Anne Leca a souhaité directement s'adresser aux femmes présentes dans la salle pour leur dire de prendre la parole, de témoigner. Pour imager ces chiffres, elle a également donné des témoignages de jeunes femmes qui ont réalisé des stages et qui se sont pris des réflexions sexistes par leur maître de stage », raconte-t-elle.

Une belle revanche

Une situation que les femmes peuvent vivre dès le plus jeune âge, puisque, Albane, est la première concernée. « Je suis tombée sur un agriculteur qui m'a rabaissé parce que je faisais des tâches ingrates, il me demandait de porter des choses très lourdes et il m'engueulait quand je n'y arrivais pas ou quand je n'allais pas assez vite », témoigne la jeune agricultrice.
À l'initiative du projet et accompagnée par deux camarades de sa classe, Albane raconte avec beaucoup de fierté, la réussite du projet. « Il y a beaucoup de choses que les élèves ont découvertes, mais également des choses dont ils avaient déjà entendu parler. J'appréhendais les retours des classes, mais finalement ça s'est bien passé. De ce qu'ont entendu les professeurs qui n'étaient pas là, ils auraient aimé venir ». À travers ce qu'elle a déjà subi, Albane avait l'ambition de pouvoir sensibiliser même avant que ses camarades puissent s'installer, pour que peut-être les mentalités changent. « L'important c'est de leur faire comprendre que théoriquement nous sommes censés avoir le même salaire, mais dans les faits ce n'est pas le cas », conclut-elle.