Série emploi
« On ne comprend pas »

Chloé Monget
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Le Gaec Rolin (Vitry-Laché), recherche deux employés. Une situation devenue compliquée à gérer au fil du temps, car personne ne postule.

« On ne comprend pas »
Noël et Julien Rolin voudraient embaucher deux personnes en CDI pour travailler sur leur exploitation (190 vêlages, 830 ha dont 550 SAU et 80 ha en Bio).

Les trois associés du Gaec Rolin (Bernadette, 60 ans, Noël, 38 ans et Julien, 35 ans) sont unanimes : « on ne comprend pas l’absence totale de candidatures face à nos offres d’emploi ». « Nous recherchons un salarié agricole à mi-temps en CDI et un à temps plein en CDI également » souligne Bernadette avant d’ajouter « nous recherchons depuis un an environ mais nous n’avons aucune réponse ». Face à cela, Julien pointe : « nous avons posté des annonces via Pôle emploi, la Chambre d’agriculture, Facebook ou encore le Bon Coin… et nous les relançons régulièrement pour qu’elles remontent dans les fils de recherches, mais rien n’y fait ».

Conséquences

Pour Noël, cette situation devient « désespérante » car « on ne sait plus quoi faire pour trouver des salariés. De plus, l’exploitation devient compliquée à gérer à trois. Nous devons donc prioriser nos activités ce qui engendre un délaissement de certaines tâches comme l’entretien des cours ou encore du matériel. Nous avons également dû vendre des broutards plus tôt que d’habitude pour avoir du temps pour les vêlages. Ce n’est pas comme cela que nous voulons gérer notre exploitation, mais nous n’avons pas le choix ».

Conscience

De son côté, Julien a conscience des éléments pouvant rebuter les candidats : « C’est un travail difficile qui demande d’être polyvalent et de savoir s’adapter aux conditions climatiques. Je comprends que tout cela peut en refroidir quelques-uns. Mais, d’un autre côté, c’est un métier passionnant où on ne fait jamais la même chose et les salaires sont assez attractifs puisque l’on est au-dessus du SMIC ». Il rajoute : « Actuellement, nous avons un salarié, Jean-Claude, qui fait 30 km tous les jours pour venir ici, car il aime son boulot ; ce qui prouve que les gens qui ont envie de travailler existent encore ».

Profils recherchés

Si les deux personnes que le Gaec recherche doivent avoir le permis B, les associés sont prêts à accueillir quiconque : « pourvu que la motivation soit là ainsi que l’envie d’apprendre ». Julien précise : « nous pouvons embaucher des hors cadres sans problème car nous ne sommes pas fermés à l’idée de former ces deux personnes, même si cela nous demande du temps supplémentaire par rapport à quelqu’un de confirmé ».

Une situation commune

« Nous ne sommes pas seuls à avoir un manque de main-d’œuvre. Nous sommes environ 30 agriculteurs sur la commune et presque tous recherchent à embaucher, mais, comme nous, ne trouve pas ». Selon lui, ce problème d’embauche devrait être pris à bras-le-corps par l’état : « On prône un territoire zéro chômeur, mais on ne fait rien pour que les domaines qui recrutent puissent trouver de la main-d’œuvre salariale. Les charges sociales devraient être aussi revues à la baisse, car nous préférerions que l’employé ait un salaire plus important plutôt que de donner environ 1 000 euros en charges. C’est un devoir de l’État de s’engager dans ce combat qu’est le recrutement en milieu agricole, car à notre niveau, nous n’avons plus de solutions ». Pour toute candidature auprès du Gaec Rolin : 07 85 97 05 08 (Julien Rolin).

 

Un métier qui recrute

Selon une étude réalisée par l’Observatoire Pole Emploi Bourgogne-Franche-Comté, de janvier 2021 à décembre 2021, le nombre d’offres d’emploi enregistrées sur Pôle emploi pour la Nièvre est de 142 pour l’agriculture, sylviculture et pêche (catégories confondues) avec une hausse de 61 % sur 1 an contre 16 % au niveau de la Bourgogne-Franche-Comté. Toujours selon l’enquête, les viticulteurs, arboriculteurs salariés ou cueilleurs arrivent en seconde place des métiers les plus recherchés par les employeurs, en 2021 ; agriculteurs salariés ou encore ouvriers agricoles arrivent en 9e place après les aides à domiciles et les ouvriers non qualifiés en métallerie, serrurerie ou montage. Pour en savoir plus : http://observatoire-poleemploi-bfc.fr/fichiers/regards/regards_dpt_58.pdf

Manque d'envie

Julien Rolin souligne que pendant près de 10 ans, le Gaec a accueilli des apprentis. Mais, depuis quelques années, plus aucune demande d’apprentissage ne leur parvient : « il y a un désengagement des jeunes pour nos métiers, alors que l’agriculture à tout à offrir. Il faut juste avoir envie de travailler avec une certaine conscience professionnelle ».

 

Diffuser son offre

L’association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (ANEFA) propose aux employeurs de diffuser gratuitement leurs offres sur le site : www.lagriculture-recrute.org

L’ANEFA leur transmet ensuite les CVs des postulants. Renseignements auprès de l’ANEFA Nièvre : 03 86 93 40 93.