Épicerie-bar de Charrin
Un succès inattendu

Chloé Monget
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Sylvie Niaulat, 50 ans, ne s’attendait pas à autant d’affluence en reprenant l’épicerie-bar de Charrin et en la transformant en bar-restaurant-épicerie. Depuis le 23 avril, sa boutique ne désemplit pas.

 

Un succès inattendu
Même si son anglais est un peu loin, Sylvie explique : « on finit toujours par se comprendre avec des gestes ».

« J’ai en moyenne 150 personnes qui passent le pas de la porte chaque jour ! » s’exclame Sylvie Niaulat, 50 ans, repreneuse du bar-épicerie de Charrin. Ancienne fonctionnaire dans la restauration collective durant 15 ans, Sylvie a fait le pari fou de rouvrir cette échoppe, le 23 avril dernier, au centre du village pour y renouer avec son premier amour : la cuisine.

Avec ses grands yeux verts, Sylvie explique simplement qu’elle a toujours aimé cuisiner pour son côté convivial. « Il n’y a rien de mieux que de se retrouver autour d’un bon plat ». Soutenue par son époux (Christophe, 53 ans) et sa fille (Léa, 20 ans), cette « hyperactive », comme elle se définit, se positionne sur la reprise de l’épicerie-bar de Charrin après deux ans de fermeture. Un choix qu’elle ne regrette absolument pas, même si l’alliance entre vie personnelle et professionnelle est dure – à cause d’une affluence de clients importante.

Projet du cœur

« J’ai toujours eu envie d’avoir mon restaurant à moi, d’être ma propre patronne et de mener les choses comme je l’entends » détaille-t-elle. « C’est ainsi que j’ai décidé de quitter mon poste de fonctionnaire pour me lancer dans cette aventure ». Si Sylvie voulait son restaurant, elle était consciente d’une chose : « on ne pouvait pas rester sur l’offre qui existait avant, c’est-à-dire un bar, un dépôt de pain et une petite épicerie. Il fallait aller plus loin et surtout proposer de la qualité ! ». En partant de ce principe, elle conjugue ainsi un bar, un restaurant, une épicerie, des plats à emporter et un coin couture. Le « Petit monde de Sylvie » était donc né.

Denrées de qualité

Pour l’approvisionnement, elle choisit de se rapprocher des producteurs locaux : « c’est dommage d’être entourée de personnes offrant des produits de grande qualité et de ne pas faire appel à eux ». Pour le porc, elle se fournit chez Karine Léon (Les cochonnailles de Karine à Charrin – voir TDB n° 1690), pour le bœuf auprès de l’élevage Renier (à Charrin, voir TDB n°1688), pour les légumes auprès des Jardins Charrinois (Charrin), pour les fromages de vaches auprès du Gaec Compot (Beaumont-Sardolles), pour les fromages de chèvre auprès du Gaec de la Baravelle (Azy-le-Vif) et pour le miel auprès de Nadine Cotet (située à Verneuil). Karine Léon souligne d’ailleurs : « Sylvie propose mes produits transformés dans son épicerie, ce qui est très pratique puisqu’elle est ouverte tous les jours alors que moi, pour la vente à la ferme, je ne suis ouverte que le samedi. Cela permet d’avoir une visibilité supplémentaire pour ma production et de travailler en bonne intelligence avec ses voisins commerçants ». En ce qui concerne les fruits, Sylvie recherche encore un producteur local, mais n’a pour le moment pas trouvé. Enfin, elle s’approvisionne à l’Intermarché de Decize, où sa fille travaille, pour les produits divers - « ils me font des paniers que je récupère toutes les semaines ».

Clientèle variée

Placée juste en face de la véloroute, Sylvie assure que « c’est en grande partie grâce à cela qu’il y a toujours du mouvement dans ma boutique, même si les locaux sont là aussi tous les jours ! Mais, je ne m’attendais pas du tout à autant d’affluence et certains jours nous ne pouvons pas fermer aux horaires prévus car il y a trop de monde. Mais je ne vais pas me plaindre » sourit-elle. Cet engouement, Sylvie l’apprécie et en rit : « Je n’ai pas été la seule à être surprise, puisque même ma banquière a été interloquée par les mouvements sur le compte de l’entreprise, à tel point qu’elle m’a rendu visite pour se rendre compte de ce qui se passait. Ma comptable également était très étonnée de tout cela ! ». Elle insiste sur un point : « je suis seule aux commandes, mais mon époux, et ma fille viennent régulièrement me donner un coup de main sur leurs temps libre. Parfois, sans eux, je ne pourrais pas assurer toutes les demandes ». Pour l’avenir, elle envisage éventuellement d’embaucher un saisonnier : « soit un petit jeune qui a envie de travailler, soit un récent retraité qui souhaite avoir un complément », mais rien n’est décidé jusqu’à présent. Consciente que l’affluence de l’été peut être éphémère, elle commence à réfléchir à l’hiver : « Je me prépare en me disant que cela va fortement ralentir, donc j’envisage d’organiser des soirées pour combler le manque. Nous verrons bien ce qu’il se passera, le tout est de rester prudent avec la trésorerie ».

Voir venir

Très réfléchie et prévoyante, elle a opté, pour les locaux, pour un bail précaire d’un an, renouvelable : « comme cela si le chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous, je ne suis pas prise à la gorge avec un bail plus long. Il faut penser à tout, et surtout au pire, quand on se lance dans une aventure pareille. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu un investissement financier au départ – de ma poche puisque je n’ai eu aucune aide – et qu’il ne faut pas se mettre en difficulté inutile ». Elle précise tout de même que le Crédit Agricole va lui transmettre un chèque de soutien prochainement : « je n’ai pas encore le montant, mais qu’importe, l’important est le soutien qui est d’ailleurs le bienvenu ! ». Face à cette aventure qu’elle définit comme « une réussite – pour l’instant », elle conclut : « je ne regrette absolument pas mon choix. Mais, il faut avoir bien conscience que cela demande du courage et de l’engagement. Sans ces deux ingrédients, je pense que rien n’aurait été possible ».

Note : Le petit monde de Sylvie (18 rue de l’Église à Charrin) est ouvert le mardi, mercredi, vendredi et samedi de 7 h 30 à 13 h 30 et de 16 h 30 à 19 heures Le lundi et jeudi de 7 h 30 à 13 h 30 et le dimanche de 7 h 30 à 13 heures – fermé l’après-midi pour ces jours-là. Renseignement : 06 26 90 80 62.