Dans la Nièvre et l'Yonne
Marc Fesneau s'est penché sur le risque de désert vétérinaire

Berty Robert
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Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a poursuivi son passage en Bourgogne-Franche-Comté, le 3 avril, en direction de la Nièvre, après la Côte-d’Or. Le risque de désertification vétérinaire était au cœur de cette visite, au même titre que la résilience économique des exploitations.

Marc Fesneau s'est penché sur le risque de désert vétérinaire
Le ministre Marc Fesneau, en compagnie de Romaric Gobillot qui lui a fait visiter son exploitation, située sur le secteur concerné par l'Appel à manifestation d'intérêt (AMI) porté par cinq communautés de communes de la Nièvre et de l'Yonne, et destiné à lutter contre le risque de désertification vétérinaire.

En ce 3 avril, les charolaises de Romaric Gobillot faisaient preuve d’une belle vitalité, alors que le cortège ministériel visitait leur stabulation. L’éleveur nivernais d’Asnois, dans le nord-est du département, faisait découvrir son exploitation au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et la bonne santé des animaux était au centre des discussions. Ce secteur de la Nièvre, avec une partie de l’Yonne, est engagé dans l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur le maillage vétérinaire lancé en 2022 par l’Ordre des vétérinaires et financé par le ministère. Pour Romaric Gobillot, la crainte est réelle, à terme de ne plus avoir de vétérinaire aussi disponible que nécessaire : « la situation est encore plus grave dans l’Yonne voisine, précisait l’éleveur, et on ne souhaite pas en arriver là ! Ce que je constate c’est qu’historiquement, lorsque vous appeliez le vétérinaire, 15 minutes après, il était là. Aujourd’hui, les délais s’allongent, dans certains cabinets, l’activité canine prend le pas sur celle liée aux animaux d’élevage ».

Initiative de terrain

Marc Fesneau n’a pas caché sur cet AMI, signe d’une prise d’initiative émanant du terrain, pour faire émerger des solutions en lien avec les réalités des territoires. Dans le prolongement de la visite de l’exploitation d’Asnois, Marc Fesneau s’est rendu à Donzy pour visiter le cabinet vétérinaire Donzy & Co’sne. Une structure qui emploie une dizaine de vétérinaires et cet aspect est important : « Pour parvenir à attirer des praticiens, il faut proposer une structure collective, expliquaient ses représentants. S’installer seul en milieu rural, c’est de plus en plus rare… » Lors de la table-ronde qui a suivi, des représentants de la Chambre d’agriculture de l’Yonne sont revenus sur l’AMI et ont présenté le résultat de leur travail d’enquête mené auprès des agriculteurs, des vétérinaires et des étudiants. Marc Fesneau en a conclu qu’en l’espèce, il n’y a pas de solution unique : « nous travaillons à l’élaboration d’une boîte à outils et des initiatives comme celle menée ici nous y aide. Ne pas avoir suffisamment de vétérinaires c’est mettre en danger la santé et l’économie des filières agroalimentaires. Le maintien d’un maillage vétérinaire au sein des territoires passera par un travail collaboratif entre tous les acteurs locaux concernés : vétérinaires, éleveurs, collectivités et services de l’État ». Le constat a aussi été fait que les organisations agricoles et les vétérinaires travaillaient finalement assez peu ensemble, hormis dans le cadre des GDS. L’initiative niverno-icaunaise n’en prenait donc que plus de relief. La volonté affichée de renforcer le maillage vétérinaire rural passait enfin par une dernière proposition : contractualiser avec des vétérinaires pour qu’ils assurent leurs missions mais, qu’en contrepartie, les éleveurs se fournissent en médicament auprès d’eux.

De la résilience...

Il fut aussi question des capacités de résilience des exploitations agricoles, face aux aléas climatiques. Pour le ministre, le recours au photovoltaïsme sur l’exploitation de Romaric Gobillot en était une illustration. L’agriculteur songe à développer une production agrivoltaïque sur des parcelles au potentiel agronomique devenu très faible. Dans ce contexte, il faut parvenir à maximiser les pousses de printemps afin d’accumuler le maximum de ressources fourragères. « Il faut obtenir des moyens au niveau de la recherche publique dans ce domaine, soulignait Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, auprès du ministre, parce que nous travaillons aujourd’hui en nous basant sur des modèles de recherches fourragères des années quatre-vingt. La situation a évolué, il faut adapter les recherches et ne pas s’appuyer uniquement sur de la recherche privée qui s’intéresse peu à des zones économiquement moins attractives pour elle ». Le président de Chambre d’agriculture France, Sébastien Windsor, présent lors de la visite, insistait sur la nécessité de capitaliser à l’échelle nationale sur les résultats obtenus dans ce domaine par les Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE).