L'importance de la référence locale

Fin mars, une rencontre était organisée par la Chambre d'agriculture de la Nièvre (CA 58), en partenariat avec les deux GDA, afin de faire le point sur les essais menés autour des colzas robustes, à Billy-sur-Oisy, avec un focus sur les leviers agronomiques permettant d'améliorer la résilience et les performances.

« Le colza est une des cultures principales dans le département et il est important de créer différentes références locales afin de trouver des leviers pour réussir cette culture », soulignait Yoann Marin, conseiller grandes cultures à la CA 58. « Pour être les plus pertinents possibles, les essais présentaient un module avec différentes variétés, un module ciblé sur la densité de semis, un autre sur les biostimulants, un sur la fertilisation et un dernier sur la culture associée de colza et plantes compagnes (mélange lentille fenugrec, trèfle Alexandrie) ». Avant de se rendre sur la plateforme d'essais, les échanges débutèrent par un point sanitaire, notamment sur la mycosphaerella, puis un point désherbage. « Jusqu'à présent cette maladie était peu présente dans le département, mais elle s’est manifestée dans plusieurs parcelles l’an passé », indiquait Yoann Marin. « Terres Inovia n'a pas forcément de références pour notre région mais dispose tout de même de données pour la Loire-Atlantique, où cette maladie est un peu plus rencontrée. Grâce à ces éléments, nous savons que les pluies fréquentes lui profitent. Quelques semaines avant la visite, certains agriculteurs se posaient la question de l’intérêt d’un traitement précoce. Les quelques essais de l’institut technique ne montrent pas ou peu de gains de rendement. Il est donc préférable de ne pas généraliser de tels passages et d’attendre plus de références pour voir ce qu’il en est. Il vaut mieux éviter des interventions fongicides ou régulateur non nécessaire en reprise de végétation, qui peuvent même avoir des effets dépréciatifs pour le colza ». Les discussions se sont poursuivies sur la gestion des graminées dans les parcelles de colza. Yoann Marin détaille : « Pour le désherbage, les conditions climatiques lors des applications peuvent impacter les efficacités. Cela dépend aussi des matières actives et des incorporations ou non avant semis. Il y a également des doses de matières actives à ne pas dépasser pour les parcelles proches des zones de captages, notamment pour le métazachlore ou le diméthachlore ». Un rappel aussi sur la réglementation PAR 7 en vigueur dans les zones vulnérables a été abordé. Il poursuit : « Avec des conditions climatiques très changeantes d'un jour à l'autre et d'une année sur l'autre, la gestion des graminées va devenir de plus en plus compliquée. Elle est donc à réfléchir de plus en plus au sein de la rotation ».

Point variétal

Après ces explications, l'assemblée d'une quarantaine d'exploitants s'est rendue sur la plateforme d'essais montée dans le cadre du projet Agrotech’Innov. En entrée d'hiver, les biomasses les plus élevées (au moins 1 500 g/m2) sont notées pour les variétés Herera, LG Avenger, KWS Feliciano, RGT Ceos et Arianos. En sortie d'hiver, sur le module fertilisation, la biomasse la plus élevée est relevée sur la modalité ayant reçu un apport de 30 uN en septembre. En sortie d'hiver, un léger effet positif est obtenu vis-à-vis des ports buissonnants (dégâts d’insectes) avec une fertilisation soit à l'implantation (30 uN ou 30 uP) soit en début de végétation (30 uN à 4-6 feuilles). D'ailleurs, une notation réalisée début mars 2025 permet de classer les pourcentages des ports buissonnants, avec moins de 5 % pour Helypse, LG Avenger, Generoso, KWS Feliciano, RGT Kanzzas ; de 10 à 15 % pour KWS MIKADOS, Hemotion, Bessito, Herera, BRV 714, RGT 23-1 ; de 20 à 25 % : BRV 723, Arianos ; et enfin plus de 30 % : RGT Ceos, Lid Invicto, LD Adapt. Il est à noter des grands écarts du poids par pied en sortie d'hiver avec plus de 80 g/pieds pour BRV 723, RGT23-1, LG Avenger et Bessito. Cédric Zambotto conclut : « Les notations sont à considérer comme des tendances. Il ne transparaît pas dans nos essais ou ceux de l’institut de classement clair des variétés face aux dégâts d’insectes. À la limite une petite tendance de quelques variétés qui reprennent bien en sortie d’hiver à montrer moins de dégâts, mais il faut voir ensuite ce que donne le potentiel de rendement… Donc ce qui ressort, c’est l’importance de coupler les différents leviers à disposition, de ne pas assécher son sol l’été avant semis et surtout la réactivité de semis en août face aux prévisions de pluies ».